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Est-on en danger en vivant à proximité des centrales nucléaires françaises ?

10 février 2016, 11:33

Quel sera le coût de la maintenance des 58 réacteurs nucléaires d’EDF en France d’ici à 2030 ? Et comment l’évaluer sérieusement sans connaître l’impact de la loi d’août 2015 sur la transition énergétique, qui prévoit un plafonnement de la capacité de ces centrales à leur niveau actuel de 63,4 gigawatts (GW) en 2025 ? Dans son rapport annuel, rendu public mercredi 10 février, la Cour des comptes tente de répondre à la première question… tout en reconnaissant que la facture finale dépendra de paramètres encore inconnus. Notamment le nombre de réacteurs qu’il faudra peut-être fermer – en fonction de l’évolution de la demande d’électricité – pour se conformer à la loi. Un flou qu’elle avait déjà souligné, en janvier 2012, sur le coût du démantèlement, encore difficile à estimer.

Mises en service entre 1977 et 2000, toutes les centrales du parc nucléaire, qui produisent 77 % de l’électricité consommée en France, doivent théoriquement subir un « grand carénage » dans les dix prochaines années. Il faudra 100 milliards d’euros (de 2013), soit 1,7 milliard par réacteur, « pour répondre à la consommation électrique et aux normes de sûreté nucléaire, durcies après la catastrophe de Fukushima », indique la Cour : 75 milliards d’investissements et 25 milliards pour l’exploitation.

Cette estimation est, selon elle, cohérente avec les 55 milliards annoncés par EDF. L’opérateur ne se projetait en effet que jusqu’en 2025 et ne prenait en compte que les investissements. Une autre hypothèque doit aussi être levée : le feu vert de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour une exploitation au-delà de 40 ans.

La Cour estime que la réalisation de ce programme « compte pour une grande part dans les besoins de recrutement de l’ensemble de la filière nucléaire », qu’elle estime à « environ 110 000 emplois directs et indirects d’ici à 2020 » (sur un total de 220 000 emplois). Est-ce raisonnable au moment où EDF annonce la suppression de 3 500 postes ? D’autant que EDF et ses nombreuses entreprises sous-traitantes rencontrent « des difficultés de formation et de disponibilité de la main-d’œuvre dans certains domaines techniques » (soudure, robinetterie…). Et que la mobilisation de l’Etat et d’EDF, pourtant réelle, n’est « pas à la hauteur des enjeux ».

Selon leurs estimations, « les enjeux s’élèvent à plusieurs milliards d’euros par an », alors qu’ « aucune évaluation n’a encore été réalisée, ni par l’Etat, ni par EDF, sur les conséquences économiques potentielles de l’application de la loi ». Les charges d’exploitation pourraient être réduites de 3,9 milliards par an dès 2025, mais les pertes de recettes annuelles d’EDF atteindre 5,7 milliards. L’opérateur risque aussi d’être devant une situation intenable économiquement : devoir investir des milliards, pour que leur sûreté réponde jusqu’au dernier jour de fonctionnement aux normes de l’ASN, dans des réacteurs destinés à fermer rapidement ! C’est peu ou prou le cas des deux réacteurs de Fessenheim (Haut-Rhin), promis à la fermeture mais coûteux en entretien.

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