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Un débat avec la gauche communiste conseilliste

2 mars 2019, 06:50, par Robert Paris

Rosa Luxemburg écrit :

On peut comprendre tout de ce qui se passe en Russie ; c’est une chaîne inévitable de causes et d’effets qui a point de départ et clef de voûte, la carence du prolétariat allemand et l’occupation de la Russie par l’impérialisme allemand. Ce serait réclamer l’impossible de Lénine et de ses amis que de leur demander encore dans de telles conditions de créer, comme par magie, la plus belle des démocraties, la plus exemplaire des dictatures du prolétariat, une économie socialiste florissante. Par leur attitude révolutionnaire décidée, leur énergie exemplaire et leur fidélité inviolable au socialisme international, ils ont vraiment fait tout ce qu’ils pouvaient faire dans des conditions aussi effroyablement compliquées. Le danger commence là où, faisant de nécessité vertu, ils cherchent à fixer dans tous les points de la théorie, une tactique qui leur a été imposée par des fatales et à la proposer au prolétariat international comme modèle de la tactique socialiste. Ils se mettent ainsi tout à fait inutile¬ment en lumière et placent leur mérite historique réel et incontestable sous le ’boisseau des erreurs imposées par la nécessité ; ils rendent donc un bien mauvais service au socialisme international pour l’amour et au nom duquel ils ont lutté et souffert, en voulant y engranger comme autant de révélations, toutes les aberrations introduites en Russie sous la contrainte de la nécessité qui n’ont été, en fait, que tes retombées de la faillite du socialisme international dans cette guerre mondiale.

Les socialistes gouvernementaux allemands peuvent bien proclamer haut et fort que la domination des bolcheviks en Russie n’est qu’une caricature de dictature du prolétariat. Si ce fut ou si c’est le cas, c’est uniquement parce qu’elle fut le produit de l’attitude du prolétariat allemand, elle-même caricature de la lutte de classe socialiste. Nous sommes tous soumis à la loi de l’histoire et l’on ne peut introduire l’ordre socialiste qu’à l’échelle internationale. Les bolcheviks ont montré qu’ils pouvaient faire tout ce qu’un parti vraiment révolutionnaire est capable d’accomplir dans les limites des possibilités historiques. Qu’ils ne cherchent pas à faire des miracles 1 Car une révolution prolétarienne exemplaire et parfaite dans un pays isolé, épuisé par la guerre mondiale, écrasé par l’impérialisme, trahi par le prolétariat international serait un miracle. Ce qui importe, c’est de distinguer, dans la politique des bolcheviks, l’essentiel de l’accessoire, la substance du fortuit. En cette dernière période où les luttes finales décisives nous attendent dans le monde entier, le problème le plus important du socialisme a été et est encore précisément la question brûlante de l’actualité, non pas telle ou telle question de détail de la tactique mais la combativité du prolétariat, l’énergie des masses, la volonté du socialisme de prendre le pouvoir en général. A cet égard, Lénine, Trotski et leurs amis ont les premiers, par leur exemple, ouvert la voie au prolétariat mondial, ils sont jusqu’à présent encore les seuls qui puissent s’écrier comme Hutten :« J’ai osé » !

Voilà ce que la politique des bolcheviks comporte d’essentiel et de durable. En ce sens, ils conservent le mérite impérissable d’avoir ouvert la voie au prolétariat international en prenant le pouvoir politique et en posant le problème pratique de la réalisation du socialisme, d’avoir fait progresser considérablement le conflit entre capital et travail dans le monde entier. En Russie, le problème ne pouvait être que posé. Il ne pouvait être résolu en Russie. Et en ce sens, l’avenir appartient partout au « Bolchevisme ».

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