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Le 20 février, la manifestation gagne le Maroc

8 février 2011, 08:54, par Idir

En définitive, que peut-on donner d’autre à un chômeur, formel ou informel récent ou endurci, à se mettre sous la dent qu’un discours d’un lendemain meilleur qui n’arrive jamais et qui donne creux au ventre autant qu’il met à mal la raison de vivre ! Les sans-emploi ne les ayant jamais eues ou les ayant perdues, sont en déshérence sociale à défaut d’encadrement politique et syndical. Tout porte à croire que la pléthore de centrales syndicales de même que la multiplicité à l’infini de partis politiques, n’ont d’yeux que pour leur “mourid” (adeptes utilitairement inconditionnels). Une maladie infantile qui mine notre crédibilité représentative syndicalo-politique, l’un dans l’autre ou séparément.
Entre temps, la ménagère est prise à la gorge et son panier, lui, est pris en otage au prorata d’un porte-monnaie à bout de souffle. Les prix flambent. Le coût de la vie s’est complètement déconnecté du pouvoir d’achat. On en arrive au point que les légumes deviennent hors de portée du Marocain moyen moins ou même moyen plus.
C’est à désespérer de devenir végétarien. Cela reviendrait beaucoup trop cher. Ou bouillir la marmite dans une chambre à un minima de mille dirhams de loyer, avec sanitaire commun et la proximité asociale en prime ! Le smig à 1.850 dirhams et le chômage endémique à zéro revenu, y sont pour beaucoup dans cette situation déplorable qui gangrène notre corps social. Le problème, c’est que les notables qui président à notre destinée locale et nationale, élective ou quasiment prédestinée, calculent la dangerosité de ce contexte à l’aune de leur longévité politique ou du bail de leur prise en charge de la chose publique.
Sous un ciel, à la fois ombrageux, clément et généreux, la grogne monte du tréfond d’une société en quête d’espérance.
Une attente que l’institut britannique qui nous a sondés a calculée en termes de risque de déflagration sociale. Nous avons été ainsi classés au 98ème rang, sur un total de 164 pays. Nous avons été affectés d’un taux de risque plus élevé que la Tunisie, l’Egypte ou encore la Jordanie ; mais moins que le Syrie, l’Arabie Saoudite, ou l’Algérie. Au terme de ce classement, le Maroc aura quand même régressé, du point de vue du risque social, par rapport à 2007. Sa vulnérabilité, ainsi calculée selon des paramètres qui se veulent objectifs, a pour principal appui sa fragilité sociale. Voilà une référence qui ne laisse pas indifférent, à moins que l’on soit atteint de tropisme politique ou d’amnésie sociétale. Les émeutes sanglantes du 20 juin 1981 sont encore dans toutes les mémoires. Les aînés, pas si vieux qui ça, les ont racontées aux cadets.
Il ne s’agit pas de faire du sensationnalisme alarmiste, mais on n’en est pas loin, au regard de tous les indicateurs de risque d’explosion sociale, qu’à Dieu ne plaise. Il serait, tout de même, proprement affligeant que l’on en arrive à une nouvelle révolte du pain, de type agraire en milieu urbain, façon XVIIIème ou XIXème siècle, alors que l’on clame haut et fort l’avènement d’un Maroc de solidarité et de modernité. Un vœu qui tarde à se matérialiser, au-delà de toutes le conjonctures.

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