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Quelle était la raison du génocide rwandais ? Pour les classes dirigeantes rwandaises ? Et pour l’impérialisme français ?

16 avril 2014, 20:15

La « présence physique de militaires français au Rwanda », mercenaires ou non, aux côtés des génocidaires, est attestée par des témoignages de plus en plus nombreux.

Ainsi celui de l’ancien chauffeur du colonel Bagosora, « cerveau » du génocide, qui dit avoir vu, le 24 avril 1994, deux militaires français avec deux soldats des FAR et quatre miliciens Interahamwe. Les deux Français contrôlaient les cartes d’identité et « triaient » les Tutsi, livrés ensuite aux miliciens qui les tuaient. Si ce témoignage recueilli par Cécile Grenier est fiable, il s’agit d’une participation directe au génocide.

Georges Ruggiu, l’animateur de la Radio des Mille Collines, affirme quant à lui avoir vu à Kigali, puis à Gisenyi, quatre militaires français arrivés autour du 16 avril 1994 et repartis le 21 mai. Soldats réguliers ou mercenaires ? Ruggiu ne le dit pas, mais il décrit ces militaires comme circulant deux par deux, la plupart du temps avec le général Bizimungu, chef d’état-major de FAR, et avec le général Kabiligi, dans des véhicules camouflés avec forte escorte.

Paul Barril a été aperçu à maintes reprises au Rwanda avant et pendant le génocide, à la tête d’un groupe de mercenaires.

Il est temps de l’interroger sérieusement sur ce qu’il sait de l’attentat du 6 avril 1994, et l’on peut raisonnablement penser que les juges Trévidic et Poux vont s’en charger bientôt. Mais au-delà, Barril a entraîné des soldats rwandais pendant le génocide. Le 28 mai 1994, il a signé un contrat d’assistance avec le Premier ministre du GIR pour deux millions de cartouches et des milliers de grenades, utilisées dans la guerre contre le FPR, mais également pour commettre le génocide.

L’ancien gendarme de l’Elysée a bel et bien joué un rôle crucial dans l’implication française au Rwanda. Il est, selon Patrick de Saint-Exupéry, « le pivot d’une toile d’araignée entre l’Elysée de Mitterrand et les extrémistes qui commettront le génocide » et ce, bien avant 1994. Au point qu’en 1993, un des plus hauts gradés de l’armée française demande à François Mitterrand : « L’ancien capitaine Barril est-il­ chargé officiellement ou officieusement d’une mission [au Rwanda] ? » Mitterrand lui répond que Barril n’est mandaté par personne (Complices de l’inavouable, p.282).

Pourtant, Barril travaillait depuis 1989 pour la sécurité du Président Habyarimana... après avoir assuré celle de François Mitterrand au début des années 80. Peut-on alors croire que Barril est un mercenaire qui travaille pour son propre compte ? N’est-il pas plutôt un « corsaire de la République », avec lettres de marque signées des plus hautes autorités ? Est-ce pour cela qu’il est intervenu en permanence dans l’enquête sur l’attentat du 6 avril 1994 ? Est-ce la raison pour laquelle les parlementaires qui réalisaient la Mission d’information de 1998 n’ont jamais pu l’entendre ? [1]

Si les autorités françaises ont suivi une stratégie indirecte de soutien aux génocidaires aussi longtemps qu’elles l’ont pu, elles ont dû pour finir intervenir directement face à la débâcle militaire de leurs protégés : c’est l’opération Turquoise.

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