Camarade Trotsky, en lisant votre lettre, en réfléchissant sur son contenu, je me suis rappelé du même coup la première occasion que j’ai eue de m’intéresser sérieusement à votre oeuvre : c’était dans un long compte rendu de votre Histoire (de la révolution russe, N.D.T.) publié dans le numéro de juillet 1932 de The Symposium. J’ai relu ce compte rendu -ce que je n’avais pas fait depuis de nombreuses années. Là encore, je me suis aperçu que j’avais été contraint de discuter d’abord de votre style de votre merveilleux style, qu’en fait j’ai très longuement analysé. Et je me suis rendu compte, plus clairement qu’à un autre moment, de ce qui est, à mes yeux, une importante vérité : que vous avez une conception trop littéraire de la preuve, de la démonstration ; que vous vous abusez vous-même en considérant une rhétorique pleine de persuasion comme une démonstration logique, une métaphore brillante comme un argument. Là réside, selon moi, l’essence du mystère de la dialectique tel qu’il apparaît dans vos livres et vos articles pour vous, la dialectique est un procédé stylistique -les épithètes contrastés, le rythme aisé, les paradoxes verbaux qui caractérisent votre façon d’écrire.
Camarade Trotsky, je ne rivaliserai pas en métaphores avec vous. Dans un tel tournoi verbal, je vous concède d’avance la palme. Démonstration, argument, preuve : telles sont mes seules armes.
Camarade Trotsky, en lisant votre lettre, en réfléchissant sur son contenu, je me suis rappelé du même coup la première occasion que j’ai eue de m’intéresser sérieusement à votre oeuvre : c’était dans un long compte rendu de votre Histoire (de la révolution russe, N.D.T.) publié dans le numéro de juillet 1932 de The Symposium. J’ai relu ce compte rendu -ce que je n’avais pas fait depuis de nombreuses années. Là encore, je me suis aperçu que j’avais été contraint de discuter d’abord de votre style de votre merveilleux style, qu’en fait j’ai très longuement analysé. Et je me suis rendu compte, plus clairement qu’à un autre moment, de ce qui est, à mes yeux, une importante vérité : que vous avez une conception trop littéraire de la preuve, de la démonstration ; que vous vous abusez vous-même en considérant une rhétorique pleine de persuasion comme une démonstration logique, une métaphore brillante comme un argument. Là réside, selon moi, l’essence du mystère de la dialectique tel qu’il apparaît dans vos livres et vos articles pour vous, la dialectique est un procédé stylistique -les épithètes contrastés, le rythme aisé, les paradoxes verbaux qui caractérisent votre façon d’écrire.
Camarade Trotsky, je ne rivaliserai pas en métaphores avec vous. Dans un tel tournoi verbal, je vous concède d’avance la palme. Démonstration, argument, preuve : telles sont mes seules armes.