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Pourquoi l’avenir de l’Afrique sera socialiste ou ne sera pas

30 janvier 2016, 09:05, par Robert Paris

Les qualités remarquables de Lumumba ne suffisent pas à en faire un leader communiste révolutionnaire, très loin de là. Il a eu une évolution certes très intéressante. Au départ, il faisait partie de ce qu’on appelle « les évolués » hommes congolais qui occupent des positions subalternes dans l’administration coloniale belge. Il finit en opposant radical au colonialisme et à l’impérialisme mais pas au capitalisme ni au nationalisme ni à l’étatisme.

Comme Lumumba, certains "évolués" commencent à voir que leur avenir au Congo belge est fermé par le racisme. Leur organisation en associations contraste avec la relative inorganisation de la classe ouvrière urbaine. Lumumba devient rapidement le dirigeant de la principale organisation nationaliste, le Mouvement national congolais (MNC), qui recherche au départ un processus négocié d’accession à l’indépendance.

Une colère populaire éclate dans la capitale en 1959. La puissance coloniale est terrifiée et ouvre le feu sur une manifestation, 500 personnes sont tuées. Des grèves éclatent, l’autorité coloniale est partout contestée et les gens commencent à s’organiser eux-mêmes. C’est l’année de la révolution congolaise. Le MNC et Lumumba se radicalisent et le MNC atteint 58 000 membres. En avril 1959, au cours d’une tournée de conférences en Belgique, Lumumba déclare : « Les masses sont bien plus révolutionnaires que nous […] lorsque nous sommes avec elles ce sont les masses qui nous poussent, et elles veulent avancer plus vite que nous. » Lorsque des cellules locales du MNC sont créées, les patrons sont critiqués, des appels à la grève sont lancés. Mais limitée à l’objectif de l’indépendance, l’organisation s’avère incapable d’exprimer ces exigences générales de changement social.

Car le milieu qui dirige ces organisations est celui de la petite bourgeoisie des évolués qui prétend diriger le peuple comme le berger dirige son troupeau... qui prétend les civiliser, les éduquer, les commander par le pouvoir d’Etat.

Or, à notre époque, la petite bourgeoisie n’est plus l’aile marchante de la révolution, contrairement à l’époque de la révolution française. Même dans des pays colonisés, dominés, écrasés, ce n’est pas l’aile marchante des révolutions. Lumumba, à sa manière l’exprime en disant que les masses sont plus révolutionnaires que les évolués radicaux !

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