Accueil > ... > Forum 5206

Pour le peuple travailleur haïtien, j’accuse...

21 novembre 2010, 10:57, par Robert Paris

Trois jours après le séisme on pouvait lire :

Après l’hébétude, la colère et l’impatience. Au troisième jour de leur calvaire, les survivants du séisme dévastateur de mardi commençaient à perdre leur calme, hier, face à la lenteur des secours. Car l’eau et la nourriture se faisaient de plus en plus rares alors que le thermomètre flirtait avec les 40 degrés dans ce Port-au-Prince à moitié détruit, aux rues toujours jonchées de cadavres. Une nouvelle cause d’angoisse pour les quelque 3 millions d’habitants de la capitale haïtienne, amputée d’au moins 50 000 habitants par le séisme, et tentant de soigner ses 250 000 blessés. Aujourd’hui, ce sont aussi 300 000 sans abri, qui errent dans les rues. « Tant que les gens auront faim et soif, tant que l’on ne résoudra pas le problème du manque de logement, on court le risque d’avoir des émeutes », a mis en garde le ministre brésilien de la Défense, Nelson Jobim, après avoir rendu visite à ses troupes, principal contingent des casques bleus de la MINUSTAH, la mission des Nations Unies en Haïti.

La violence des affamés
« Les gens ne peuvent pas cuisiner, ils n’ont pas de gaz, pas d’eau et n’ont pas d’endroit où se préparer à manger », a expliqué la porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), à Genève, Emilia Casella. « Pour l’instant, ce que nous avons pu faire n’est qu’une goutte dans l’océan », souffle-t-elle. Nouvelle rassurante dans ce chaos où chacun craint une explosion de violence des affamés : le principal entrepôt du PAM à Port-au-Prince, renfermant 6000 tonnes d’aide alimentaire, n’a pas été pillé, comme la rumeur l’a un moment fait croire.

« Nous sommes tous conscients que la situation empire et se tend alors que les plus pauvres attendent de l’aide », constatait David Wimhurst, porte-parole de la MINUSTAH. « La situation est très difficile et très tendue », assurait de son côté Salavat Mingaliev, chef d’une équipe russe de sauveteurs qui, vu l’insécurité, a suspendu ses recherches à la tombée de la nuit. Il faut dire que des petits groupes de jeunes armés de machettes sillonnent les rues de la capitale. « Ils prennent tout. Qu’est-ce qu’on peut faire ? » se lamente Michel Legros, 53 ans, attendant devant sa maison qu’on l’aide à rechercher sept de ses parents enfouis sous les gravats.

La police haïtienne semble avoir disparu, probablement aussi touchée par la catastrophe que le reste de la population, et le maintien de l’ordre repose entièrement sur les 3000 policiers et soldats de l’ONU, qui conseillent aux convois humanitaires de se faire escorter par des hommes armés.

Armada américaine
Mais voilà, dans cet enfer qu’est devenu Port-au-Prince, il n’y a guère de place pour les miracles, et les sinistrés vont devoir encore attendre. Attendre que l’énorme opération internationale de secours se mette en place et déploie ses effets. Hier, un premier élément positif est apparu au large d’Haïti sous la forme de l’USS Carl Vinson. Porte-avions nucléaire envoyé par Barack Obama, ce formidable bâtiment, avec 19 hélicoptères à bord, symbolise le rôle de leader que les Etats-Unis vont prendre dans les opérations. Le président américain est d’ailleurs intervenu pour la troisième fois depuis le séisme à la télévision, répétant que les Haïtiens ne seraient pas abandonnés.

Toutefois, avant de pouvoir distribuer aide et soins d’une manière la plus rationnelle possible, les secouristes venus du monde entier veulent être sûrs qu’ils pourront le faire en toute sécurité. C’est pour éviter une répétition des cas de menaces et de pillages à l’encontre de certaines équipes déjà sur place que les Etats-Unis vont déployer plusieurs milliers de soldats. Jusqu’à dix mille d’ici à lundi, a affirmé le chef d’état-major interarmées, l’amiral Mullen.

Hier enfin, premiers éléments de cette armada US, les parachutistes de la 82e division aéroportée ont pris position dans l’aéroport Toussaint-Louverture. Bien que déjà complètement engorgé, avec son unique piste et sa tour de contrôle gravement endommagée, l’aéroport de Port-au-Prince est destiné à devenir la plaque tournante de cette aide humanitaire dont les sinistrés ont un urgent besoin.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.