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C’est le noyau de la Terre qui réchauffe notre planète et pas l’effet de serre atmosphérique

1er août 2022, 07:35, par Etienne Buisson

Marvin Herndon propose une théorie sensiblement différente : le centre de la terre serait plutôt un immense réacteur nucléaire naturel d’uranium, d’un diamètre de 8 km. Des réactions de fission atomique en chaîne, source de quantité d’énergie calorifique, y auraient lieu. Depuis 1993, ce géophyisicien californien construit son idée audacieuse à partir d’une découverte faite en 1972, au Gabon. Dans des mines, des chercheurs français ont trouvé des éléments radioactifs issus de réactions de fission nucléaire naturelles, et non provoquées comme c’est le cas dans les centrales nucléaires. Si un tel phénomène naturel est possible à la surface de la Terre, pourquoi ne le serait-il pas en son centre ? La communauté scientifique réfute pourtant largement cette hypothèse, arguant qu’elle n’est « pas nécessaire », ou que les conditions pour que fonctionne un tel « géoréacteur » sont loin d’être garanties. Rob de Meijer, lui, n’est pas si catégorique. Il propose même de la vérifier expérimentalement.

« Toutes les théories sur le centre de la Terre ne sont que des hypothèses, rappelle ce professeur de l’Université de Groningen (Pays-Bas). Celle de Herndon, comme les autres, mérite d’être explorée. » Son équipe planifie donc de creuser un puits de 500 m sur l’île de Curaçao, et d’y introduire des détecteurs à antineutrinos. Car ces particules, si elles ont certaines caractéristiques, peuvent aussi constituer la signature de l’existence d’un réacteur naturel de fission nucléaire. Et pourquoi sur cette île des Caraïbes ? « Parce qu’elle se situe loin des sources artificielles d’antineutrinos que sont les centrales nucléaires, et que la croûte terrestre y est mince, favorisant les mesures. » Devisé à 50 millions d’euros, le projet n’en est encore qu’à ses balbutiements : « Nous devons en démontrer le principe. Mais si elle fonctionne, cette expérience permettra de dire si les antineutrinos sont générés par un géoréacteur nuc

Une autre théorie est née dans les années 1970. Et si un autre élément radioactif, du potassium 40 (40K), se trouvait aussi au centre de la Terre. Un élément dont la désintégration produirait le supplément d’énergie calorifique nécessaire à achever le portrait du noyau interne ? Hors de question, ont d’abord unanimement rétorqué les scientifiques. Il était en effet admis que, plus léger que les métaux lourds comme le fer, le 40K ne pouvait avoir « coulé » jusqu’au centre de la Terre, lorsque celle-ci s’est formée dans la fournaise des collisions avec des météorites. Or, en mai 2003, des géochimistes de l’EPFZ ont décelé des indices montrant que le 40K pouvait se mêler au fer, alors que l’on pensait qu’un tel alliage était impossible. Ces résultats ont été confirmés six mois plus tard par des géophysiciens américains. Ainsi, du 40K combiné au fer pourrait bel et bien se trouver dans le noyau interne. Et même fournir 25% de la chaleur dissipée par la Terre, selon ces scientifiques. Loin d’être définitive, cette hypothèse vient une nouvelle fois brouiller les cartes. Ceci alors qu’un autre phénomène reste encore largement plus mystérieux.

Certaines roches volcaniques ou glaces polaires révèlent en effet que l’orientation du champ magnétique terrestre s’est inversée des centaines de fois depuis que la Terre existe. La dernière inversion aurait eu lieu il y a 780 000 ans. De plus, l’intensité moyenne de ce champ a décru de 10% depuis qu’on la mesure, en 1831. Récemment, des satellites ont aussi repéré une répartition inégale du flux magnétique à la surface de la terre. Mais d’où viennent ces changements ? Probablement de profonds bouleversements dans le noyau externe. Des simulations numériques ont montré que des mouvements de convection anormaux pouvaient, dans certaines zones, créer une inversion du champ magnétique terrestre local. Problème : ces dérèglements sont difficiles à expliquer avec le modèle d’un noyau interne produisant de la chaleur de manière graduelle et continue, par désintégration des radionucléides. Selon la théorie de Herndon, en revanche, le géoréacteur nucléaire naturel pourrait, de temps à autre, avoir des « ratés », et même s’arrêter. Ce qui pourrait de fait modifier le champ magnétique terrestre.

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