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L’affrontement social actuel oppose-t-il un capitalisme pro-austérité et un capitalisme anti-austérité ?

29 janvier 2015, 19:22

Rien n’illustre mieux la vraie nature de la politique de Syriza que le choix de son partenaire de coalition. Les Grecs indépendants sont un parti droitier, nationaliste, formé en 2012 par Panos Kammenos, ancien ministre adjoint de la marine marchande et membre du parti conservateur Nouvelle Démocratie. Il a été décoré, avec dix autres députés de la Nouvelle Démocratie, par le président français conservateur Nicolas Sarkozy.

Les Grecs indépendants font de l’agitation contre l’immigration et le multiculturalisme, tout en préconisant un système chrétien orthodoxe d’éducation et la formation d’un patriotique « Front démocratique ». Kammenos s’insurge contre « les usuriers de l’étranger » et il a récemment affirmé que les juifs grecs payaient moins d’impôts que les autres et jouissaient d’un traitement préférentiel.

Les médias dépeignent l’alliance de Tsipras et des Grecs indépendants comme une « surprise » mais c’est précisément avec cette alliance en vue que le dirigeant de Syriza a conduit sa campagne électorale. Dans son dernier meeting électoral ont prédominé les appels à « une nouvelle alliance sociale et patriotique » et à la fin de « l’humiliation nationale », tout comme les appels aux sentiments chauvins anti-allemands. Parmi ses premiers actes publics après l’élection figurait la réception de Tsipras, à sa demande, par l’archevêque d’Athènes et de Grèce, Ieronymos II.

Tsipras et Syriza ont d’autres amis notables à l’extrême droite. Leur victoire a été saluée par Marine Le Pen, la dirigeante du Front national en France, comme une « gifle démocratique monstrueuse » donnée par « le peuple grec » à l’Union européenne.

Le New York Times a pratiquement approuvé la victoire de Syriza comme seul moyen de sauver le capitalisme grec et l’Union européenne. Dans un éditorial publié lundi sur son site web, le Times notait avec satisfaction que Tsipras avait « signalé aux Européens qu’il était prêt à modérer ses ambitions une fois au pouvoir. »

Le journal a demandé à la chancelière allemande Angela Merkel de renégocier la dette grecque et de collaborer avec Syriza. Il écrit : « La Grèce a besoin d’espace pour respirer, non seulement pour donner à M. Tsipras une chance de redresser la situation du pays, mais aussi dans l’intérêt du reste de l’Europe. » Puis donnant au nouveau Premier ministre ses ordres de route, il a déclaré : « Bien sûr, M. Tsipras doit faire usage de son mandat populaire pour faire passer les réformes internes fondamentales que son prédécesseur, Antonis Samaras, avait entamées. »

Tout cela sera déclaré sans importance par les nombreux apologistes de Syriza parmi les groupes petits-bourgeois soi-disant de gauche. Ceux-ci ont applaudi Syriza, l’ont présenté comme de « gauche » ou « socialiste » et même (à en croire la « Gauche unitaire » anglaise), comme la tête d’un « gouvernement ouvrier » qui, nous dit l’ISO (Organisation socialiste internationale) des Etats-Unis, « a besoin du soutien des travailleurs et des mouvements sociaux de toute l’Europe. »

Syriza n’affirme rien de tel. Tsipras a déclaré avant l’élection : « Syriza ne veut pas l’effondrement mais le sauvetage de l’euro... Et sauver l’euro est impossible pour les États membres lorsque la dette publique est hors de contrôle. » Celui qu’il envisageait à ce moment comme ministre du Développement, George Stathakis, a déclaré au Financial Times, « Nous voulons rendre la vie plus facile aux gens d’affaires, pour aider à éliminer les problèmes de bureaucratie dont ils se plaignent. »

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