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Aux sources des philosophies matérialistes

27 août 2013, 05:46, par RP

Chârvâka est le nom d’un penseur indien, mais aussi de son système de pensée - aussi connu sous le nom de Lokâyata, de loka, le monde, soit la seule chose qui existe véritablement. On ne connaît pas l’époque de son existence mais il est antérieur au Rig Veda (vers le XIIe siècle av. J.-C.).

Il s’agit d’une philosophie matérialiste, athée et hédoniste, qui réfute la théorie de la transmigration et n’admet que la perception comme moyen de connaissance.

L’une des plus anciennes références au chârvâka se trouve dans le Rig Veda. S’y rapporte aussi le conseil que le brahmane Jâbâli donne à Râma dans le Râmâyana : « Je plains ceux qui, renonçant aux plaisirs du monde, cherchent à acquérir des mérites pour être heureux dans l’Au-delà et se plongent dans une mort qui n’en finit pas ; je ne plains pas les autres… Sois sage, Râma, il n’y a de monde que celui-ci, c’est certain ! Jouis du présent et jette derrière toi ce qui ne te plaît pas. »

Le mouvement chârvâka semble s’être éteint vers le XVe siècle et aucun des textes originaux de cette école - en particulier le Bârhaspatyasûtra, aussi connu sous le nom de Lokâyatasûtra - n’a été préservé, probablement détruits par leurs adversaires brahmanes qui les avaient combattus. Ses principales idées nous sont connues seulement par des fragments cités par ses adversaires hindous et bouddhistes qui en firent la critique dans leurs écrits, parmi lesquels le Chhândogya Upanisad, le Mahâbhârata (Shalya-parva et Shânti-parva), la pièce Prabodhachandrodaya de Krishnamishra, le Sârvadarshanasamgraha (Résumé des conclusions de toutes les doctrines) de Mâdhavâchrya, le Nyâyasûtabhâshya de Pakshilasvâmin Vâtsyâyana, la Nyayakandali de Shrîdhara , la Nyâyamanjarî de Jayanta et le Bhâmati de Vâchaspatimishra.

Selon la philosophie du Chârvâka, toute connaissance dérive des sens, les écrits religieux n’ont aucun sens, du bavardage infantile, et, pour les plus extrêmes d’entre eux, le raisonnement n’est pas une voie de connaissance du monde. Seule la perception importe et ce qui ne peut être perçu n’existe pas, en particulier un autre monde différent de celui offert par les sens. En cela, ils réfutent un concept comme celui de la mâyâ. Les Chârvâkas croient que le monde est composé de quatre éléments : la terre, l’eau, le feu et l’air, et tout ce qui existe dans le monde en est la composition, y compris la conscience, et que la libération est la destruction du corps, la mort étant la fin de tout, matière et conscience. Parmi les quatre buts de la vie décrits par les philosophes hindous, les chârvâkas considèrent que l’artha, l’enrichissement, et le kâma, la satisfaction des passions, sont les deux seuls buts légitimes, rejetant le dharma, le devoir envers l’équilibre du monde, et la moksha, la libération finale de l’âme individuelle.

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