Quelques considérations scientifiques de base d’un médecin sur le coronavirus
15 mars 2020, 07:09, par révoltant
Et s’il y a bien quelque chose que la pandémie de coronavirus rend visible et révèle, c’est toute une série de désordres pour lesquels nous portons, collectivement, une lourde responsabilité.
Une crise de l’hôpital public, contaminé par une vision strictement comptable de la santé, ainsi que des réformes successives, ont mené inexorablement au manque de lits pour les patients (–100 000 en une vingtaine d’années, et -17500 ces six dernières années), de personnel et de matériel en France.
Aujourd’hui en Italie, les médecins sont contraints de choisir qui sauver et qui laisser mourir du coronavirus, comme l’explique dans le quotidien La Croix un médecin de l’hôpital de Crémone :
« Depuis ces derniers jours, nous devons choisir qui intuber, entre un patient de 40 ans et un de 60 ans qui risquent tous les deux de mourir. C’est atroce et nous en pleurons, mais nous ne disposons pas d’appareils de ventilation artificielle en nombre suffisant . »
Certes notre service public de santé est – à ce jour – sans doute moins dégradé qu’en Italie, mais pour combien de temps, si nous continuons à laisser une vision arithmétique borgne des choses guider nos choix politiques ? Attendrons-nous la prochaine pandémie pour réaliser, impuissants, que nous nous sommes volontairement lié les mains dans le dos avant de sauter dans un torrent ?
Ce manque de vision à long terme, caractéristique de notre époque, touche également la recherche. « La science ne marche pas dans l’urgence ! » s’emportait il y a peu Bruno Canard, directeur de recherche au CNRS à l’université Aix-Marseille ; son équipe travaille sur les virus à ARN – dont les coronavirus. Ce spécialiste dénonce, à raison, les nouvelles orientations de la recherche publique qui délaissent la recherche fondamentale et le long terme :
Et s’il y a bien quelque chose que la pandémie de coronavirus rend visible et révèle, c’est toute une série de désordres pour lesquels nous portons, collectivement, une lourde responsabilité.
Une crise de l’hôpital public, contaminé par une vision strictement comptable de la santé, ainsi que des réformes successives, ont mené inexorablement au manque de lits pour les patients (–100 000 en une vingtaine d’années, et -17500 ces six dernières années), de personnel et de matériel en France.
Aujourd’hui en Italie, les médecins sont contraints de choisir qui sauver et qui laisser mourir du coronavirus, comme l’explique dans le quotidien La Croix un médecin de l’hôpital de Crémone :
« Depuis ces derniers jours, nous devons choisir qui intuber, entre un patient de 40 ans et un de 60 ans qui risquent tous les deux de mourir. C’est atroce et nous en pleurons, mais nous ne disposons pas d’appareils de ventilation artificielle en nombre suffisant . »
Certes notre service public de santé est – à ce jour – sans doute moins dégradé qu’en Italie, mais pour combien de temps, si nous continuons à laisser une vision arithmétique borgne des choses guider nos choix politiques ? Attendrons-nous la prochaine pandémie pour réaliser, impuissants, que nous nous sommes volontairement lié les mains dans le dos avant de sauter dans un torrent ?
Ce manque de vision à long terme, caractéristique de notre époque, touche également la recherche. « La science ne marche pas dans l’urgence ! » s’emportait il y a peu Bruno Canard, directeur de recherche au CNRS à l’université Aix-Marseille ; son équipe travaille sur les virus à ARN – dont les coronavirus. Ce spécialiste dénonce, à raison, les nouvelles orientations de la recherche publique qui délaissent la recherche fondamentale et le long terme :