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Syndicalisme en Irak

22 décembre 2013, 20:51

Dans un rapport récent, Ewa Jasiewicz décrit la lutte de travailleurs d’une usine de briques qui fait partie d’un complexe industriel majeur à trente miles à l’est de Bagdad.

Après avoir enduré des conditions terribles - et un salaire de 3 000 dinars par jour, soit l’équivalent de 1,50 $ pour un temps de 14 heures de travail - les trois quarts des ouvriers ont débrayé en octobre. Ils ont marché jusqu’aux bureaux de l’administration et ont demandé une augmentation salariale, un contrat de travail en bonne et due forme, des installations médicales sur le site et une pension de retraite.

« Le propriétaire ne se doutait pas du tout qu’un syndicat avait été formé, et il leur a dit : "Parfait, faites votre grève, je vous licencie, d’autres vont prendre votre place", écrit Jasiewicz. Les travailleurs ont répondu en allant chez eux chercher des armes et ont formé spontanément un piquet de grève armé. »

« Armés de mitrailleuses et de kalachnikovs, les ouvriers ont gardé l’usine et ont défendu leur grève contre les "scabs" [jaunes]. Le propriétaire, moins bien armé, a fini par accorder aux ouvriers une hausse de 500 dinars - 25 cents - et a accepté d’entrer en négociation à propos des bénéfices sociaux et des améliorations sanitaires. La grève a été considérée comme un succès massif par tout le monde. »

David Bacon estime que les groupes antiguerre pourraient faire beaucoup en se concentrant sur des luttes comme celle-ci, au moins pour que « les gens aux États-Unis puissent regarder l’Irak autrement et voir des gens normaux », dit-il.

Par ailleurs, faire connaître la vérité sur les luttes syndicales en Irak peut ajouter à la remise en question grandissante de l’occupation américaine quand, par exemple, des syndicalistes américains apprendront que les politiciens de Washington ont fait de la syndicalisation un crime en Irak.

« ça fait réfléchir, dit Bacon à propos des histoires de militantisme d’Irakiens ordinaires, parce que l’on peut comprendre ce que sont les difficultés et comprendre que les gens font des trucs courageux et qu’ils prennent des risques. »

Et il continue : « Il y a quelque chose de très familier dans tout ça. Les circonstances sont différentes, la langue est différente, les types de problème auxquels les gens font face sont quelquefois familiers, quelquefois différents. Mais l’expérience de se tenir debout dans une usine et de parler aux ouvriers à propos de leurs problèmes, et entendre ce qu’ils ont à dire, ça m’est très familier. On peut y voir l’universalité de la classe ouvrière qui tente de s’organiser. »

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