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Lutte de classe en Guinée ?

7 mai 2017, 08:20

La préfecture de Boké, ville minière d’environ 100 000 habitants, située à 300 kilomètres de Conakry est en ébullition depuis plus d’une semaine. Tout est parti d’un mouvement spontané de ras-le-bol, provoqué par un camion transportant de la bauxite qui a percuté un jeune conducteur de taxi-moto qui a succombé à ses blessures le lundi 24 Avril dernier.

La rage et la frustration des habitants de Boké accumulées durant des années ont explosé d’un coup. Pour exprimer leur exaspération face à la perte d’un des leurs, causée par une société minière, les jeunes s’en sont pris aux édifices publics. Le siège d’électricité de Guinée, la mairie ont entre autres été la cible des manifestants. Les jeunes ont ensuite investi durant quatre jours les rues de la ville et se sont affrontés aux forces de l’ordre. Le bilan est lourd : 29 blessés dont 9 par balles, selon les statistiques de l’hôpital régional, avec au moins une victime tuée dans les accrochages avec les forces de sécurité. Se sentant menacés, le préfet, le gouverneur et le maire se sont réfugiés à Kamsar une sous-préfecture de Boké abritant l’usine de traitement de la CBG.

Ce mouvement de revendication qui a démarré de façon spontanée s’est organisé petit en petit autour de plusieurs points de revendications soumises aux autorités par les meneurs de la manifestation. Les protestations contre les délestages d’eau et du courant électrique en ville se sont au fil des heures et des jours muées en manifestations généralisées contre les sociétés minières évoluant dans la région, en première ligne la SMB, GAC-EGA, la CBG etc… cette manifestation d’une ampleur et d’une violence inédites paralyse la ville et contraint les activités des sociétés minières au ralenti. Les manifestants ayant décidé de bloquer tout engin roulant appartenant aux sociétés minières. Une situation qui laisse transparaitre un malaise général dans cette région en proie à la surexploitation minière, dont les retombées ne sont pratiquement pas perceptibles par les pauvres populations

Malgré un retour au calme précaire, la tentative de négociation des autorités de Conakry qui ont dépêché sur place le gouverneur de Conakry, puis le ministre des mines, n’a pas réussi à faire infléchir la détermination de la jeunesse du kakandé, qui n’entend céder pour rien jusqu’à la satisfaction de la totalité de sa plateforme revendicative.

Une semaine après le début du mouvement, les autorités locales n’ont toujours pas réussi à faire infléchir la population de Boké, en première ligne la jeunesse qui demeure pour l’heure intraitable sur sa trentaine de points de revendications parmi elles : l’emploi des jeunes de Boké dans les sociétés minières ; la fourniture d’eau et d’électricité ; la nomination des ressortissants de la région aux fonctions administratives, le bitumage de toute la voirie urbaine et la construction d’une contournante pour les camions chargés du minerai de bauxite pour éviter les accidents et la poussière, etc….

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