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Seule la révolution mondiale pouvait triompher

10 octobre 2009, 16:42, par Robert Paris

Tout bourgeois digne de ce nom pense que c’est la nature elle-même qui l’a destiné à dominer, à commander, à chevaucher les échines des masses laborieuses, tandis que l’ouvrier vit, jour après jour, sous le joug, et que son horizon demeure étroit ; il a bu avec le lait maternel ses préjugés d’esclave, et croit que gouverner l’Etat, prendre le pouvoir est bien au-delà de ses possibilités, qu’il n’a pas été conçu pour cela, qu’il est fait d’une substance trop pauvre.

Mais regardez, voici que les ouvriers et les paysans de Russie ont fait le premier pas – un bon pas, un pas ferme, encore que ce ne soit qu’un premier pas, pour en finir avec les classes possédantes, dans leur propre pays aussi bien que dans les autres pays. Ils ont démontré que les masses travailleuses sont faites de la même étoffe que tout le monde, et qu’elles veulent tenir tout le pouvoir dans leurs mains et gouverner tout le pays. Bien entendu, lorsque la bourgeoisie a vu qu’en prenant le pouvoir nous étions absolument sérieux, que ce que nous voulions faire, c’était réellement détruire la domination du capital et mettre à sa place la domination du travail, sa haine pour nous s’est prodigieusement enflée. Au début, les classes possédantes, les exploiteurs ont cru qu’il ne s’agissait que d’un malentendu temporaire, que c’était seulement une vague isolée de la révolution qui nous avait donné une puissante impulsion, et nous avait élevés, comme par accident, que les travailleurs ne s’étaient emparés du pouvoir que pour un moment, et que tout cela serait terminé dans une semaine ou deux, ou trois. Mais un peu plus tard, ils commencèrent à réaliser que les travailleurs se tenaient fermement à leurs nouveaux postes et que, tout en disant que les temps étaient durs, que des épreuves encore plus grandes les attendaient, de plus grandes ruines, une famine encore plus intense, cependant, une fois qu’ils avaient pris le pouvoir, ils ne le laisseraient jamais échapper de leurs mains. Jamais !

La bourgeoisie de tous les pays commença alors à s’apercevoir qu’une terrible infection s’étendait, venant de l’Est, de la Russie. En effet, une fois que l’ouvrier russe, le plus ignorant, le plus surexploité, le plus harassé de tous a saisi le pouvoir entre ses mains, ceux des autres pays doivent nécessairement se dire tôt ou tard : si les ouvriers russes, qui sont de loin plus pauvres, plus faibles, moins bien organisés que nous, peuvent saisir le pouvoir dans leurs mains, alors si nous, les ouvriers avancés du monde entier, prenons le bâton russe, renversons notre propre bourgeoisie, et organisons toute l’industrie, alors en vérité nous serons invincibles, et nous créerons une république universelle du travail.

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