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Planète des sans papiers

11 octobre 2014, 08:14

Du lundi 13 au dimanche 26 octobre 2014, une grande opération
policière à l’échelle européenne va avoir lieu contre les migrant.e.s.
Sous le nom de « opération Mos Maiorum », son objectif est d’arrêter
et de contrôler des centaines de personnes afin de collecter diverses
informations en vue de renforcer leurs politiques contre
l’immigration.

Le nom « Mos Majorum » en dit long sur la philosophie qui sous-tend
cette opération : du latin « mœurs des anciens » ou « coutumes des
ancêtres » Mos Majorum désigne dans la Rome antique le mode de vie et
le système des valeurs ancestrales. Ses cinq fondements sont : – fides
 : fidélité, respect de la parole donnée, loyauté, foi ; – pietas :
piété, dévotion, patriotisme, devoir ; – majestas : sentiment de
supériorité naturelle d’appartenance à un peuple élu ; – virtus :
qualité propre au citoyen romain, courage, activité politique ; –
gravitas : ensemble des règles de conduite du Romain traditionnel,
respect de la tradition, sérieux, dignité, autorité. De quoi plaire
aux fachos et adeptes de théories sur l’invasion.

L’opération Mos Maiorum est conjointement menée par l’Union européenne
(UE), les États membres de l’espace Schengen et les agences
européennes Frontex et Europol.

Frontex (Agence européenne pour la gestion de la coopération
opérationnelle aux frontières extérieures) est une agence européenne
qui depuis octobre 2005 (date de sa première opération) se charge de
mener divers opérations de surveillance et de contrôle aux frontières
extérieures de l’Europe (principalement au Sud et à l’Est). Des moyens
militaires, technologiques et policiers sont mis à sa disposition
(navires, hélicos, radars, détecteurs, etc.) par les États membres de
l’UE et un budget de plusieurs dizaines de millions d’euros chaque
année lui est alloué. C’est le bras armé de la politique migratoire
européenne : Frontex organise le blindage militaire et technologique
des frontières. L’agence intervient aussi en dehors de l’UE,
principalement dans les pays aux frontières extérieurs, pour
externaliser les politiques migratoires européennes. Elle organise
également des vols charters pour les expulsions conjointes entre
plusieurs pays. Des dizaines d’organismes européen et internationaux
travaillent avec Frontex : agences internationales de police et de
justice, organismes de gestion des migrations et des réfugiés, centres
de recherche et de développement en matière de sécurité, etc. (voir
deux textes sur Frontex ici et là, et des cartes sur les opérations
Frontex ici)

Europol c’est l’office de police criminelle intergouvernemental de
l’UE qui coordonne le travail des polices nationales en matière de
terrorisme, trafic de stupéfiant et de criminalité organisée. De plus
en plus Europol participe aux opérations européennes menées contre les
migrant.e.s avec pour objectif affiché de « démanteler les réseaux de
passeurs, de trafiquants et les groupes terroristes », fameux
triptyque “immigrés, trafiquants, terroristes” qui sous-tend toute la
politique européenne dans sa lutte contre l’immigration et qui sert
d’épouvantail pour légitimer ses actions. La situation politique
actuelle en Irak et en Syrie n’en est que plus profitable pour eux.
Une autre opération menée par Europol du 15 au 23 septembre 2014 sous
le nom de « Archimède » (à laquelle Frontex participait) et qui visait
les groupes criminels internationaux a également mené au contrôle de
plus de 10 000 migrant.e.s et aux arrestation de 170 passeurs.

La zone de contrôle va donc s’étendre sur les territoires de 32 pays
(les 28 de l’UE plus 4 non membres de l’UE mais de l’espace Schengen)
ainsi qu’en mer : de la Norvège à l’Espagne, de l’Islande à Chypre, du
Portugal à l’Estonie en passant par la Roumanie. Pour ça pas moins de
18 000 flics et gardes-côtes vont être mobilisés et les coûts de
l’opération seront couverts a posteriori par les États et Frontex.
Les zones de contrôle sont laissées à l’appréciation des participants
et peuvent donc être très larges : les eaux territoriales, les ports
et aéroports, les frontières extérieures et intérieures de l’UE et de
Schengen, les gares et les trains, les autoroutes, les transports en
commun et la rue, les lieux de travail et les administrations, etc.

Chaque contrôle donnera lieu à une procédure recensant : des
informations sur le contrôle (lieu, date, heure, moyen de transport) ;
sur les personnes arrêtées (nationalité, sexe, âge, lieu et date
d’entrée en Europe) ; sur les routes empruntées, les moyens de
transports et la destination finale ; sur les documents en possession,
les démarches administratives entreprises et les paiements de
passeurs. Un bureau de coordination de l’opération va être mis en
place en Italie et chaque procédure lui sera transmise via une adresse
mail (gruppo.frontiere@interno.it). Il semblerait que ce genre
d’opération devrait avoir lieu tous les 6 mois, sous la coordination
du pays qui assure la présidence de l’UE.
En octobre et novembre 2012, une opération similaire avait eu lieu : « 
l’opération Aphrodite » au terme de laquelle 5 298 personnes avait été
arrêtées à travers l’Europe.

C’est à la fois une opération de fichage/recensement puisque des
centaines de personnes vont être contrôlées (avec prise d’empreintes,
inscription sur les fichiers européens, etc.) mais également une sorte
d’enquête à l’échelle Afrique/Asie/Europe pour connaître les nouvelles
routes empruntées par les migrant.e.s, les nouveaux pays de départ et
de passage ce qui va permettre aux pays européens, en collaboration
avec les pays « voisins », de renforcer leur contrôle et de nouveaux
dispositifs.

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