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Tunisie : la révolution est finie ou elle ne fait que commencer ?

22 janvier 2011, 11:06, par MAx

LA REVOLUTION TUNISIENNE A COMMENCE
ALORS QUE LA BOURGEOISIE TUNISIENNE MANŒUVRE POUR CONSERVER LE POUVOIR
LE PROLETARIAT, LES MASSES TUNISIENNES DOIVENT ORGANISER LEURS CONSEILS ET REVENDIQUER LA DIRECTION DU PAYS

La fuite de Ben Ali, une première victoire pour les masses

La fuite précipitée du dictateur Ben Ali le 14 janvier est une victoire pour les masses tunisiennes qui ont, à partir du 17 décembre, affronté courageusement plusieurs fois les balles de la police qui a fait plusieurs dizaines de morts parmi les manifestants.
Loin d’écouter tous ceux qui prêchaient la modération et le dialogue avec la dictature honnie, les masses tunisiennes ont au contraire très rapidement mis au premier plan de leurs exigences la fin de la dictature. Faisant preuve d’une grande maturité politique, elles n’ont pas cru un mot des promesses du dictateur faites précipitamment le 13 janvier ni suivi ceux qui ont prétendu alors que le compte était bon. Au contraire, le 14 janvier, les masses ont déferlé avec une puissance encore inégalée, malgré la répression policière. Pressé d’un coté par la rue, Ben Ali s’est vu prié de l’autre coté par l’armée, restée sur la réserve, de quitter le pouvoir.

Aux conséquences historiques

L’onde de choc de la révolution tunisienne, empruntant les méthodes de la lutte de classes et emportant cette première victoire va secouer tout tous les pays du Maghreb, du Moyen-Orient et au-delà, ouvrant une autre perspective politique pour les masses que la poursuite des dictatures, ou l’islamisme politique, ou le mélange des deux. « Tremblez, dictateurs arabes » proclamait une pancarte aperçue dans une manifestation appelée en France le 15 janvier en soutien aux peuples tunisiens et algériens. L’inquiétude des principales puissances impérialistes, au premier rang desquelles se place l’impérialisme français, sur les conséquences que peut avoir, en Tunisie-même comme internationalement, le développement de la révolution tunisienne, est palpable à chaque instant. Après avoir soutenu la dictature de Ben Ali pendant plus de 20 ans, et jusqu’à la dernière minute pour le gouvernement français, les impérialistes se disposent pour préserver leurs intérêts et écarter la menace révolutionnaire, en collaboration étroite avec les tenants du régime encore en place.

Toutes les forces de la bourgeoisie se disposent pour préserver l’Etat et stopper la révolution

En effet, si Ben Ali a du s’enfuir, le système Ben Ali, l’Etat Ben Ali ne sont pas démantelés. Même si certains sont en fuite, tortionnaires et profiteurs n’ont pas disparu comme par enchantement ! Et surtout l’appareil politique de la dictature manœuvre aujourd’hui pour sauver l’essentiel du régime, les privilèges et l’impunité pour le plus grand nombre. Tandis que pendant la nuit, des bandes armées du régime tentent de terroriser la population et organisent pillages et saccages, les caciques du régime dont les carrières s’identifient à la dictature, les Mohammed Ghannouchi, 1er Ministre, membre du BP du parti de la dictature, le RCD, les Fouad Mebazaa, Président de la chambre des députés élus sous la dictature, lui aussi membre du BP du RCD, organisent au grand jour les consultations pour constituer un gouvernement d’union nationale. Les chefs de l’armée, qui n’a pas été associée à la répression menée par la police, ont jugé quant à eux, pour maintenir l’Etat bourgeois en place dans cette crise révolutionnaire ouverte, que non seulement Ben Ali devait partir, mais aussi qu’un certain ménage pour éliminer les éléments les plus voyants de la dictature devait être fait. Mais cela n’en fait pas pour autant des alliés de la révolution. Rappelons que Ben Ali est lui-même un ancien général et que des officiers supérieurs ont également occupé des fonctions ministérielles sous la dictature.

En installant un gouvernement d’union nationale associant partisans du régime et opposants

L’union nationale entre qui et qui ? Entre d’une part les tenants du régime et d’autre part ceux qui, qualifiés déjà « d’opposition en carton-pâte » par les masses, acceptent de se prêter à cette mascarade. Comment croire un seul instant qu’un tel gouvernement rassemblant des assassins ou leurs complices et quelques faire-valoir « démocratiques » puisse et veuille avancer d’un seul pas dans le sens des revendications des masses ? L’impérialisme français, principal et ultime soutien du dictateur Ben Ali, appuie aujourd’hui cette manœuvre, en déclarant : "La France prend acte de la transition constitutionnelle annoncée par le premier ministre Ghannouchi. Seul le dialogue peut apporter une solution démocratique et durable à la crise actuelle. La France se tient aux côtés du peuple tunisien dans cette période décisive." Pour Sarkozy en effet comme pour les partisans du régime de Ben Ali, la répression directe n’étant plus possible, le dialogue entre les principaux responsables de la dictature et de soi-disant représentants des masses est le meilleur moyen d’enterrer la révolution tunisienne. A juste titre, le Parti Communiste des ouvriers de Tunisie, qui n’y a d’ailleurs pas été invité, a dénoncé cette opération consistant à conserver le système Ben Ali sans Ben Ali. Mais les masses tunisiennes ne peuvent accepter qu’un parti ouvrier, comme le parti Ettajdid, l’ex Parti Communiste, qu’une organisation syndicale comme l’UGTT ou démocratique se réclamant de la défense des masses tunisiennes envoie des représentants participer à cette sordide cuisine trahissant leur combat et leurs volontés, alors que les tenants de l’ancien régime tiennent 8 ministères clés.

Que veut le prolétariat, la jeunesse, que veulent les masses tunisiennes :
Sans en dresser une liste exhaustive, on peut citer :

 Le démantèlement complet de l’Etat et du système Ben Ali / Trabelsi
 L’arrestation et le jugement en Tunisie des tortionnaires, suppôts du régime, corrompus et profiteurs de la dictature
 La dissolution complète de la police et de tous les organes répressifs de la dictature
 La libération, l’amnistie et les réparations pour tous les détenus politiques de la dictature
 Toutes les libertés politiques, syndicales et individuelles
 L’expropriation des fortunes construites sur les prébendes de la dictature, l’expropriation des entreprises accaparées grâce aux privatisations par les clans mafieux du régime, le rapatriement de leurs avoirs à l’étranger
 Des salaires décents pour tous, la réintégration des travailleurs licenciés
 La remise sur pied de l’activité économique avec l’objectif de donner du travail à tous et selon les qualifications, le contrôle des prix etc. ce qui ne pourra se faire sans une réorganisation totale de la production en fonction des besoins de la société toute entière et non plus du profit de quelques uns.

Comment y parvenir ?

A l’évidence, la satisfaction de ces revendications politiques et économiques implique une rupture totale avec le système de la dictature qui a mis le pays en coupe réglée. Ce n’est certainement pas le chemin que va prendre le gouvernement d’union nationale constitué pour confisquer la victoire aux masses et conserver tout le pouvoir aux mains de la bourgeoisie. Le prolétariat, la jeunesse, les masses tunisiennes ne peuvent donc compter que sur leurs propres forces, en écartant du chemin tous ceux qui prétendent parler en leurs noms, mais collaborent avec les plus fidèles partisans de Ben Ali. La force du prolétariat, de la jeunesse et des masses tunisiennes est considérable, ultra-majoritaire dans la société, pour peu qu’elle soit organisée. Mais dans quelle direction aller ?

 D’abord, fédérer les comités de vigilance qui se sont spontanément constitués pour protéger les quartiers des exactions des milices du régime,
 constituer des comités de villes avec des délégués de chaque comité,
 constituer des comités d’usines, d’universités etc. sur le même modèle,
 appeler à la constitution de comités de soldats indépendants de la hiérarchie militaire,
 rassembler toutes ces forces au plan national dans un conseil central des délégués de tous les comités sur le programme des revendications définies par les masses tunisiennes elles-mêmes.
 La constitution d’un gouvernement des travailleurs formé à partir de ces comités et appuyé sur eux pour appliquer résolument le programme voulu par les masses devient alors un objectif immédiat.

Pour la construction d’un Parti Ouvrier Révolutionnaire en Tunisie, pour l’Internationale ouvrière révolutionnaire

Pour surmonter les obstacles, déjouer les manœuvres organisées par la bourgeoisie avec la complicité de ses alliés dans le mouvement ouvrier, le prolétariat et la jeunesse ont besoin de construire un Parti Ouvrier Révolutionnaire qui se fixe clairement l’objectif du renverser la bourgeoisie, de constituer un gouvernement des travailleurs s’attaquant résolument au capitalisme, responsable de la misère, moteur des dictatures en Tunisie comme dans beaucoup d’autres pays. Tous ceux qui sont d’accord avec ces objectifs doivent se regrouper et s’organiser pour constituer la force indispensable à la victoire de la révolution tunisienne.

En France, de nombreux travailleurs, en particulier d’origine maghrébine, ont manifesté leur soutien à cette révolution, lors des journées organisées par certains partis et syndicats ouvriers Mais il est de la responsabilité des organisations ouvrières françaises, pour montrer véritablement leur soutien à cette mobilisation, de rompre avec le gouvernement Sarkozy, principal appui de la dictature Ben Ali. Elles doivent soutenir cette révolution en appelant le peuple tunisien à prendre le pouvoir et dénoncer tout gouvernement d’union nationale en Tunisie.

VIVE LA LUTTE REVOLUTIONNAIRE DU PROLETARIAT, DE LA JEUNESSE ET DES MASSES TUNISIENNES

tract commun du Comité Communiste Internationaliste (Trotskyste) et du Groupe Révoltes sur la Tunisie en date de 18/01/2011

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