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Il y a cent ans, la première guerre mondiale (1914-1918) démarrait. Oui, mais pour quelle raison ?

11 décembre 2014, 08:01

Les atrocités allemandes sont les exactions exercées par l’armée impériale allemande au début de la Première Guerre mondiale en Belgique tant en Flandre qu’en Wallonie et en France dans les départements de la Meuse, des Ardennes et de Meurthe-et-Moselle.

Les exactions commises par l’armée impériale allemande en août et septembre 1914 au début de la Première Guerre mondiale firent, en trois semaines, des milliers de victimes parmi les civils, suspectés d’être des francs-tireurs, amenés devant divers murs et fusillés par des pelotons d’exécution accomplissant de cette manière une justice expéditive au nom des lois de la guerre. 20 000 maisons furent également détruites, notamment 600 à Visé et 1 100 à Dinant en Wallonie, la région belge placée dans l’axe principal de l’invasion et qui subit le plus ces « atrocités ».

Du 5 au 26 août 1914, l’armée impériale allemande passa par les armes plus de 5 000 civils dans une centaine de communes de Wallonie et y détruisit plus de 15 000 maisons, dont 600 à Visé et 1 100 à Dinant, soit 70 % des exactions commises au début de l’invasion en France et en Belgique.

La liste qui suit n’est pas exhaustive car on n’y retient que les localités qui eurent à subir 10 morts au moins.

Le 5 août, Berneau et Soumagne (118 victimes civiles) ;
le 6 août, Battice (33 victimes civiles), Blegny, Esneux, Sprimont, Magnée, Olne, Hermée, Rétinne et Romsée ;
le 7 août, Warsage, Herstal, Lixhe et Louveigné ;
le 8 août, Baelen, Francorchamps, Herve et Mélen ;
le 10 août, Linsmeau ;
le 14 août, Barchon ;
le 15 août, Wandre ;
le 16 août, Visé ;
le 18 août, Haccourt et Heure-le-Romain ;
le 20 août, Liège, Érezée, Andenne (218 victimes civiles), Franc-Waret et Somme-Leuze,
le 21 août, Arsimont et Auvelais ;
le 22 août, Anloy, Mussy-la-ville, Neufchâteau, Tintigny (120 victimes civiles), Tamines (383 victimes civiles), Bouffioulx, Couillet, Farciennes, Monceau-sur-Sambre (63 victimes civiles), Montignies-sur-Sambre (35 victimes civiles) et Charleroi ;Dampremy (11 victimes civiles)
le 23 août, Ethe (218 victimes civiles), Bièvre (17 victimes civiles), Bouge, Dinant (voir aussi les Rivages (Dinant)) et Neffe (674 victimes civiles), Hastière-par-delà (19 victimes civiles), Spontin, Waulsort, Flénu, Jemappes, Nimy, Quaregnon, Ville-Pommerœul Saint-Léger et Virton ;
le 24 août, Bertrix, Houdemont, Izel, Offagne, Hermeton-sur-Meuse, Namur et Latour (71 victimes civiles) ;
le 25 août, Anthée (13 victimes civiles), Romedenne et Surice ;
le 26 août, Arlon, Dourbes (3 victimes civiles) et Frasnes-lez-Couvin (12 victimes civiles), dernière localité wallonne touchée.

Le 6 août, Mouland (village de la province de Liège au moment des faits) ;
le 9 août, Saint-Trond
le 18 août, Tongres
le 19 août, Aerschot et Attenrode…
le 25 août, Zemst plus de 10
Le 4 août 1914 au matin, la cavalerie allemande, fer de lance de l’invasion, pénètre sur le territoire belge. Le plan de campagne des Allemands, établi en 1905 par le général von Schlieffen (Plan Schlieffen) — et modifié par son successeur von Moltke — prévoit la traversée de la Belgique pour attaquer la France par le nord. Cette traversée doit être rapide. Pour cela, il faut écraser l’armée belge, et surtout les francs-tireurs comme ceux qu’ils ont affrontés en France en 18703.

La neutralité de la Belgique, consacrée dès 1831 dans le protocole de la Conférence de Londres (Traité des XVIII articles), est donc bafouée par l’intrusion de troupes allemandes sur le sol national ; l’état de guerre est déclaré. Le Roi Albert prend le commandement de l’armée comme le prévoit la constitution. La Belgique entre en guerre pour la première fois de son histoire.

Les Ire et IIe armées allemandes foncent, dès le 3 août, sur la ville de Liège dont elles doivent s’emparer. C’est chose faite le 8 août, date à laquelle la ville tombe officiellement entre les mains des Allemands. L’armée belge oppose cependant une résistance supérieure à ce que les stratèges allemands ont prévu. La résistance des forts, nombreux autour de Liège, freine l’avancée allemande, leur prise entraînant la mort d’environ 5 000 soldats allemands. La ville de Liège tombée, seul barrage important sur la route de l’invasion, la Ire armée allemande peut se diriger vers Bruxelles, tandis que le général von Bülow, à la tête de la IIe armée, poursuit sa route vers la Basse-Sambre, en direction de Namur et Charleroi.

Il arrive le 12 août à Huy dont une brigade belge s’est repliée sur Andenne après avoir fait sauter les passages sur la Meuse. Le 20 août, sur ordre du général von Bülow, une colonne allemande fusille à Andenne plus de deux cents civils. La IIe armée allemande poursuit son chemin dans la vallée de la Meuse, atteint la Sambre à Namur et arrive à proximité de Tamines, entre Namur et Charleroi, le 20 août. Face à elle, la 19e division d’infanterie du Xe corps d’armée français ; ces troupes françaises sont secondées par un détachement peu important de gardes civiques belges, soit 19 artilleurs de Charleroi commandés par le capitaine Gillieaux.

Le vendredi 21 août 1914, vers 6h du matin, une patrouille composée de cinq uhlans allemands descend la route de Ligny, venant de Velaine-sur-Sambre. Il atteignent à peine l’hôtel de ville qu’une trentaine de soldats français et quelques artilleurs de la garde civique de Charleroi ouvrent le feu et blessent un des cavaliers. Les quatre autres foncent chercher du renfort en direction du bois de Velaine. Le soldat blessé est fait prisonnier par la garde civique et soigné par le docteur Scohy.

Une heure plus tard, environ trente uhlans accompagnés de cyclistes se présentent à l’entrée du village, par la route de Ligny. Ils essuient, au même endroit, les coups de feu des soldats postés près de l’hôtel de ville. Mais entre-temps, des détachements entiers d’Allemands ont investi le quartier de la Praile, situé à l’entrée du village. Les soldats établissent, chez M. Mouffe, conseiller communal, un poste de la Croix-Rouge et y rassemblent une cinquantaine de civils, en majorité des hommes, qu’ils ont arrêtés sur leur chemin. La tension est déjà vive puisque des soldats menacent de fusiller les prisonniers, qu’ils accusent d’avoir tiré sur leurs compagnons d’armes. Vers 8 heures, un officier ordonne à cinq prisonniers d’aller ramasser le cycliste blessé une heure avant. Ces civils servent de bouclier au groupe de soldats qui, tout le long du chemin, tirent sporadiquement sur les maisons et dans la rue. Sur le chemin du retour, alors que le blessé est transporté par les civils, les soldats français visent l’escorte allemande qui immédiatement riposte. C’est alors que, lors du retour vers le poste de la Croix-Rouge, des soldats allemands tuent, sans raison, à l’intersection du Baty Sainte-Barbe et de la rue de Velaine, une fillette de huit ans, Céline Huybrecht, et blessent un homme et une jeune fille. Ces mêmes hommes incendient et saccagent également quelques maisons du quartier de la Praile.

De retour à la Croix-Rouge, où les Allemands détiennent toujours cinquante civils, le commandant allemand ordonne à une femme d’aller chercher le bourgmestre de Tamines ainsi qu’un médecin. Or M. Guiot, le bourgmestre faisant fonction, a quitté son domicile le matin, pour aller prévenir les Français, de l’autre côté de la Sambre (rive droite) de l’avance des Allemands. Elle se rend alors au domicile d’Émile Duculot, conseiller communal au moment des faits, afin de le mettre au courant des événements. Ce dernier raconte :

« Entre-temps, car il y avait urgence, j’entre chez Lalieu, médecin libéral et en même temps échevin et le mets au courant de la situation. Lalieu répond qu’il est trop vieux et demande qu’on aille chez le docteur Scohy. Celui-ci refuse également, c’est alors que le docteur Defossé et M. Férange, chef de la Croix-Rouge locale, accompagnés de cinq brancardiers arrivent à la rencontre d’Emile Duculot. Une fois les nouveaux venus mis au fait, ils se rendent chez Mouffe où l’officier allemand les attend au milieu du chemin. Le docteur Defossé entre immédiatement soigner le blessé tandis que M. Duculot est rappelé par l’officier. Monsieur Duculot lui expose alors la fuite du bourgmestre faisant fonction et se propose de le remplacer officieusement pour le moment.

Après avoir accepté, l’officier lui dit : - On a tiré sur nous !(…) J’ai déjà trois revolvers !

Émile Duculot répond : - Monsieur, ce n’est pas possible ! On ne peut absolument pas avoir tiré ici ! La preuve en est qu’on a soigneusement repris toutes les armes ; il est strictement interdit de tirer. Personne n’y a d’ailleurs songé »

L’officier change alors de sujet de conversation et demande au témoin jusqu’où ses hommes et lui peuvent avancer, sans danger, dans le village. Émile Duculot dit à son interlocuteur qu’il lui est impossible de répondre à cette question. L’officier lui intime alors l’ordre de se rendre avec d’autres civils, placés en tête des troupes, jusqu’à l’église des Alloux, afin d’y ôter le drapeau national fixé au clocher. Il accompagne son ordre de la menace de détruire le clocher au canon puis relâche tous les otages. Émile Duculot, avant de regagner son domicile, signale aux troupes françaises l’importance et la position des troupes allemandes.

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