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Les syndicats et nous ?

26 août 2017, 09:43

L’écrasante défaite du syndicat américain UAW (United Auto Workers, Travailleurs unis de l’automobile) à l’usine Nissan à Canton, au Mississippi, plus tôt ce mois-ci a suscité des critiques et des plaintes de la part des défenseurs de la bureaucratie syndicale parmi la pseudo-gauche .

Dans un article intitulé « Défaite écrasante » (« Crushing Blow »), le magazine Jacobin a qualifié la défaite de l’UAW de « rien de moins qu’un K.O. mettant fin dans l’avenir immédiat aux efforts de l’UAW pour organiser les grandes usines automobiles du Sud qui appartiennent principalement à des entreprises étrangères ».

Pour sa part, Socialist Worker, l’organe de l’International Socialist Organization (ISO), a décrit le vote comme une « défaite amère » qui a contribué « au débat urgent sur ce que ça prendra pour organiser les désorganisés dans le Sud ».

Les travailleurs de l’usine ont voté à 63% contre 37% contre la tentative de l’UAW de devenir le représentant des employés, à la suite d’une série de débâcles pour le syndicat et les entreprises automobiles dans le Sud américain. Pour chacune de ces élections, l’UAW a été incapable de donner la moindre raison aux travailleurs de voter pour la représentation syndicale. Dans l’échec du vote de représentation de 2014 à l’usine de Volkswagen à Chattanooga, au Tennessee, l’UAW a demandé et reçu l’appui public de la direction de l’entreprise.

À l’usine de Nissan au Mississippi, l’UAW n’a pas tenté de faire un appel de classe aux travailleurs promettant de meilleurs salaires et conditions de travail. Au lieu de cela, il a fait appel à la majorité des travailleurs noirs sur la base de leur ethnie, s’alliant aux organisations libérales et les politiciens démocrates afin de présenter le vote comme une question de droits civiques. Il a combiné ceci avec la promotion de sa vision corporatiste d’un « partenariat » de cogestion des entreprises, reflété dans le slogan « Pro-Nissan, Pro-Syndicat ».

L’UAW a invité le sénateur du Vermont Bernie Sanders et l’acteur Danny Glover pour faire la promotion du syndicat, comme si le bilan propatronal de l’administration Obama allait inspirer les travailleurs à voter pour le syndicat.

Le journal Socialist Worker admet que Nissan « a ajusté ses salaires pour qu’ils surpassent les salaires les plus élevés payés aux travailleurs de deuxième niveau au Big Three, éliminant d’emblée l’instrument de recrutement syndical le plus efficace : les meilleurs salaires et bénéfices de travailleurs syndiqués comparés à ceux des travailleurs non syndiqués ».

Par contre, il maintient un silence révélateur sur la signification du fait que Nissan paye ses travailleurs de second niveau mieux que les entreprises américaines de l’automobile où l’UAW a négocié des contrats pendant plus de 70 ans. Quel type de « syndicat » signe des conventions collectives permettant aux patrons de payer leurs membres moins que ceux des usines non syndiquées ?

La réponse est claire : une organisation de droite propatronale qui est hostile aux travailleurs ! L’ISO n’ose rien dire parce qu’elle appuie la bureaucratie de l’UAW et n’est pas moins hostile envers la classe ouvrière. S’il avait remporté le vote, l’UAW se serait dépêché de prouver son utilité envers la compagnie en l’aidant à réduire ses coûts de main-d’oeuvre davantage.

Les travailleurs de Nissan étaient conscients du rôle d’UAW et ne voulaient rien savoir d’eux. Loin de lutter pour augmenter les salaires, l’UAW se démène depuis presque 40 ans pour étouffer toute résistance aux bas salaires, aux augmentations du rythme de travail et à l’érosion des gains passés tels que l’assurance maladie et les pensions. Aujourd’hui, les travailleurs de deuxième niveau dans les usines représentées par l’UAW ne reçoivent pas beaucoup plus que l’équivalent du 5 $ par jour qu’Henry Ford payait à ses employés il y a 90 ans.

Pour essayer d’expliquer la plus récente défaite de l’UAW, les groupes de pseudo-gauche tels que l’ISO et Jacobin – dont le rédacteur en chef et l’éditeur, Bhaskar Sunkara, est un membre dirigeant des Democratic Socialists of America (DSA) – attribuent la défaite à la campagne antisyndicale des patrons. Dans la mesure où ils sont critiques de l’UAW, ils expliquent le résultat par des « faux pas » ou de « l’incompétence ». Labor Notes va plus loin et blâme les travailleurs de Nissan pour leur supposée « réticence à faire changer les choses ».

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