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Pour quelles raisons le vieux monde ne peut pas durer ?

10 février 2018, 09:14, par Robert Paris

Nous sommes des révolutionnaires et, comme tels, nous affirmons que la société humaine se retrouve devant un saut à franchir, saut qui ne peut être réalisé sans choc, sans lutte radicale, sans rupture avec le passé, mais est-ce que cela signifie que nous considérons cette étape comme facile, sans problème, sans heurts, sans souffrances, sans peurs de toutes sortes. Non, bien entendu. Si la révolution était évitable, non seulement nous serions pour l’éviter mais il est certain que les sociétés humaines du passé l’auraient déjà évitée, ce qu’elles n’ont pas fait, que ces révolutions permettent ou pas de franchir les sauts qu’elles se proposaient de passer. Le seul résultat réel des politiques consistant à « éviter » la révolution est de faire échouer la révolution ! On n’évite pas l’augmentation critique des contradictions. On n’évite pas la réalité des affrontements de classe. On n’évite pas les impasses de la vieille société. On n’évite pas les crises économiques et sociales. On leur offre, ou pas, une issue. Nous ne sommes pas les derniers à avoir conscience que les classes possédantes ne vont pas se laisser faire devant une montée révolutionnaire et vont employer tous les moyens les plus sanglants et horribles pours s’accrocher au pouvoir. Mais nous avons aussi conscience que le seul fait que la crise s’aggrave les amènera à le faire et qu’ils le feront même préventivement, s’ils le peuvent, avant que la révolution sociale ne monte de manière critique. Cela signifie que le renoncement à la révolution n’est pas une manière d’éviter la contre-révolution ! Eviter les affrontements de classe sanglants, le réformisme n’y est jamais parvenu. On n’a jamais vu des pacifistes, sociaux et politiques, convaincre les classes possédantes de rester pacifiques ! Une fois encore, on ne change pas la réalité en se refusant de la voir…

Plus la classe ouvrière sera organisée, consciente, dynamique et offensive, plus la révolution sociale sera pacifique, moins elle sera dure, sanglante, violente. Le seul rôle du discours réformiste, c’est de lier les mains aux travailleurs, de détourner une grande part de ses forces militantes, d’affaiblir le camp des travailleurs, et donc de renforcer celui de la contre-révolution, et pas du tout d’éviter celle-ci.

Ceci dit, nous ne prétendons nullement dire aux travailleurs : « allez-y, n’attendez pas, faites la révolution ! » Ce n’est pas cela, la politique des révolutionnaires ! Ce n’est pas du moralisme pro-révolution à deux balles ! Non, le rôle des révolutionnaires, c’est de développer et diffuser largement la conscience de la situation, la situation objective des classes possédantes, ses contradictions mortelles, la force et la faiblesse des classes dirigeantes, la force et la faiblesse des prolétaires, les politiques possibles des uns et des autres et les résultats vraisemblables de telles politiques. C’est sur cette conscience de la situation objective que les révolutionnaires entendent appuyer leur appel aux travailleurs. Appel non pas pour lutter, non pas pour manifester, non pas pour faire grève. Non, appel à s’organiser, à s’exprimer, à se lier, à fonder son programme, à le diffuser, à donner une large publicité aux initiatives ouvrières, à soutenir toute action de classe, à dénoncer toute collaboration de classe. Nous n’avons pas à pousser la classe ouvrière à avancer. On ne fait pas avancer un train en le poussant : il a un moteur ! La lutte des classes a un moteur, autonome, qui n’a pas besoin d’exhortations ou d’appels. Ce moteur est celui des contradictions de classe. Elles ne proviennent pas du discours, que ce soit celui des militants révolutionnaires, ni du discours de qui que ce soit ! Elles proviennent de la réalité économique, sociale et politique de la vieille société bourgeoise. Pas de possibilité de révolution sociale profonde si ces classes possédantes sont solidement attachées au sol de la réalité économique. Pas de possibilité d’éviter la révolution sociale dans le cas inverse. Pas plus que les changements de phase de la matière, ceux de la réalité sociale ne proviennent d’un discours.

Le scientifique n’imagine pas que ce soit sa théorie qui crée la réalité. La matière n’est pas quantique parce que les théoriciens ont convaincu les physiciens. Une situation n’est pas révolutionnaire parce que les militants révolutionnaires en ont convaincu les travailleurs ! Par contre, refuser d’étudier les lois de la matière ne mène qu’à des catastrophes : celui qui refuse la loi de la gravitation chute comme les autres. Celui qui refuse les lois de la lutte des classes ne peut faire en sorte d’en tirer profit et ne fait qu’en subir, de manière inconsciente, les effets, aussi funestes soient-ils. On ne se prépare pas à une situation en répétant qu’il ne faut pas qu’elle se produise !

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