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Mort de la psychanalyse infantile, fin de l’hôpital de jour ? Est-on en train de casser l’accès des enfants aux traitements psychanalytiques ? Faut-il se contenter de la « première dame » pour soigner l’autisme ?

30 août 2017, 12:38

On pouvait aussi lire en 2012 :

Le 8 mars, la Haute Autorité de santé (HAS) a rendu public un rapport sur le traitement de l’autisme, préconisant le recours aux méthodes comportementales, au détriment des approches psychanalytiques, qualifiées 
de « non consensuelles ».

Le sujet délicat de l’autisme a-t-il été insidieusement investi d’une autre bataille, celle que mènent les tenants des thérapies cognitives et comportementales (TCC) contre la démarche psychanalytique ? En 2004, un rapport de l’Inserm concluant 
à la « meilleure efficacité » des TCC dans le traitement des troubles mentaux avait déjà fait polémique. En effet, comment imposer les mêmes critères d’évaluation à des pratiques 
aux finalités si différentes ? 
De manière générale, alors 
que les TCC visent la réduction d’un symptôme, la psychanalyse propose d’en rechercher le sens. Elle ouvre donc sur une véritable quête intellectuelle, dont la préservation, au-delà 
des questionnements légitimes sur son apport face à telle 
ou telle problématique, 
est un enjeu de civilisation.

La psychanalyse a historiquement émergé en opposition à la médecine positiviste et hygiéniste du XIXe siècle. La rationalité médicale et sanitaire fait aujourd’hui un retour en force au sein de la psychiatrie et en psychologie. La composition et les évaluations sanitaires de la commission de la HAS n’allaient pas favoriser les approches humanistes et sociales des souffrances, qu’elles soient psychiques ou organiques. Certains chercheurs avancent des causes génétiques aux syndromes autistiques. C’est possible. Mais ce n’est pas parce qu’une souffrance donnée serait d’origine organique qu’elle devrait exclure des pratiques de soins psychiques. En deuxième lieu, la décision a été prise sous la pression de lobbys fortement mobilisés, en particulier de certaines associations de familles d’enfants autistes, exploitant habilement la médiatisation de conflits épistémologiques et idéologiques. Pour les diagnostics et les traitements de certaines pathologies, le soupçon que l’industrie pharmaceutique influence le choix des experts est récurrent. C’est le cas dans une psychiatrie très médicalisée sous la tutelle des industries de santé. Inutile de vous dire que lorsque l’Express et Libération ont révélé que le président de la HAS avait oublié, dans un premier temps, de faire état d’une déclaration de conflits d’intérêts de plus de 205 482 euros perçus entre 2008 et 2010 de 28 labos différents, 
certains psys n’ont pas manqué de voir dans le jugement contre la psychanalyse la main des laboratoires… Sans me prononcer sur ce cas particulier, il est évident qu’existent des «  alliances objectives  » entre certaines théories biologiques 
déterministes et un pouvoir politique sécuritaire, entre une conception médicale des souffrances et les intérêts des laboratoires.

La psychanalyse va à l’encontre d’une conception dominante aujourd’hui de l’humain qui repose sur «  trois moins  » : moins de temps, moins de coût et le moins d’interrogation du sens possible. Interroger le sens nécessite du temps d’investigation, d’interprétation, de construction. La conception dominante s’en prend donc à cette tâche. Nous sommes face à ce que j’appellerais une «  logicialisation  » de tout, c’est la volonté d’inscrire des automatismes et des programmes dans l’existence humaine traitée comme une chose parmi d’autres. La psychanalyse contredit cette visée car c’est une discipline qui traite de la question du sens et de son histoire et pas seulement du signe.

Il y a quelques années, le New York Times rendait compte d’une étude démontrant que les thérapies psychanalytiques sont celles qui obtiennent les résultats les plus durables. Cette étude n’était pas réalisée par des psychanalystes. Il est tout à fait possible d’évaluer les résultats de la psychanalyse, à condition de prendre le temps d’un suivi des sujets au long cours. La question est, bien sûr, celle des critères de l’évaluation. La HAS aurait dû recommander des recherches sur la réalité avant de délivrer des jugements.

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