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Révolte au Mali contre Moussa Traore

5 octobre 2009, 10:48, par MOSHE

A la UneAvenue de l’OUA : un gâchis impardonnable
La façon de circuler sur l’Avenue de l’OUA (de l’ancien pont à Badalabougou au monument de l’OUA à Faladiè) a changé au grand malheur des motocyclistes usagers. La piste cyclable réservée aux engins à deux roues, en plus de son mauvais état, ne se prête pas à un tel changement.

Lire la suite...3ème Mandat : le courage d’une dame
« Savoir, c’est porter la responsabilité d’agir ; et agir, c’est s’engager dans la voie de la réforme de la société. L’engagement est une responsabilité sociale de l’intellectuel », voilà la théorie philosophique que la présidente de la Cour constitutionnelle du Niger, Madame Salifou Fatimata BAZEYE, a pratiquée le vendredi dernier.

Lire la suite...26 Mars : "la fuite aurait été un aveu de culpabilité" dit Moussa Traoré
Écrit par Toure Sambi
Le 25 mars 1991 à 23 h, l’aide de camp du Président de la République conduit à travers les dédales du palais de Koulouba le commandant de la garde présidentielle venu appréhender le Chef de l’ État. Il lui indique le bureau ou le Chef de 14État est en entretien avec le ministre de la défense et tous les chefs d’état major à l’exception du chef d état major général des armées absent pour raison de santé.

Le Président de la République engage un dialogue de sourds avec le chef des prétoriens en attendant l’arrivée de l’aide de camp qui s’est fait annoncer. Ce dernier avec l’aide des gardes de corps volerait à son secours. L’arrivée de l’intéressé ne changera rien, lui aussi faisait partie de la conjuration. Moussa Traoré se leva et suivit les putschistes en compagnie des autres présents. Aucun d’eux ne prit la défense du Président de la République
Les putschistes proposent à Moussa Traoré de le faire déposer dans le pays de son choix avec tous ses parents et proches. L’intéressé refuse : « La fuite serait un aveu de culpabilité ». Il demande à passer devant la justice

Aux environs de 00 h, la nouvelle du putsch est annoncée. Le lendemain, une foule joyeuse envahit les rues en clamant le nom du vainqueur « ATT ! ATT ! ATT ! A bas Moussa Traoré ! » Comment en est on arrivé là ?

Le 23 mai 1990 :L’LTNTM fait une déclaration en faveur du multipartisme

Les 19-21 juin 1990 : A la conférence de la Baule, François Mitterrand prend position en faveur de l’instauration du multipartisme en Afrique francophone ; opposition de Hissen Habré du Tchad et Moussa Traoré du Mali à la proposition

le 23 juin 1990 : Attaque rebelle touareg contre Tidarmene

Les 1-2Août 1990 : Invasion du Koweït par Saddam Hussein. L’attention internationale se concentre sur cette partie du monde

Le 7 août 1990 : Lettre ouverte en faveur du multipartisme

Personnellement j’ai refusé de signer la lettre ouverte pour la simple raison qu’un choix devait intervenir entre la Patrie et le régime politique. L’histoire enseigne que le choix doit toujours se porter sur la Patrie, toute autre décision peut s’avérer mortelle pour la nation. Carthage a payé par sa destruction pour n’avoir pas voulu accroître les moyens d’Hannibal au lendemain de sa victoire de Canne, la quatrième, sur Rome. Une lutte implacable opposait la famille de Hannon le Grand à celle d’Hannibal pour la direction de Carthage. Hannibal aurait pu investir Rome et même, peut être, l’enlever.

En cas de guerre étrangère ou sécessionniste il faut éviter de diviser la nation en blocs antagonistes quelle que soit la justesse de la cause défendue.

Conférence ordinaire de l’UDPM pour examiner le problème du multipartisme. Elle n’ aboutit pas. La décision est renvoyée à plus tard.

Conférence extraordinaire de I’UDPM toujours au sujet du multipartisme. Elle n’aboutit à aucun changement.

Des conseillers suggèrent à Moussa Traoré de créer un front africain du refus du multipartisme. Il ne les suit pas .

1 décembre 1990 : Hissen Habré qui s’était opposé à Mitterrand, à la Baule, est renversé. Tueries massives à Timisoara ; en Roumanie, le président Ceausescu en est rendu responsable. Il est renversé, jugé en compagnie de son épouse. Les deux sont condamnés à ` mort et exécutés le même jour.

La suite des évènements permettra la manifestation de la vérité : les corps montrés à la télé étaient ceux de personnes décédées à la suite de mort naturelle, quelques jours auparavant, et qui n avaient pas été enlevés par les parents. Les cadavres maquillés ont été présentés au public comme étant ceux des victimes d’une répression ordonnée par Ceausescu.

Janvier 1991 : l’UNTM décrète deux jours de grève en faveur du multipartisme. Elle est suivie massivement.

Le pouvoir fait déployer les blindés à travers la ville de Bamako sans peut être savoir ou se souvenir qu’une décision identique avait facilité le putsch militaire contre Ben Bella en Juin 1965 à Alger.

21 mars 2991 à 22 h : Un accord intervient entre les dirigeants estudiantins et les représentants de l’État pour la reprise des cours le lendemain matin. Mais après, des inconnus ont rencontré les mêmes étudiants pour leur demander de continuer la grève. Moussa Traoré allait tomber et les nouvelles autorités leur alloueraient le triple de ce que les représentants du gouvernement avaient promis. Les étudiants reviennent sur l’accord avec les représentants de l’état sans pourtant en aviser ceux-ci. Les étudiants avaient à venger la mort d’Abdoul Karim Camara assassiné en 1980.

22 mars 1991 : Ouverture du feu sur des mendiants. La mort de Ramatoulaye Dembélé et autres, des passants, ne saurait masquer le fait que l’écrasante majorité des victimes n’ avaient rien à avoir avec les manifestations ; il n’est pas exclu que le scénario contre Ceausescu ait été repris contre Moussa Traoré mais si 1e scénario de Timisoara était seulement macabre celui de Bamako a été mortel, pire génocidaire de mendiants.

Des individus sadiques et cyniques, à la fois, placeront des cartes Adema Aeem Amdh et Cnid dans les poches des habits des victimes pour faire croire qu’il s’agit de manifestants. Depuis le 19 mars 1991 au plus tard la rumeur avait couru que l’armée ouvrirait le feu le 22 mars l991.

Des loubards stipendiés entrent dans les familles pour en obliger les membres à aller aux manifestations. Les refus seraient sanctionnés par l’incendie de la maison des récalcitrants. Les malheureux ainsi poussés dans la rue, à leur corps défendant, quand ils réclament à boire se voient proposer de l’eau dans laquelle de la drogue a été dissoute à leur insu

Les parents de militaires et d’éléments des forces de sécurité sont victimes d’agressions verbales et de menaces d’agressions physiques.

L’insécurité généralisée à Bamako fait de la déposition de Moussa Traoré la meilleure des solutions pour les familles de militaires.

A la bourse du travail, à la nouvelle de la tuerie intervenue quelqu’un se serait écrié « le sang a coulé, nous avons gagné ». Toutes sortes de supputations peuvent être tirées de ce cri de joie. Un charlatan a pu conseiller qu’on répande du sang humain si l’on souhaite provoquer la chute de Moussa Traoré et il aurait été suivi

23 mars 1991 : l’UNTM demande une augmentation de 50% des salaires et pour appuyer sa revendication lance le mot d ordre d’une grève illimitée ; en fait on est allé chercher le secrétaire général de l’UNTM qui a été promener à travers la ville et les cadavres lui ont été montrés comme les victimes de la tuerie ordonnée par Moussa Traoré .

A Moussa Traoré, isolé dans son palais, il a été fait cas de deux morts, des assaillants armés ayant tenté de donner l’assaut à un poste de police Lorsque le Président de la République rend visite à l’état major opérationnel du maintien d ordre il voit le chiffre de 23 victimes inscrit au tableau d information. Il s’en étonne et demande si le chiffre a été communiqué par la voie hiérarchique ; après avoir reçu une réponse affirmative , il promet de prendre ses responsabilités. Les putschistes prendront les leurs avant lui puisqu’il a laissé passer les journées des 24 et 25 Mars 1991.

26 mars 1991 : Moussa Traoré est renversé. Comme par hasard il était avec Hissein Habré les deux seuls à s’être opposés à Mitterrand à la Baule sur le problème de l’instauration du multipartisme.

Après la chute de Moussa Traoré le secrétaire général adjoint de l’UNTM avouera que la revendication de l’augmentation de 50% des salaires était impossible à satisfaire et qu’elle avait été formulée uniquement pour faire tomber Moussa Traoré.

Juillet 1991 : à la Conférence Nationale un officier subalterne, mandaté par on ne sait qui, vient présenter les excuses de l’armée au peuple : celle là aurait tiré sur celui-ci .

La déclaration apparaît comme un témoignage indirect de la responsabilité directe de Moussa Traoré dans les événements tragiques de Mars 1991.

Cette déclaration, avant la tenue du procès crimes de sang, est perçue dans le public comme un aveu de ceux qui, malgré eux mêmes, auraient ouvert le feu sur le peuple à la suite d’ordres reçus.

Novembre 1991 lors d une rencontre avec les partis politique et devant l’aggravation de l’ agitation estudiantine ATT a poussé ce cri du coeur « vous n’allez pas me faire ce que vous avez fait à Moussa Traoré »

Procès crimes de sang.

L’acte d’accusation remis à Moussa Traoré fait cas de plus de deux cents victimes alors que les derniers chiffres à sa disposition alors qu’il était toujours en fonction était de vingt trois morts.

Tout le monde a en mémoire les questions restées sans réponse du président de la Cour, Mallé Diakité : « Qui a tiré ? » « Qui a donné l’ordre de tirer ? »

Personne n’a tiré, personne n’a donné n’a donné l’ordre de tirer et pourtant il y aurait eu plus de deux cents cadavres.

Le verdict de la Cour sera de deux niveaux :

 La peine de mort contre l’ ancien Président de la République, l’ancien ministre de la défense, I ancien ministre intérimaire de la défense de la journée du 22 mars 199 let le chef d’ état major général des armées qui aurait refusé la proposition de faux témoignage contre Moussa Traoré en soutenant ne pas avoir reçu de lui l’ordre d’ouvrir le feu. Son refus lui aurait valu son arrestation, son inculpation pour crimes de sang et son déferrement devant la juridiction compétente.

 Les membres du BEC de 1 UDPM et du gouvernement sont acquittés.

Les condamnés sont les membres de la haute chaîne du haut commandement militaire. Sont ils des condamnés collatéraux ?

Procès crimes économiques

Le montant reproché à Moussa Traoré, pour vingt deux ans de pouvoir, est de FCFA 250.000.000 ( deux cents cinquante millions). A 1 énoncé du montant un Chef d’état africain, toujours en fonction, s écrie que son ancien homologue est un saint parce que, luimême, ses dépenses mensuelles sont plus élevées que le montant reproché .

Quand le juge en charge s’est présenté avec un dossier de deux cents millions Moussa Traoré lui aurait rétorqué qu’il ne s’expliquerait qu’à la présentation de l’ensemble du dossier de la somme de Fcfa 750 milliards( US$ 3 milliards) annoncée par les médias maliens comme étant le montant global de ses atteintes aux deniers publics.

Moussa Traoré, bouc émissaire dans la circonstance, a payé pour les autres, les véritables coupables ; un certain nombre de personnes, amis, adversaires et ennemis, se sont trouvées d’accord, au jour de la défaite, pour le confiner dans le rôle ingrat et épouvantable de bouc émissaire, génocidaire d’enfants : procédé éternel propre aux politiciens dont l’historien, le peuple et le véritable révolutionnaire ne sauraient se faire les complices.

L’ histoire est écrite non pas pour permettre à la génération présente et aux futures de s’extasier sur les périodes glorieuses ou de se lamenter sur les périodes sombres mais d’en tirer des leçons indispensables pour l’avenir.

Pour ceux qui souhaitent une évolution progressiste et soutenue de la société, seule la vérité est révolutionnaire, elle détient le monopole du difficile exercice d’une analyse concrète d’une situation concrète.

C’est sur le peuple, à son insu et sans qu’il ait sciemment voulu en courir le risque, que les coups de feux, avec l’intention de donner la mort ont été tirés. Le peuple ne saurait se contenter d’allégations mensongères.

On peut tromper tout un peuple un moment, on peut tromper une partie du peuple tout 1e temps, mais on ne saurait tromper tout le peuple tout le temps

1992 après les casses nombreuses de biens publics pendant des manifestations estudiantines violentes, le Président Alpha Oumar Konaré s’écrie : « vous savez ce que vous avez fait et Dieu sait ce que vous avez fait », faisant ainsi allusion aux événements de mars 1991, ce qui fera dire à maître Mountaga Tall que s’ il avait été le conseil de Moussa Traoré il aurait demandé la révision du procès de son client en raison d une information nouvelle de nature à permettre cela.

L’école malienne a été la grande victime des évènements de Mars 1991. Depuis cette date on ne saurait soutenir qu’une seule année scolaire ait pu se dérouler normalement. Il est souvent arrivé qu’une année blanche suive une première et en précède une troisième.

Pire la violence s’est installée dans l’espace scolaire aboutissant même à l’assassinat de Papou un étudiant de la FSJE en 2004/2005.

L’émigration à la recherche d’un emploi à la hauteur du diplôme malien n’est plus possible pour le jeune diplômé de notre système scolaire, les titres universitaires de notre pays ne représentant plus rien sur la scène internationale

Les évènements de Mars 1991 auront fracassé l’école malienne pour une période que nous craignons être longue privant ainsi nos enfants de débouchés extérieurs qui auraient pu suppléer au chômage massif et généralisé qui prévaut au Mali.

Tout le monde sait que l’école représente l’avenir des enfants, l’avenir de notre pays.

Un pays sans système scolaire valable se prépare des lendemains peut être difficiles. Que Dieu assiste notre pauvre peuple éprouvé.

La chute de Moussa Traoré, à la suite du massacre généralisé d’une partie de la population imputé à l’ancien Président de la République, a fait croire à des opposants d’autres pays qu’il suffit qu’une partie de la population accepte de se laisser massacrer par l’armée pour que celle-ci consente à se retourner contre le Président de la République pour le déposer. Cette erreur tragique d’interprétation a coûté la vie à des centaines de victimes, dans deux pays de la sous région, sans ébranler en quoi que ce soit le régime détesté.

. Ibrahima DIAKITE, ancien candidat aux présidentielles de 2002

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