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Il y a cent ans, la première guerre mondiale (1914-1918) démarrait. Oui, mais pour quelle raison ?

28 mai 2015, 11:29, par Robert Paris

En mai 1917, ce sont les grandes mutineries de l’armée française…

Lors de l’offensive Nivelle d’avril 1917, l’Etat-Major avait promis aux soldats une victoire rapide et le retour des troupes dans leurs foyers. Le résultat a été tout autre : 40.000 morts…

L’offensive ayant été enrayée face aux fortifications allemandes, puis terminée sur ordre du gouvernement fin avril, la déception et la colère grondent : les soldats ont l’impression que la bataille a été mal préparée.
Or début mai, l’ordre est donné de reprendre l’offensive dans les mêmes conditions sur un terrain toujours aussi désavantageux pour les Français. Face à l’entêtement de l’état-major qui souhaite poursuivre cette offensive à outrance, des mutineries éclatent et gagnent progressivement toutes les armées le long du front pendant 8 semaines. Par leur paroxysme, elles touchent 68 divisions sur les 110 qui composent l’Armée française.

Les mutineries se manifestèrent essentiellement par des refus de certains soldats de plusieurs régiments de monter en ligne. Ces soldats acceptaient de conserver les positions, mais refusaient de participer à de nouvelles attaques ne permettant de gagner que quelques centaines de mètres de terrain sur l’adversaire et demandaient des permissions. Ces refus d’obéissance s’accompagnèrent de manifestations bruyantes, au cours desquelles les soldats exprimaient leurs doléances et criaient de multiples slogans dont le plus répandu est « À bas la guerre ».

Le 4 mai 1917, 40.000 soldats font acte de désobéissance. Le 15 mai, le générale Nivelle est démis de ses fonctions et remplacé par Pétain qui réprime. 554 soldats sont condamnés à mort…

Toutefois, le pic d’intensité des mutineries se situe entre le 20 mai et le 10 juin, soit après la nomination du général Pétain (15 mai 1917). Les mesures prises par celui-ci pour mettre fin aux mutineries mettent donc environ un mois à faire leur effet.

Environ 3 500 condamnations, en rapport avec ces mutineries, furent prononcées par les conseils de guerre avec une échelle de peines plus ou moins lourdes. Il y eut entre autres 1381 condamnations aux travaux forcés ou à de longues peines de prison et 554 condamnations à mort dont 49 furent effectives parmi lesquelles 26 l’ont été pour actes de rébellion collective commise en juin ou juillet 1917.

Le nombre des exécutions de 1917, souvent mis en avant lorsque l’on parle des fusillés pour l’exemple reste relativement faible rapporté au nombre de fusillés des derniers mois de 1914 (près de 200) ou de l’année 1915 (environ 260).

Les morts ne se limitent pas aux exécutés ni les condamnations aux seules exécutions. Il ya eu des soldats fusillés au front et des soldats envoyés au front ou en patrouille pour y mourir… Le traitement des mutineries par la hiérarchie a comporté bien d’autres mesures : soldats dégradés, emprisonnés, envoyés à une mort certaine dans des assauts impossibles…

Peut-être les soldats français ont-ils été influencés par l’exemple des soldats russes qui combattaient à leurs côtés. En effet, les survivants des 20 000 soldats de deux brigades russes, venues sur le front français en mars 1916, refusent de continuer le combat après l’offensive Nivelle et de nombreuses pertes.

Prudemment, l’état-major français les confine dans un camp à l’arrière où ils vont fêter le 1er mai. Puis, expédiés dans le camp de La Courtine dans la Creuse, les mutins russes décident de renvoyer leurs officiers et de s’autogérer notamment en élisant leurs représentants. Ceux-ci vont mener pendant trois mois les négociations avec les autorités russes du gouvernement provisoire qui refusent leur retour vers leur pays.

Finalement, l’assaut est donné le 16 septembre par des troupes françaises contre les soldats russes insurgés. Les combats font près de 200 morts chez les insurgés. Les brigades russes révoltées seront dissoutes et leurs dirigeants arrêtés. Après la Révolution d’Octobre et la Paix de Brest-Litovsk, il est encore moins question de les rapatrier. On leur ordonne d’intégrer des compagnies de travail. Ceux qui refusent seront envoyés dans des camps disciplinaires en Algérie. Les premiers soldats ne rentrent en Russie que fin 1919.

Une mutinerie comptant jusqu’à 1000 soldats a duré quelques jours dans le camp d’Étaples sur le littoral français du Pas-de-Calais, et a été vite réprimée en 1917. Ce camp a accueilli jusqu’à 80 000 soldats anglais et du Commonwealth pour les préparer aux rigueurs du front. Un sous-officier a été fusillé pour son rôle dans la mutinerie, un des trois soldats britanniques fusillés pour cette infraction dans le front de l’Ouest pendant la guerre. L’armée britannique et française conviendront de garder le secret sur cette affaire jusqu’en 2017, date à laquelle les archives britanniques devraient être ouvertes.

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