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Est-il vrai que les révolutionnaires marxistes n’ont jamais reconnu leurs erreurs ?

28 juillet 2015, 08:33

Le plus grand et incomparable avantage d’Engels résidait en ceci, qu’en même temps qu’il saisissait profondément le caractère propre de la guerre – avec sa technique interne, ses méthodes, traditions et préjugés – il était aussi le plus grand connaisseur de cette politique à laquelle, en dernière instance, la guerre est subordonnée.

Inutile de dire que cet avantage énorme ne pouvait pas épargner à Engels des erreurs dans ses jugements et pronostics militaires concrets. Durant la guerre civile des Etats-Unis, Engels avait surestimé les avantages purement militaires manifestés par les Sudistes dans la première période et inclinait, pour cela, à croire en leur victoire. Pendant la guerre austro-allemand de 1866, peu de temps avant la bataille décisive de Kœniggratz, qui posa la première pierre de la prépondérance prussienne, Engels escomptait une mutinerie dans le Landwehr (armée territoriale) prussienne. De même dans la chronique de la guerre franco-allemande on pourra sans doute trouver des erreurs dans des questions de détail, quoique le pronostic d’ensemble d’Engels était incomparablement plus juste dans ce cas que dans les deux exemples cités. Seuls des gens très naïfs peuvent penser que la grandeur d’un Marx, Engels ou Lénine réside dans une infaillibilité automatique. Non, eux aussi se sont trompés. Mais dans les jugements qu’ils portent sur les questions les plus importantes et les plus compliquées ils commettent habituellement moins d’erreurs que tous les autres. Et c’est en cela que se manifeste la grandeur de leur pensée. Et aussi en ceci, que leurs erreurs, quand on en examine sérieusement les motifs, s’avèrent souvent bien plus profondes et instructives que l’opinion de ceux qui, fortuitement ou non, ont eu raison contre eux dans tel ou tel cas.

Des abstractions dans le genre de celle que chaque classe doit posséder une tactique et une stratégie propres, ne trouvent pas de soutien chez Engels. Il sait trop bien que le fondement de tous les fondements d’une organisation militaire et d’une guerre est déterminée par le niveau de développement des forces productives et non par la volonté de classe toute nue. Naturellement, on peut dire que l’époque féodale avait sa tactique propre et même une série de tactiques connexes, que l’époque bourgeoise de même connaît non pas une, mais plusieurs tactiques, et le socialisme lui aussi conduira certainement à l’élaboration d’une nouvelle tactique de guerre, s’il connaît le sort pénible de devoir exister pendant une période prolongée à côté du capitalisme. Dans cette formulation générale, cela est exact, dans la mesure où le niveau des forces productives de la société capitaliste est supérieur à celui de la société féodale et où celui de la société socialiste sera encore plus élevé. Mais rien de plus. Car il n’en découle nullement que le prolétariat, arrivé au pouvoir, ne disposant que d’un niveau de production très bas, puisse forger immédiatement une nouvelle tactique qui – par principe – ne peut résulter que du développement accru des forces productives de la future société socialiste.

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