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La sécurité des centrales nucléaires françaises est de plus en plus mise en cause...

18 novembre 2021, 21:11, par NucleaireSTOPauxcatastrophes

Centrale du Tricastin : EDF triche avec la sûreté nucléaire
Un ingénieur d’EDF porte plainte contre EDF

Après les révélations de fraude à la centrale du Tricastin par Médiapart en 2019, Le Monde annonce le dépôt d’une plainte à l’encontre d’EDF et de la direction de la centrale nucléaire du Tricastin.
C’est dans son édition de vendredi 12 novembre 2021, que le journal Le Monde révèle l’information : « une plainte a été déposée au début d’octobre devant le tribunal judiciaire de Paris. Elle vise EDF et la direction de la centrale du Tricastin aux chefs [notamment] de mise en danger de la vie d’autrui […] ». L’auteur de la plainte n’est autre qu’un ingénieur d’EDF, membre de la direction de la centrale du Tricastin.

Ce que révèle l’article du Monde avait déjà été pointé par Médiapart dans son article du 19 juillet 2019, intitulé « Centrale du Tricastin : EDF triche avec la sûreté nucléaire ». Les exemples cités sont édifiants : non-respect des procédures générales, déclarations tardives voire non déclarations d’incidents, recours à l’intimidation de la part de la direction de la centrale, fraude à la déclaration d’accidents du travail avec arrêt, etc.

Au vu de ces constats, on ne peut que s’interroger : combien d’incidents relatifs à la sûreté des centrales sont correctement portés à la connaissance de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), combien sont minorés ou carrément dissimulés ?

En dépit de ses inspections, l’ASN n’est guère armée pour faire face aux fraudes. C’est ce qu’avait démontré le scandale de l’usine du Creusot avec des irrégularités, voire des falsifications, dans des dossiers de fabrication de pièces en acier pourtant vitales pour la sûreté des réacteurs nucléaires.
Dans son témoignage au Monde, l’ingénieur du Tricastin confirme que cette politique touche également directement EDF et le fonctionnement des réacteurs : « On a tellement bien dissimulé certains incidents que l’ASN ne les a pas vus, c’est très grave. ».

Ce sont les fondements même de la sûreté nucléaire qui sont remis en question par ces pratiques de dissimulation, le système étant fondé sur un processus de déclaration et sur la transparence des exploitants nucléaires.

La plupart des inspections de l’ASN dans les installations nucléaires de bases sont des inspections programmées. Les exploitants ont donc le temps de les anticiper et de montrer leurs installations sous le meilleur jour possible. S’il y a délibérément de la part des exploitants des falsifications et des dissimulations comment garantir la détection d’anomalies par l’ASN ? Bien qu’elle ne puisse être en permanence présente sur les sites, pourquoi l’ASN n’a-t-elle pas plus souvent recours à des inspections inopinées ?

L’inquiétude de la CRIIRAD sur la sûreté des installations nucléaires tient également aux témoignages de salarié·es d’EDF qui sont de plus en plus nombreux.ses à faire état de la forte dégradation de la culture de la sûreté au sein de l’entreprise. Malheureusement, au sein de la filière nucléaire, parmi les experts officiels (IRSN) et même au sein de l’ASN, la parole reste muselée. Le sort réservé à celles et ceux qui osent parler maintient tout le monde dans le silence : licenciement de Christine Fassert, chercheuse à l’IRSN ; mise à pied et sanctions disciplinaires de Gilles Rénaud, Chef de chantier chez Orano Démantèlement et services, …

C’est la centrale nucléaire la plus importante de France, car c’est là que se joue l’avenir du parc : le réacteur numéro 1 du site du Tricastin (à cheval entre la Drôme et le Vaucluse) connaît actuellement la première visite des 40 ans, la « quatrième visite décennale » en langage nucléaire. Pour EDF, c’est le rendez-vous le plus important de l’année, car Tricastin est « une tête de série », la première installation à subir cette inspection en profondeur par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Selon de nombreux témoignages, des documents internes, des vidéos et des photos recueillis depuis plusieurs mois par Mediapart, les problèmes s’accumulent sur ce site. Interrogé dans le cadre de cette enquête, le groupe assure respecter les règles qui s’imposent à lui. Également sollicitée par Mediapart, l’ASN est plus sévère. En 2017 le site de production nucléaire avait été placé sous contrôle renforcé. Le gendarme du nucléaire déclare rester « vigilant » sur le sujet (l’intégralité de leurs réponses à nos questions peut être lue sous l’onglet Prolonger de cet article).

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