Le 26 janvier 1917, Rosa Luxembourg écrivait, de prison, à une amie :
« Cette complète dissolution dans la vulgarité est pour moi tout à fait incompréhensible et intolérable. Vois, par exemple, comment Goethe s’élevait avec une supériorité sereine au-dessus des choses. Pense seulement à ce qu’il a dû vivre : la grande Révolution française, qui, à courte distance, devait lui sembler une force sanglante et sans aucun but, et ensuite, de 1793 à 1815, la série ininterrompue des guerres. Je ne te demande pas d’écrire des vers comme Goethe, mais son regard sur la vie —l’universalisme des intérêts, l’harmonie intérieure— cela peut être assimilé par quiconque, ou du moins, on peut s’efforcer d’y arriver. Et si tu me disais : Goethe n’est pas un militant politique, je pense que je te répondrais ceci : un militant doit justement s’efforcer de se mettre au-dessus des choses ; autrement il restera le nez plongé dans toutes sortes de saletés ; —bien entendu, je n’ai en vue ici qu’un militant de grand style... »
Le 26 janvier 1917, Rosa Luxembourg écrivait, de prison, à une amie :
« Cette complète dissolution dans la vulgarité est pour moi tout à fait incompréhensible et intolérable. Vois, par exemple, comment Goethe s’élevait avec une supériorité sereine au-dessus des choses. Pense seulement à ce qu’il a dû vivre : la grande Révolution française, qui, à courte distance, devait lui sembler une force sanglante et sans aucun but, et ensuite, de 1793 à 1815, la série ininterrompue des guerres. Je ne te demande pas d’écrire des vers comme Goethe, mais son regard sur la vie —l’universalisme des intérêts, l’harmonie intérieure— cela peut être assimilé par quiconque, ou du moins, on peut s’efforcer d’y arriver. Et si tu me disais : Goethe n’est pas un militant politique, je pense que je te répondrais ceci : un militant doit justement s’efforcer de se mettre au-dessus des choses ; autrement il restera le nez plongé dans toutes sortes de saletés ; —bien entendu, je n’ai en vue ici qu’un militant de grand style... »