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Luttes de classes en Côte d’Ivoire

17 décembre 2015, 11:32

Soroubat est une entreprise de travaux publics. C’est elle qui avait réalisé le prolongement de l’Autoroute qui va jusqu’à Yamoussoukro. Depuis lors, cette entreprise a décroché plusieurs chantiers qui sont en cours de travaux. Comme tant d’autres exploiteurs, aussi bien dans les zones industrielles de Vridi et de Yopougon, que dans le secteur du bâtiment, le patron de cette entreprise se croit tout permis quand il s’agit d’exploiter les travailleurs. Il emploie des travailleurs au noir et ne respecte pas le salaire légal défini pour ce secteur. Il paie sans bulletin de salaire et ne déclare pas les travailleurs à la Cnps. Les normes de sécurité ne sont pas respectées sur les chantiers. Les travailleurs sont obligés de faire des heures supplémentaires.

Ce patron se croit tout permis et il le montre avec d’autant plus d’arrogance qu’il a la certitude de l’appui des autorités politiques. Il renvoie les travailleurs comme bon lui semble. Mais le dernier licenciement abusif d’un travailleur dans le chantier de construction d’un pont à Angré a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Cela a déclenché la colère longtemps retenue des travailleurs alors qu’ils étaient en train de terminer le pont. Ils se sont mis en grève et ont alors bloqué le chantier. Ils ont choisi leurs représentants pour aller expliquer au patron qu’ils ne reprendront le travail que si leur camarade est réintégré à son poste.

La direction de Soroubat, peu habituée à ce que les travailleurs lui tiennent tête, a aussitôt licencié cette délégation envoyée par les travailleurs. Le patron pensait certainement que les travailleurs allaient ainsi se calmer. Mais c’était mal évaluer la colère qui couvait depuis le démarrage du chantier.

Au nombre de 150 sur ce chantier, les travailleurs se sont alors organisés pour mettre en place des piquets de grève présents 24h sur 24, pour empêcher toute activité, y compris le déplacement du matériel roulant. Ils ont exigé la réintégration de leurs camarades renvoyés. Ils ont saisi aussi cette occasion pour ajouter toute une liste de revendications relatives à leurs conditions de travail, le paiement des arriérés de salaire et des indemnités.

Pour renforcer leur mouvement, ils ont aussi entraîné dans la grève les autres chantiers de Soroubat, où les travailleurs sont eux aussi confrontés aux mêmes problèmes. Il s’agit du chantier PK 24 à Yopougon (qui emploie environ 200 travailleurs) ainsi que ceux de Bassam, de Koumassi, de Taabo et de Yamoussoukro. Tous ces chantiers ont rejoint le mouvement ; soit au total plus de 500 travailleurs en grève.

L’État avec son administration civile et militaire ont pris fait et cause pour le patron, contre les travailleurs. Ce qui fait que ces derniers ont eu à faire face à deux fronts durant cette grève.

Les travailleurs ne sont pas des criminels, ils ne font que défendre leurs droits !

Des délégués des travailleurs ont été « convoqués » à « la Brigade de recherche » et maintenus tout un jour dans leurs locaux. La gendarmerie avait pour objectif de faire pression sur ces délégués pour qu’ils appellent leurs camarades à reprendre le travail sous prétexte que leur grève est « illégale ». Le patron de Soroubat, lui qui s’assoit sur la législation du travail, qui pratique des licenciements abusifs, peut dormir tranquille ; il a le droit de faire ce qu’il veut, avec la protection de la police !

Mais cette menace n’a pas impressionné les grévistes ; ils étaient déterminés. La police a alors monté la pression d’un cran en mettant sous les verrous 5 travailleurs pris dans trois différents chantiers.

C’est devant cette situation que les travailleurs, réunis en assemblée générale, ont décidé de reprendre provisoirement le travail en espérant qu’en contrepartie leurs camarades emprisonnés seraient libérés.

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