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Quelle était la raison du génocide rwandais ? Pour les classes dirigeantes rwandaises ? Et pour l’impérialisme français ?

3 mai 2014, 16:49

« Nous allons lui envoyer des bidasses, au petit père Habyarimana. Nous allons le tirer d’affaire. En tous cas, cette histoire sera terminée en deux ou trois mois. » Propos de Jean-Christophe Mitterrand relaté par Gérard Prunier dans Rwanda : le génocide.

« Non, ne pas retirer nos troupes, m’en parler. » Ordre signé François Mitterrand à la demande du Général Christian Quesnot de retrait des troupes françaises du Rwanda en 1991. Cité par Gabriel Périès et David Servenay dans Une Guerre noire, p.194.

Peu après l’attentat contre l’avion d’Habyarimana, le 06.04.1994, François Mitterrand déclare à Hubert Védrine « Cela va être terrible ». « Il n’a rien ajouté d’autre, précise aujourd’hui Hubert Védrine, mais je connaissais le raisonnement derrière. Depuis 1990, Mitterrand était convaincu que ce serait un massacre général. Jamais les Hutu ne laisseraient les Tutsi revenir au pouvoir comme ça. Attention, il ne faut pas refaire l’histoire à l’envers. Personne n’avait anticipé le génocide mais.Mais Mitterrand avait la hantise des massacres importants » Hubert Védrine cité par David Servenay et Gabriel Périès, ibid, p. 246.

Après les révélations d’anciens génocidaires repentis, après les révélations de journalistes ou d’ONG (dont Survie et Human Rights Watch) ou de la Commission d’enquête citoyenne organisée à Paris (CEC) et de Thierry Prungnaud, ancien sous-officier du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) affirmant sur France Culture que des militaires français avaient été expressément envoyés au Rwanda avant le génocide pour entraîner les milices extrémistes du « petit père » Habyarimana (« ami » de François Mitterrand dans la digne tradition françafricaine vichyste et gaullienne pétrie d’impérialisme colonial), c’est au tour d’un officier belge de faire des révélations. Pour rappel, Thierry Prungnaud avait révélé avoir participé à l’entraînement de la garde présidentielle (du « petit père ») qui s’illustra de manière active durant le génocide. Il s’agissait dans le cadre d’un partenariat spécifique avec la gendarmerie française de former et d’encadrer la garde présidentielle (G.P). Pendant plus d’un an, officiellement de novembre 1991 à février 1993, deux officiers du GIGN et un officier du Groupe spécial de la Présidence de la République (GSPR) ont formé la GP. Ils forment le DAMI-Garde présidentiel. Mais l’ex sous-officier du GIGN a révélé avoir vu aussi des soldats français entraîner les Interahamwe - milice extrémiste hutu bras armé du génocide en 1994 et qui officiait à l’époque comme un véritable escadron de la mort - dans des camps rwandais avant le génocide.

Selon Walter Ballis, un ex-officier belge de la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (Minuar), témoignant devant la commission d’enquête rwandaise à Kigali sur l’implication française dans le génocide de 1994, des soldats français ont entraîné les milices extrémistes jusqu’au début de 1994 après le départ officiel du contingent militaire français du Rwanda en 1993. Il fait état notamment de la présence de membres du DAMI (détachement d’assistance militaire et d’instruction de l’armée française).

« Notre cellule des renseignement faisait état des camps d’entraînement où des instructeurs français apprenaient aux Interahamwe des éléments de combat et de la guerre [.] Au cours des briefings journaliers, (la cellule) signalait la présence des gens du DAMI. Nous n’étions pas autorisés à les arrêter ou même à leur demander ce qu’ils faisaient à Kigali [.] ». Selon cet ex-officier, des soldats français sont restés au Rwanda déguisés en civils alors que leur contingent avait officiellement quitté le pays, en décembre 1993. « Ils ont continué à faire ce qu’ils faisaient avant ». (AFP 25.04.07 Génocide, un ex-officier belge accuse des soldats français d’avoir entraîné des miliciens extrémistes ).

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