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Le marxisme a-t-il analysé correctement les grands événements historiques ?

4 décembre 2017, 07:06, par Robert Paris

Pourquoi faudrait-il reconnaître une erreur qui n’a pas été commise ?

Trotsky écrivait en août 1925 :

« Si on suppose, par contre, que dans le cours des prochaines dizaines d’années, il se forme sur le marché mondial un nouvel équilibre dynamique, une sorte de reproduction, plus vaste, de la période comprise entre 1871 et 1914, alors le problème prend un aspect tout différent. En supposant un tel « équilibre », on admet une nouvelle expansion des forces de production, car « l’amour de la paix » relatif de la bourgeoisie et du prolétariat et la courbe opportuniste de la social-démocratie et des syndicats pendant les années qui ont précédé la guerre mondiale n’étaient possibles que grâce à une évolution énorme de l’industrie. Il est parfaitement clair que si l’impossible devait devenir possible, l’invraisemblable une réalité : si le capitalisme mondial, et en premier lieu le capitalisme européen, devait trouver un nouvel équilibre dynamique (non pas pour ses combinaisons gouvernementales inconstantes mais pour ses forces de production) si la production capitaliste prenait dans les prochaines décades un nouvel essor énorme — ceci signifierait que nous, l’État socialiste, désirons bien changer de train, et même que nous quittons réellement le train de marchandises pour entrer dans le train omnibus, mais qu’en même temps nous aurions à rattraper un express. Exprimé plus simplement, cela signifierait que nous nous serions trompés dans les appréciations historiques fondamentales, cela signifierait que te capitalisme n’a pas encore rempli sa « mission » historique et que la phase impérialiste où nous sommes ne serait pas forcément une phase de décadence du capitalisme, de son agonie, de sa décomposition, mais seulement la préparation d’une nouvelle période de floraison. Il est parfaitement clair que si le capitalisme reprenait de l’ampleur en Europe et dans le monde entier pour un grand nombre d’années, le socialisme dans un pays arriéré se verrait face à face avec des dangers colossaux. Dangers de quelle sorte ? Sous forme d’une nouvelle guerre que cette fois encore, le prolétariat européen « apaisé » par l’évolution, ne pourrait pas empêcher, d’une guerre, dans laquelle l’ennemi aurait une supériorité technique colossale ? Ou sous forme d’un « déluge » de marchandises capitalistes qui seraient de beaucoup meilleures et meilleur marché que les nôtres — de marchandises qui pourraient briser le monopole du commerce extérieur et, par suite, d’autres bases encore de l’économie socialiste ? Au fond ce serait une question de seconde importance. Mais il est parfaitement clair pour tous les marxistes que le socialisme aurait une position difficile dans un pays arriéré, si le capitalisme n’avait pas que les chances de végéter, mais aussi celles d’un long développement des forces de production dans les pays avancés. »

en conclusion de son texte : Vers le capitalisme ou vers le socialisme ?

Lénine déclarait :

« Parmi les gens qui se sont intéressés à l’économie de la Russie, personne, semble-t-il, n’a nié le caractère transitoire de cette économie. Aucun communiste non plus n’a nié, semble-t-il, que l’expression « République Socialiste des Soviets » traduit la volonté du pouvoir des soviets d’assurer la transition au socialisme mais n’entend nullement signifier que le nouvel ordre économique soit socialiste. »

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Lénine déclarait aussi :

« Tout à l’heure, en traversant votre salle de séances, j’ai remarqué une pancarte avec cette inscription : « Le règne des ouvriers et des paysans n’aura pas de fin ». Quand j’ai lu cette étrange pancarte qui n’était pas pendue au mur, il est vrai, mais, contre l’habitude, posée dans un coin — quelqu’un ayant compris que la pancarte n’était pas très heureuse, l’aura mise de côté — quand j’ai lu cette étrange pancarte, j’ai pensé : Voilà pourtant les vérités élémentaires et fondamentales qui suscitent chez nous des malentendus et de fausses interprétations. En effet. Si le règne des ouvriers et des paysans ne devait pas prendre fin, cela voudrait dire qu’il n’y aurait jamais de socialisme, puisque le socialisme signifie la suppression des classes ; or, tant qu’il existera des ouvriers et des paysans, il existera des classes différentes, et, par conséquent, il n’y aura pas de socialisme intégral. Tout en méditant sur ce fait que trois années et demie après la Révolution d’Octobre, on trouve encore chez nous des pancartes aussi étranges, bien que légèrement mises à l’écart, — j’ai songé aussi que même les mots d’ordre les plus répandus, les plus courants, suscitaient chez nous des malentendus extrêmement graves. Ainsi, par exemple, nous chantons tous que nous avons engagé le dernier et décisif combat. C’est là un des mots d’ordre les plus répandus, que nous répétons sur tous les modes. Mais j’ai bien peur que si l’on demandait à la majeure partie des communistes de dire contre qui ils ont engagé aujourd’hui — non point le dernier, évidemment c’est un peu trop dire, mais un de nos derniers et décisifs combats — je crains que bien peu sachent donner la bonne réponse et montrer qu’ils comprennent clairement contre quoi ou contre qui nous avons engagé aujourd’hui un de nos suprêmes combats. Et j’ai idée qu’en rapport avec les événements politiques de ce printemps, qui ont retenu l’attention des grandes masses d’ouvriers et de paysans, j’ai idée qu’en rapport avec ces événements il serait bon tout d’abord d’examiner une fois de plus ou, du moins, de tenter d’examiner la question de savoir contre qui nous menons aujourd’hui, au cours de ce printemps, un de nos derniers et décisifs combats. Permettez-moi de m’arrêter sur ce point. »

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