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Le "socialiste" Proudhon contre les femmes

14 septembre 2021, 08:42, par F. Kletz

Proudhon contre les femmes ? Oui, mais contre les hommes également, et aussi contre toutes les libertés individuelles, comme toutes les religions.

Ce n’est pas seulement contre les femmes que le texte indiqué par Rose s’exprime. Il s’en prend à toutes les libertés sexuelles et individuelles.

Pourquoi ? Parce qu’il défend la seule famille monogame et s’en prend à toute possibilité d’en sortir, d’avoir amant ou maîtresse et n’imagine même pas une sexualité autre qu’hétérosexuelle. Or, le fait d’avoir amant-s ou maîtresse-s est précisément le fait de la famille monogame et du mariage bourgeois fondé sur la propriété privée des fortunes, des biens et ... des individus.

En défendant la famille monogame religieuse et bourgeoise dans le but de la reproduction, on ne peut que favoriser les oppressions individuelles qui cherchent à s’exprimer en allant chercher un épanouissement personnel ailleurs que dans la prison familiale.

Proudhon exprime clairement la soumission de la femme à l’homme.

Ce faisant, il fait deux esclaves :

=> la femme, directement esclave domestique de l’homme, d’une part, => d’autre part, l’homme, qui de sa posture de maître qui devra tenir cette fonction de maître, même s’il n’en a pas envie.

Proudhon enchaîne ainsi maître et esclave. En conséquence, toute aspiration à une égalité et à une liberté est mise de côté. Même la devise des républicains de 1789, « liberté, égalité, fraternité », est mise de côté. Même si cette devise est inconséquente puisque liée à la propriété privée des moyens de productions, avec le texte de Proudhon, on régresse à l’avant 1789... donc a une forme aménagée du féodalisme.

Le sommet de la défense de la famille bourgeoise inféodant la femme à l’homme chez Proudhon semble bien clairement exprimé ici :

« Comment les femmes seraient-elles nominativement consultées ? Supposer que la femme puisse exprimer dans l’assemblée du peuple un vote contraire à celui de son mari ; c’est les supposer en désaccord et préparer leur divorce. Supposer que la raison de la première puisse balancer celle du second, c’est aller contre le vœu de la nature et dégrader la virilité. Admettre enfin, à l’exercice des fonctions publiques une personne que la nature et la loi conjugale ont pour ainsi dire consacrée à des fonctions purement domestiques, c’est porter atteinte à la pudeur familiale, faire de la femme une personne publique, proclamer de fait la confusion des sexes, la communauté des amours, l’abolition de la famille, l’absolutisme de l’État, la servitude des personnes et l’inféodation des propriétés.

« Voilà comment s’établit la subordination de l’épouse à l’époux dans le mariage. Cette subordination n’a rien du tout d’arbitraire ; ce n’est ni une fiction légale, ni une usurpation de la force, ni une déclaration d’indignité pour le sexe le plus faible, ni une exception commandée par les nécessités de l’ordre domestique et social au droit positif de la femme : elle résulte, cette subordination, de ce fait patent et incontestable, que les attributions viriles embrassent la grande majorité des affaires, tant publiques que domestiques ; elle ne constitue pas, du reste, pour l’homme, au détriment de la femme, la moindre prérogative de bien-être ou d’honneur ; tout au contraire, en lui imposant la charge la plus lourde, elle fait de lui le ministre de la fidélité féminine, de laquelle seule il doit tirer ensuite la sienne.

« Changez, modifiez, ou intervertissez, par un moyen quelconque, ce rapport des sexes, vous détruisez le mariage dans son essence ; d’une société en prédominance de justice vous faites une société en prédominance d’amour ; vous retombez dans le concubinat et la papillonne ; vous pouvez avoir encore des pères et des mères, comme vous avez des amants, mais vous n’aurez plus de famille ; et sans famille, votre constitution politique ne sera plus une fédération d’hommes, de familles et de cités libres, ce sera un communisme théocratique ou pornocratique, la pire des tyrannies. »

Voilà l’anti-communisme bien établi. Dans ce texte, pas de possibilité d’union libre, pas d’autorisation à avoir plusieurs partenaires. Pas de possibilité d’explorer une autre sexualité que la sexualité établie par toutes les religions : une femme et un homme doivent s’unir avec pour seul projet la reproduction. Et cela serait la loi de la nature !

Alors pourquoi avoir besoin d’édifier de telles théories et de tels projets ? si la famille monogame relevait réellement de la loi de la nature, il n’y aurait qu’à laisser faire, et la famille serait alors constituée naturellement. Or, il n’en est rien.

C’est ainsi que de tels charlatans prétendent faire reposer sur la loi de la nature leurs édifications moralistes et doctrinaires. De tels charlatans doctrinaires sont avant tout des combattants de la liberté et de l’épanouissement individuel ! Et leurs attaques, leur haine de la liberté concernent autant les femmes que les hommes.

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