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Un débat avec la gauche communiste conseilliste

24 février 2019, 12:26, par B.

Cher RP,

Poursuivons l’argumentation.

La défense de la politique bolchevique a quelque chose de poignant chez vous. Vous dédouanez systématiquement les bolcheviks de toute politique bourgeoise, pour le simple fait qu’ils doivent se défendre contre les forces bourgeoises et réactionnaires coalisées.

Jacques Sadoul constate en mars 1918 que les bolcheviks font appel déjà à la bourgeoisie :

"ils (les bolcheviks) constatent qu’il ne suffit pas de déposséder les classes dirigeantes, il faut réorganiser l’industrie, discipliner le prolétariat, l’obliger à accepter l’autorité contrôlée des techniciens(...) Ainsi les bolcheviks préparent l’organisation de la production par l’appel, encore discret et mélangé de menaces, aux compétences, c’est-à-dire en somme, à la bourgeoisie".

Bref il y a plein de témoignages qui démontrent que l’objectif du parti bolchevik, parti dominant totalement l’appareil d’Etat, est de faire régner un ordre bourgeois : que les ouvriers travaillent (gratuitement les samedis) et se la ferment, que les soldats obéissent à leurs officiers munis maintenant de leurs épaulettes (cela se traduit par la suppression des conseils de soldats), que les soviets obéissent au doigt et à l’œil aux injonctions des syndicats dirigés par les bolcheviks, sauf peine de dénonciations publiques et de sanctions.

Lisez l’article de Trotsky que je viens de vous envoyer. Il écrit ainsi dans un article "travail, discipline, ordre" - tout un programme ! - (28 mars 1918) :

"il faut absolument que le parti et les syndicats inculquent (...) aux masses cette nouvelle conscience du devoir, du travail, de l’honneur du travail. En s’appuyant sur cette conscience il faut créer des tribunaux du travail pour que l’ouvrier qui ne remplit pas ses devoirs, dilapide le matériel ou n’en prend pas soin, pour que l’ouvrier qui ne fait pas le nombre d’heures réglementaires soit en mis en jugement , pour que les noms de ceux qui refusent de coopérer à la solidarité socialiste soient imprimés dans toutes les publications soviétiques comme des noms de renégats" (Trostky, Écrits militaires, page 61).

C’est exactement ce même programme, dans le fond plus que dans la forme, qu’appliqua la CNT espagnole après juillet 1936 dans les usines. Dans les deux cas, c’est le programme du capital et non celui du prolétariat. C’est la conséquence d’une incapacité à comprendre la nature du capital, toujours assimilée aux capitalistes en haut-de-forme, aux 200 familles, etc. et qu’il suffit que les gestionnaires changent de costume (le trois-pièces pour la blouse de travail) pour que tout change.

En Espagne, en 1936-1937, la CNT ne cessa de le proclamer : tout pour le front, toute la lutte contre l’ennemi intérieur et non contre les “bons” capitalistes républicains ! La direction de la CNT au nom de l’effort de guerre contre Franco est complice des staliniens et social-démocrates pour écraser la révolte des ouvriers de Barcelone en mai 1937.

Salutations communistes internationalistes,

Ph.B.

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