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Il y a cent ans, la première guerre mondiale (1914-1918) démarrait. Oui, mais pour quelle raison ?

15 août 2014, 19:18, par Robert Paris

La question n’est pas bête du tout !

On peut lire dans wikipedia :

 L’entreprise Krupp s’enrichit durant la Première Guerre mondiale en s’imposant comme l’une des principales entreprises du complexe militaro-industriel allemand.

- En 1914, lorsque la guerre éclate, la compagnie Renault se lance dans la production de munitions, d’avions militaires et plus tard dans les tanks avec son Renault FT-17. En 1918, Renault est devenu le premier manufacturier privé de France et il est honoré par les Alliés pour sa contribution à l’effort de guerre.

D’abord les marchands de canons évidemment. Les de Dietrich par exemple. Depuis la fin du XIXe siècle, ils avaient un pied de chaque côté de la frontière profitant ainsi, aussi bien du marché allemand que du marché français. La première guerre mondiale fit exploser leurs profits. Pendant les quatre années de guerre, ils firent plus de bénéfices que lors des seize années précédentes. Et pour faire bonne mesure, on trouvait un de Dietrich député au Reichstag pendant que d’autres de ses enfants étaient dans l’armée française.
L’autre industrie qui gagna énormément dans la guerre, ce fut l’automobile, mais pas toujours en fabriquant des voitures. Toutes les grandes firmes automobiles surent obtenir des marchés juteux de l’État.
En 1915, André Citroën décrochait un contrat pour un million d’obus. Pour les fabriquer, il obtint aussi de l’État, une aide pour la construction d’une usine géante, quai de Javel à Paris. Les obus furent livrés avec plusieurs mois de retard. Un rapport établit que Citroën avait vendu ces obus deux fois plus cher que le prix du marché. Il ne fut jamais publié. En revanche les aides de l’État lui permirent de moderniser et d’introduire le travail à la chaîne dans cette usine tournant principalement avec une main-d’oeuvre féminine sous-payée.
Berliet s’enrichit dans les camions ; Renault avec les tracteurs, les avions, les chars, sans oublier les fameux taxis de la Marne.
Quant aux Peugeot, après avoir prospéré dans différents domaines, comme on l’a vu, ils s’étaient lancés dans l’automobile avant la guerre. L’usine de Sochaux fut fondée en 1912 et produisait déjà 4 000 voitures en 1913. Pendant la guerre, la société Peugeot reçut 26 millions de l’État pour fabriquer des moteurs d’avions de chasse, dont aucun ne sera jamais livré, mais cela lui permit d’agrandir ses installations.
D’autres entreprises profitèrent des commandes de guerre. Dans la chimie, Péchiney fut un des premiers à se consacrer à la production de guerre et à profiter des aides de l’État. Le ministère de l’armement construisit et équipa à son profit une usine à Saint-Auban.
C’est aussi grâce à la guerre que se forgea l’empire Boussac. Marcel Boussac, né en 1889 dans une famille de négociants en tissus, fut mobilisé en 1914 mais trouva immédiatement le moyen de ne pas aller au front et mit la main sur des usines dans les Vosges. Il vendit pour 75 millions de francs de fournitures à l’armée, entre 1914 et 1918 : chemises, caleçons, étuis de masques à gaz. La guerre fit sa fortune. En 1918, il pouvait donc racheter des usines défaillantes et se retrouvait à la tête de 15 000 ouvriers.
Bien souvent les patrons ont grugé l’État et se sont enrichis sur le dos des soldats. La société de moteurs d’avions Gnome et Rhône (future SNECMA) vendit ses pièces à l’armée trois fois leur prix réel. Une grande société de pêcherie, La Morue française, livra aux troupes 600 tonnes de poissons avariés. Il faut dire que le sous-secrétaire d’État au ravitaillement, Joseph Thierry, était également administrateur de cette société...
Les profits dégagés pendant la guerre furent faramineux. Globalement c’est toute la grande bourgeoisie qui en sortit renforcée et enrichie. Pendant que les rentiers, les bourgeois moyens ou petits se retrouvaient ruinés, la haute bourgeoisie elle, vit ses positions assurées, sa fortune augmentée.
Certains historiens ont mis en avant la mort au combat de nombreux fils de bourgeois, pour montrer qu’ils avaient aussi payé la guerre. Mais cela ne prouve qu’une chose : c’est qu’en plus d’avoir envoyé à la mort plus de dix millions de fils de paysans et d’ouvriers, la bourgeoisie était prête aussi à sacrifier une partie de ses propres enfants sur l’autel de ses profits.

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