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25 juin 2015, 18:41, par Robert Paris
Lyonel Trouillot aux « humanitaires » qui occupent Haïti –
Adieu l’ami :
Ma lettre sera brève : je veux que tu t’en ailles.
Avec tes ONG,
tes uniformes,
ta bonne et ta mauvaise conscience,
tes experts et tes apprentis,
tes lettres de mission et tes prises de risque,
ton étrange art de vivre
qui pleure sur moi le matin en concluant que ton aide est nécessaire à ma survie
et fait la fête le soir à the view, au quartier latin…
Tu sais, je suis venu à fond de cale, j’ai survécu.
On m’a inventé des dettes que j’ai payées, j’ai survécu.
On a assassiné mes frères : Péralte, Alexis, beaucoup d’autres.
J’ai salué leur légende et pleuré leur absence, et j’ai survécu.
La terre a tremblé et la ville s’est couchée sur moi.
Sous des tentes et des hangars, j’ai survécu.
A force de me regarder survivre, tu as conclu à l’extrême gentillesse d’un troupeau de moutons qui ne se fâche jamais et bêle à tout venant.
Tu t’es trompé, mon frère. Même un mouton pelé a droit à la colère.
Aujourd’hui mon vœu est que tu m’aimes moins, ou assez pour partir.
Il sera tant pour toi de revenir.
En ami.
Quand j’aurai retrouvé le droit de décider d’un Noël à ma convenance.
Et des couleurs du nouvel an.
Reviens-moi en ami et nous ferons la fête.
Lyonel Trouillot
Le Nouvelliste, 3-4 décembre 2011
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Lyonel Trouillot aux « humanitaires » qui occupent Haïti –
Adieu l’ami :
Ma lettre sera brève : je veux que tu t’en ailles.
Avec tes ONG,
tes uniformes,
ta bonne et ta mauvaise conscience,
tes experts et tes apprentis,
tes lettres de mission et tes prises de risque,
ton étrange art de vivre
qui pleure sur moi le matin en concluant que ton aide est nécessaire à ma survie
et fait la fête le soir à the view, au quartier latin…
Tu sais, je suis venu à fond de cale, j’ai survécu.
On m’a inventé des dettes que j’ai payées, j’ai survécu.
On a assassiné mes frères : Péralte, Alexis, beaucoup d’autres.
J’ai salué leur légende et pleuré leur absence, et j’ai survécu.
La terre a tremblé et la ville s’est couchée sur moi.
Sous des tentes et des hangars, j’ai survécu.
A force de me regarder survivre, tu as conclu à l’extrême gentillesse d’un troupeau de moutons qui ne se fâche jamais et bêle à tout venant.
Tu t’es trompé, mon frère. Même un mouton pelé a droit à la colère.
Aujourd’hui mon vœu est que tu m’aimes moins, ou assez pour partir.
Il sera tant pour toi de revenir.
En ami.
Quand j’aurai retrouvé le droit de décider d’un Noël à ma convenance.
Et des couleurs du nouvel an.
Reviens-moi en ami et nous ferons la fête.
Lyonel Trouillot
Le Nouvelliste, 3-4 décembre 2011