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Il y a cent ans, la première guerre mondiale (1914-1918) démarrait. Oui, mais pour quelle raison ?

3 mai 2015, 08:13, par Robert

En 1912, Louis Renault étend le chronométrage, ce qui provoque une grève à partir du 1er Décembre 1912. Les ouvriers réclament principalement la suppression pure et simple de l’organisation scientifique du travail, Renault répond par la conciliation. Finalement, un accord est signé le 5 Décembre ; il autorise les ouvriers à élire deux délégués par atelier pour contrôler les opérations d’établissement des prix par les chronométeurs et augmenter de 20% le temps d’exécution déterminé par ses derniers...Après une période d’apaisement, le conflit rebondit en 1913 : la guerre éclate de nouveau chez Renault. Les ouvriers revendiquent la suppression du chronométrage, le maintien des délégués avec formations d’une commission ouvrière du travail, la suppression des pièces loupées et des outils cassés. Louis Renault accepte les deux dernières revendications, mais rejette la première. Cette grève, qui va durer 44 jours sera finalement un échec. Renault en combinant conciliation et répression a, en effet, été à l’origine d’une certaine division chez les ouvriers. Certains reprenaient le travail ou étaient embauchés pendant que les autres étaient en grève. Ces grèves avaient deux motivations. Tout d’abord l’élite des professionnels était contre l’accélération du rythme de son travail et sa déqualification. Mais il ne s’agit là que de la minorité des grévistes. La majorité qui pensait plus à la baisse du prix des pièces comprend des contremaîtres, des manoeuvres et des ouvriers moyennement qualifiés.
Le 10 février 1913, débutait dans les usines Renault la deuxième grève du chronométrage…

Les Renault ne sont pas les seuls en grève en 1913. Les boulangers le sont par exemple aussi…

N’ayant pas abouti à la révision de leur salaire par des réclamations et des interventions multiples, et après avoir vainement attendu une proposition raisonnable de la part des patrons, trois mille ouvriers boulangers se mirent en grève à Paris. Leur action corporative justifiée par le fait que depuis 1903 (période des dernières grèves de la boulangeries (1903-1906), ils n’avaient reçu aucune augmentation de salaire, que le repos hebdomadaire n’était pas appliqué et que le nombre d’heures de travail était illimité.

Ils revendiquaient un salaire fixe de 48 francs par semaine et 2 francs de prime pour chaque journée supplémentaire, la limitation des heures de travail, l’application du repos hebdomadaire et la suppression du travail de nuit.

Mais les patrons repoussèrent toutes les revendications, sans vouloir en discuter avec les ouvriers. Devant la mauvaise volonté évidente des patrons, les travailleurs boulangers recouvrirent à leur seul moyen de combat : la grève.

Extrait de l’étude du poème « Le musicien de Saint-Merry » de Guillaume Apollinaire par Mr Poupon (cahiers de l’Association Internationale des études françaises-volume 23- page 212) :

« Or, ce quartier [le Marais] occupait la une des journaux de 1913. Deux drames passionnels, l’un près de Saint-Merry le 11 mai (Titre : « L’amour qui tue », l’autre le 17, rue Simon-Le-Franc : « William Leroux tue Augustine Tessan. Mais je retiens surtout les échauffourées dues à la grève des boulangers, grève qui s’est poursuivie pendant une bonne partie du mois.

La corporation des boulangers se tenait depuis le moyen-âge rue Brise-Miche. Les grévistes se réunissaient non loin de là, au manège Saint-Paul. Pendant ce temps deux boulangeries étaient ouvertes rue de la Verrerie. Des gens venus de tous les horizons faisaient la queue pour avoir du pain.
Mais les grévistes décidèrent de mener une expédition punitive contre les « renards » (nous dirions « les jaunes »).
L’Intransigeant écrit a la date du 16 mai : « Trois ouvriers boulangers qui avaient défoncé des panneaux et brisé des glaces dans les boulangeries de la rue de la Verrerie et de la rue Vieille du Temple ont été appréhendés et envoyés au dépôt. »

En novembre 1913, c’est une grande grève des mineurs du Nord qui démarre…

Le bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais, qui produit 67 % du charbon national, est en grève depuis plusieurs jours. La cause du mécontentement provient d’un sous-effectif endémique qui allonge la durée de travail et porte atteinte à la journée de huit heures, vieille revendication ouvrière. Rien qu’à Lens, par exemple, il manquerait 1800 ouvriers. Le mouvement s’étend au département du Nord et prend de l’ampleur.

Soi-disant afin d’éviter les débordements et les violences, le gouvernement a appelé la troupe. A la Chambre, le député socialiste Jean Jaurès tonne :

« Pourquoi envoie-t-on des forces militaires dans le bassin minier du Pas-de-Calais ? Y-a-t-il la moindre menace de désordre ? Le syndicat des mineurs a fait appel au calme. Que signifie ce déploiement de forces ? Le risque est plus grand de violence et d’agitation, par l’envoi des troupes, car, les compagnies peuvent y voir un encouragement aux mesures d’intimidation. Que demandent les ouvriers ? Ils protestent contre le régime des longues coupes qui les épuisent. La Chambre avait abaissé à trente heures par an la durée des coupes. Le Sénat a porté ce chiffre à 150 heures. C’est une dérogation au principe de la journée de huit heures que le Sénat, lui-même, a commise en se déjugeant (…) »

Un journal fait la liste des grèves du Forez en 1913 :

« L’année débuta à Firminy par une grève dans l’usine Verdié, faisant suite au renvoi de sept ouvriers.

A Charlieu, renommée pour son andouille, les patrons bouchers et charcutiers ont fait grève pour protester contre le nouveau règlement de l’abattoir.

Les platriers-peintres de Saint-Etienne observèrent une longue grève, d’au moins 34 jours. Les charpentiers de Rive-de-Gier et les maçons de Panissières se mirent aussi en grève.

Les ouvrières garnisseuses en chapeau de paille de Chazelles (Ets Ferrier et Hardy) réclamaient une augmentation de salaire. Leur grève suivit de peu celle des ouvrières de la Société Manufacturière de chapeaux feutre et laine, à Chazelles toujours.

A Unieux, dans les Aciéries Holtzer, un ouvrier fut mis à pied trois jours. A son retour, il était informé de son renvoi définitif. Ce qui causa un vif émoi. A une délégation ouvrière, la direction annonça que le renvoi serait limité à trois semaines mais qu’ "une amende serait infligée à tous les ouvriers pour n’être pas rentrés à l’heure du travail". La grève se généralisa le 11 avril. Elle concerna jusqu’à 150 ouvriers. »

voir ici

Episode aujourd’hui oublié, les casernes françaises ont été touchées, en mai 1913, par une forte agitation. En cause : le refus de la loi de trois ans de service militaire, pièce maîtresse de la militarisation du pays à la veille de la Grande Guerre. L’événement va provoquer une répression furieuse contre les mutins, mais aussi contre les syndicalistes révolutionnaires et les anarchistes, accusés d’avoir fomenté les troubles. C’est également le point de départ d’une crise ouverte à la CGT.

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