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Quoi de neuf dans la lutte des cheminots ?

3 mai 2010, 15:10, par marek et lucien

Premier bilan de la Grève

Dans les différentes AG qui se sont tenues ces derniers jours, la CGT a appelé à la reprise du travail. Elle met en avant la faiblesse de la mobilisation locale ou nationale. La véritable raison, c’est qu’elle a obtenu ce qu’elle réclamait depuis le début : des négociations.
Ce qui compte pour la CGT, ce n’est pas de construire un rapport de force pour faire reculer la direction de la SNCF sur la casse du Fret, les suppressions de postes dans tous les services et sur les augmentations de salaires. La seule chose qui l’intéressait, comme en 2007 sur les retraites, c’est d’être conviée à des négociations avec le tous le résultat que nous connaissons tous : la casse de notre régime de retraite.
La CGT et la tactique de fractionnement des luttes ouvrières.
C’est pour cette raison que la CGT a manœuvré pour saucissonner dès le début la grève en déposant des préavis différents pour les catégories de travailleurs de la SNCF. Elle a tout fait pour que nous nous battions séparément. Aucune revendication commune n’était mise en avant pour que nous puissions nous battre tous ensemble.
La CGT sait que se retrouver, se compter et se battre ensemble ne peuvent que renforcer la détermination de ceux qui luttent. De cela, elle n’en voulait surtout pas. Dans toutes les régions, des AG communes se sont rarement tenues. A aucun moment les grévistes n’ont étés appelés à manifester ensemble comme en 1995. Diviser les grévistes par catégories, par régions,… facilite non seulement le contrôle de la grève par la bureaucratie syndicale mais permet aussi de faire reprendre le travail plus facilement aux grévistes qui n’ont aucun lien entre eux.
Le moment choisi pour déclencher le mouvement, c’est à dire le 06 avril, n’est pas non plus anodin. Il montre que la CGT n’avait pas envie d’un mouvement puissant. Le 23 mars, nous étions entre 30 et 40 % à être en grève même si beaucoup d’entre nous pensaient que 24h00 n’étaient pas suffisantes pour repousser l’ensemble des attaques que nous subissons.
Sa tactique a fonctionné. Le 7 avril nous étions à peine 15% à nous mettre en grève à l’échelle nationale. Au plus fort du mouvement, nous n’étions que 5000, bien que le mécontentement n’était pas moindre que pour celle du 23 mars ; mais cela a été suffisant pour décourager les plus hésitants à se mettre en grève. C’est aussi pour cette raison qu’elle a évité de parler des retraites qui auraient pu cristalliser le mécontentement et pas seulement celui des travailleurs à la SNCF.
Toute la difficulté pour la CGT était là. Manœuvrer pour obtenir les négociations désirées en déclenchant une grève à la SNCF tout en s’assurant que celle-ci ne puisse pas être un point de ralliement comme en 1995 pour tous les autres travailleurs qui subissent comme nous les mêmes attaques. De l’Hôpital à l’Education Nationale en passant par le Privé, l’ensemble de la classe ouvrière est confronté aux mêmes problèmes : licenciements, suppressions de postes, fermetures de services, de dépôts, de triages, retraites, santé... Au lieu d’unifier les rangs ouvriers, la CGT divise et fractionne. Elle combat d’avance toute extension possible de la grève.
Aussi une fois obtenue la table ronde du 21 et la promesse d’être conviée à des négociations à tous les niveaux de l’entreprise, la CGT a appelé à reprendre le travail alors que la direction de la SNCF n’a pris aucun engagement sur le gel des attaques.
SUD et le prétexte de l’unité syndicale pour suivre la CGT
Ceux qui voulaient se battre ne pouvaient pas non plus compter sur Sud-Rail pour construire la grève et combattre le saucissonnage pratiqué par la CGT. Malgré un préavis reconductible pour tous les services, Sud-Rail a collé à la politique de la CGT, d’un bout à l’autre de la grève, au nom de l’unité syndicale. Sa préoccupation principale était de ne pas rester sur la touche. Si des négociations s’ouvraient, Sud voulait, au même titre que la CGT, pouvoir y être convié. Pour cela, Sud-Rail a participé au mouvement sans avoir cherché, à aucun moment, à remettre en cause le cadre fixé par la CGT en ce qui concerne les moyens et les objectifs du mouvement. Elle ne proposait rien d’autre que de suivre la CGT.
Travailleurs, sauvons-nous nous mêmes !
Encore une fois, nous avons la preuve que si nous voulons nous défendre contre la privatisation, les suppressions de postes, les attaques sur les retraites, les bas salaires… nous ne pourrons compter que sur nous-mêmes. Nous ne pouvons vraiment pas nous appuyer sur ces stratèges de la défaite qui font tout pour que nous nous ne nous battions pas ensemble. Pour les travailleurs des hôpitaux, il y a eu entre le 19 et le 30 mars quatre préavis de grève. Ce sont les mêmes qui ont décommandé la grève générale des raffineries alors que la fermeture de Dunkerque n’était pas abandonnée. Là aussi les syndicats avaient crié victoire car ils avaient obtenu des négociations.
Celles et ceux qui veulent vraiment se battre et imposer un recul à la direction de la SNCF et au gouvernement doivent s’atteler à construire l’unité, à la base, de la lutte de tous les travailleurs.
Si nous voulons nous défendre, cela commence par bâtir un réseau de comités de lutte. C’est la première tâche des militants conscients de la classe ouvrière. Sans ces comités à la base, se fédérant, élisant des délégués, les travailleurs se retrouveraient démunis si la lutte prend de l’ampleur.
Nous devrons être capable d’entrainer à notre suite les travailleurs du public comme du privé mais aussi les paysans, les pêcheurs et les petits artisans…
Dans cette période de crise, croire que nous pourrions nous battre seul et nous en sortir alors que toute la société s’enfonce dans la misère est illusoire. Le corporatisme est un poison qui nous divise et nous affaiblit. Notre force c’est notre unité à la base quelque soit notre service, notre entreprise, notre nationalité.
Nous sommes une seule et même classe à laquelle patronat et gouvernement mènent la guerre sociale. Et c’est en tant que classe, celle des travailleurs, que nous devons nous défendre.

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