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A notre camarade Michel de Pierrepont, dit Nemours

5 août 2022, 07:34, par Convergences révolutionnaires

Notre camarade Michel de Pierrepont [1] est décédé le 29 juillet dernier à l’âge de 83 ans, la maladie l’a finalement emporté. Il nous quitte au terme d’une vie bien remplie de militant politique ouvrier, fondée sur des convictions révolutionnaires et communistes qui n’ont pas pris une ride jusqu’à la fin de ses jours, et qu’il s’est efforcé de transmettre aux plus jeunes générations. C’est une grande tristesse pour nous toutes et tous, membres de sa famille, amis, camarades.

Michel, que nous appelions aussi Nemours dans l’activité militante, a travaillé et milité toute sa vie comme ouvrier professionnel à Renault. Il était entré en 1953, à 14 ans, au centre d’apprentissage de l’usine de Renault-Billancourt. Il y a travaillé jusqu’à la fermeture du site historique en 1992, puis dans d’autres sites de Renault jusqu’à sa retraite. À l’exception de ses deux ans et demi de service militaire où il fut envoyé en Algérie, comme la plupart des jeunes de milieu populaire de sa génération, pour cette sale guerre coloniale qui fut parmi les premières racines de sa révolte.

À la CGT de Billancourt, à laquelle il avait adhéré, ce fut le sectarisme des staliniens du PCF, tout puissants à la direction du syndicat de l’époque, et la chasse aux sorcières qu’ils menaient pour dépister et exclure tout militant contestataire et en particulier les militants trotskystes, qui l’ont convaincu de rejoindre les rangs de ces dissidents-là. « Il suffisait de poser une question et déjà on était suspect », racontait Michel dans l’émission de France Culture, en 2002, citée en note. « Si des travailleurs discutaient avec les militants trotskystes d’une façon appuyée, alors tout de suite ils disaient, même si ce n’était pas vrai : “Ouh, celui-là, il en est !” […] On n’avait aucun moyen de contrôler tout ça ». Alors il a vérifié, discuté avec ceux qu’on lui désignait comme infréquentables : « C’est comme ça que je suis arrivé à militer dans les rangs du trotskysme. »

Et il y a milité toute sa vie, à Voix ouvrière où la politique à Renault était inspirée par l’expérience de Pierre Bois qui avait dirigé la grève de 1947. Michel avait adhéré à Voix Ouvrière au début des années 1960, organisation devenue ensuite Lutte Ouvrière, après sa dissolution par le gouvernement au lendemain de mai 1968.
Militant politique à l’usine, il y était aussi militant syndical, à la CGT au début, puis à la CFDT, où se sont retrouvés après 1968 nombre de militants révolutionnaires exclus de la CGT, à une époque où des secteurs comme celui de la métallurgie se disaient syndicalistes « de lutte ». Michel a été de toutes les luttes qui ont marqué l’histoire de Renault-Billancourt : 1968, grèves d’OS immigrés dans les années 1970…
À Lutte Ouvrière, lors des discussions suscitées par la fin de l’URSS, Michel a partagé les positions de la minorité qui a donné naissance à la Fraction l’Étincelle où il a donc milité jusqu’à aujourd’hui. Seule la maladie l’a écarté de l’activité militante concrète, pas des engagements et préoccupations révolutionnaires.

Michel était aussi un super copain, encourageant son entourage à un militantisme « écolo » bien avant que certains y mettent une étiquette : amour de la nature pratiqué entre autres par les randonnées en montagne, par le naturisme. Tout en militant pour la révolution mondiale, il était on ne peut plus attentif à tous les gestes de respect de notre environnement, et appartenait même à un « clan » de militants trotskystes de Renault qui ne militait pas que pour des revendications de caractère syndical. C’était la révolution dans les mœurs aussi.

Ces dernières années, tous les jeunes militants de la Fraction l’Étincelle et camarades de l’automobile du NPA, ont pu profiter de sa riche expérience et de sa soif de la transmettre.

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