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Neurosciences et psychanalyse

2 décembre 2009, 21:27, par MOSHE

5) Conscience et Inconscient. La recherche neuroscientifique rencontre là un problème majeur. Dans l’exemple de la vision, les différentes caractéristiques sensorielles du stimulus sont traitées par des aires distinctes et sont connectées avec des assemblées de neurones autres que celles de la perception. Les souvenirs sont convoqués pour que les sensations soient reconnues. Jusque là, on peut parler de "conscience" chez les animaux, lesquels mémorisent des signes dénotatifs qu’ils utilisent ensuite pour interpréter les signes nouveaux. Mais la dépendance de la perception humaine au langage et à la relation à autrui ne permet pas de l’assimiler à la perception animale. Les perceptions humaines doivent être validées par la parole de l’Autre et un jugement de valeur leur est attribué. (1) Ce qui qualifie la conscience humaine n’est pas tant l’attention, comme chez l’animal, que la réflexivité discursive. Réflexivité qui est la fonction majeure du néocortex préfrontal (30% de la masse néocorticale). Ce dernier << traduit dans une dimension organique la fonction d’intégration psychique du narcissisme, c’est-à-dire la subjectivation du moi réflexif.>> Ces aires associatives préfrontales jouent un rôle essentiel dans la finalité des comportements, l’affectivité et la structuration temporelle. Nombre de chercheurs emploient d’ailleurs à son sujet le terme de "miroir". Chez l’humain, c’est toutefois la réflexivité des phrases et le rapport affectif au semblable qui conditionnent la conscience. L’humain << se voit dans les phrases comme il peut le faire dans le miroir.>> Le "je" ne pouvant naître qu’en se séparant de l’objet primordial, qu’en "trahissant" la mère, la conscience humaine est d’emblée aussi conscience morale. L’excès de plaisir est rejeté et << nos perceptions sont aussitôt assorties d’un jugement [si primitif soit-il]:ceci est bon, mauvais, beau, laid, bien, mal,etc... On ne peut, dans cette perspective, séparer Conscience et Inconscient. Sur ce dernier terme, il faut prendre garde aux malentendus. Au sens psychanalytique, l’inconscient n’est ni le préconscient, ni le pilotage automatique, ni l’inconscient cognitif de F.Varéla ou de Lechevalier, ni la mémoire procédurale, ni la mémoire implicite. Il n’est en aucune façon superposable à ces diverses acceptions de l’inconscient des cognitivistes. Mais - et c’est là un point très important souligné par Gérard Pommier - il ne peut pas non plus être assimilé à un stock de souvenirs oubliés ou à un réservoir de pulsions animales contenues. Pas de psychologie des profondeurs mais un fonctionnement "en ultraplat" de l’inconscient dans le conscient. Un événement peut rester inconscient alors qu’il est remémoré tous les jours (comme par exemple certaines scènes traumatiques).(2) Cela n’est pas aussi étrange que l’on pourrait le penser a priori si on saisit qu’un souvenir est inconscient << lorsque son sujet ne parvient pas à en prendre la mesure... l’inconscience n’est pas un lieu ou une substance. C’est d’abord l’absence de subjectivation de certaines représentations qui par ailleurs restent mémorisables et perceptibles.>> Ce qui reste inconscient, résume G.Pommier, c’est ce qui n’a pas de sujet. Pourquoi conscient et inconscient vont-ils de concert ? Parce que le premier rejette le principe de contradiction qui, justement, caractérise le second. L’exemple est ici donné du commandement biblique "Aime ton prochain comme toi-même". Phrase consciente dont l’énoncé (la conscience) ne montre aucune contradiction alors que l’impératif laisse percer la partie inconsciente (refoulée) : "aime ton prochain comme toi-même, toi qui le déteste." Et cette haine (non dite mais impliquée par le commandement lui-même) est autant dirigée vers le prochain que vers la part rejetée de nous-même. La majorité des neurobiologistes reconnaissent qu’on ne peut localiser la conscience. Celle-ci résulte d’une disparité d’excitation entre plusieurs aires du cerveau, variables selon les événements. << Toute tâche consciente implique l’activation ou la désactivation d’aires cérébrales dispersées >> disent Edelman et Tononi. Il en est de même du refoulement qui nécessite la connexion entre hémisphère dominant (du langage) et hémisphère dominé (pulsionnel).

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