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Bergson ou le vide philosophique français

10 août 2017, 10:25, par Robert Paris

Revenons sur la question de la durée chez Bergson :

« Tout résumé de mes vues les déformera dans leur ensemble et les exposera, par là même, à une foule d’objections, s’il ne place de prime abord et s’il ne revient pas sans cesse à ce que je considère comme le centre même de la doctrine : l’intuition de la durée. »

Lettre de Bergson à Harald Hoffding, 1916

Bergson affirme même que cet « élan », ce « courant » psychologique humains vers la perception de la durée est « radicalement distinct de la matière ».

Donc la matière ne percevrait pas la durée ?

Ainsi, le noyau instable, qui se décompose au bout d’une durée statistiquement fixée, ne percevrait pas la durée ?

Ainsi, l’étoile qui décompose son hydrogène et son hélium et passe ensuite à une transition brutale ne « percevrait » pas la durée.

Ainsi, ce qui distingue la matière dite « réelle » de la matière dite « virtuelle » du vide, qui est le fait que le virtuel est éphémère, ne percevrait pas la durée ?

Ainsi, la lumière qui est déterminée par sa fréquence, c’est-à-dire un nombre de pulsations par durée écoulée, ne percevrait pas la durée ?

Ainsi, le temps de l’Univers, qui fait que toute structure est éphémère, ne percevrait pas la durée.

Ainsi, la Terre, qui détruit progressivement toute structure à sa surface, ne percevrait pas la durée.

Citons encore Bergson :

« Tout se passe comme si un large courant de conscience avait pénétré dans la matière. »

(Bergson, « Evolution créatrice »)

En somme, Bergson, avec son élan psychologique de la durée, pense avoir découvert non seulement le propre de l’homme mais le propre de la conscience humaine, la preuve de sa particularité qui l’opposerait diamétralement à la matière, la preuve de la dualité, de l’existence de deux mondes : corps et esprit !

Et ce n’est pas seulement deux mondes mais un combat entre eux, du fait de « la résistance que la vie éprouve de la part de la matière brute » !

L’homme serait, selon Bergson, « une forme d’existence plus vaste et plus haute » !! C’est trop d’honneur !

La matière, pour Bergson, dépendrait d’un « pur mécanisme » auquel il attribue d’étonnantes propriétés :

« Considérer l’avenir et le passé comme calculables en fonction du présent, et prétendre ainsi que tout est donné. »

« Le temps devient ainsi inutile. »

(Bergson, « Mécanisme et Finalité »)

« De sorte qu’en dernière analyse l’homme serait la raison d’être de l’organisation entière de la vie sur notre planète. »

(Bergson, « Evolution créatrice »)

Et dans le même ouvrage :

« L’homme est le terme et le but de l’évolution. »

Et de glorifier l’homme par rapport à l’animalité, du fait de « la maîtrise de la matière inerte », de « l’élan vital », de « la perception de la durée », du « noyau lumineux que nous appelons intelligence », « l’intelligence seule capable de chercher ».

Bien entendu, chez Bergson, aucune « intelligence » de la matière « inerte », (tout e idée de dynamique de la matière dans le temps est exclue comme toute histoire de l’Univers « dans le temps » !), totale opposition entre inerte et vivant, comme dichotomie absolue entre homme et animal ! Que dire donc des hominidés précédents, des singes et autres animaux ? Que dire des dauphins ? De la matière brute ?!!!!

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