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Quelle était la raison du génocide rwandais ? Pour les classes dirigeantes rwandaises ? Et pour l’impérialisme français ?

15 avril 2014, 18:10, par RP

Eh bien, le Rwanda a lui aussi connu sa révolution, un an avant, en 1990. Ce n’avait rien d’une révolte des Hutus contre les Tutsis, ni des Tutsis contre les Hutus. Non, Hutus et Tutsis étaient ensemble dans les rues de la capitale Kigali pour hurler leur haine du pouvoir dictatorial et corrompu de Habyarymana et de sa clique. La dictature avait longtemps été crainte car elle ne craignait pas d’éliminer ses opposants, d’arrêter et de torturer. Mais, pendant un an et demi, le peuple travailleur est descendu dans la rue et la dictature est devenue très craintive face à la moitié de la population du pays déferlant dans la capitale, conspuant les militaires et le pouvoir. La réponse, comme en Algérie et dans toute l’Afrique, celle conseillée par Mitterrand en chef de la françafrique : faire le dos rond, autoriser le mutipartisme, faire appel aux opposants au pouvoir, prétendre mettre en place la démocratie, puis, dès que les illusions ont ramené un peu de calme, préparer des bains de sang préventifs pour éviter que, la deuxième fois, la révolution soit radicale et prenne le pouvoir. Et c’est l’Etat français qui a aidé à la formation militaire des milices fascistes rwandaise dans les camps militaires français au Rwanda. C’est elle qui les a financé et armé. C’est elle qui imprimé les passeports où, pour la première fois dans ce pays, étaient inscrits les mentions ethniques : hutu et tutsi, indispensables puisqu’il ne s’agit justement pas d’ethnies et qu’il y a des couples mixtes et, du coup, on ne reconnait pas un hutu d’un tutsi.

C’est la France de Mitterrand qui a acheté massivement les machettes du génocide. C’est la France qui a mis en place, dans son ambassade à Kigali, le gouvernement génocidaire. C’est elle qui l’a défendu au plan international. C’est qui, après la défaite de ce régime, a protégé ses assassins, leur a permis de se réfugier en république du Congo. Et c’est encore elle qui, là-bas, les a armés et financés pour y défendre ses intérêts, ce qui était l’un des objectifs de la France en s’implantant politiquement au Rwanda, cette porte du riche Congo, pays de toutes les ressources minières.

La « démocratie » française a bel et bien aidé les classes dirigeantes rwandaises à se débarrasser des réformistes qu’elle avait amené au pouvoir depuis les manifestations massives de 1990, dont la premier ministre elle-même.

La leçon du Rwanda, il n’y a pas que les peuples d’Afrique qui ne l’aient pas tiré. Ce sont les peuples du monde qui en ont besoin et l’ignorent : les classes dirigeantes qui présentent la face riante d’une relative démocratie peuvent, du jour au lendemain à la faveur d’une crise sociale et politique, se transformer en chiens sanglants du fascisme. L’immense majorité des français ne croit pas son Etat capable de tels crimes et elle se trompe lourdement. Et il est indispensable, face à la crise actuelle qui frappe mondialement l’ensemble du système, de le savoir : les classes dirigeantes voient à nouveau dans le prolétariat une menace mortelle. Elles savent qu’elles vont faire chuter massivement le niveau de vie des peuples, casser le consensus qu’elles avaient elles-mêmes établi, détruire leur belle entente avec les syndicats, dégrader massivement le mode de vie de toute la population. Du coup, il leur est nécessaire de lever de nouvelles troupes fascistes et de susciter, pour cela, de nouvelles haines entre les parties du peuple travailleur.

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