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La crise grecque, une pécadille qui cache mal la catastrophe de la crise chinoise

19 janvier 2016, 18:56

Le 23 octobre 2015, la Banque populaire de Chine avait ainsi abaissé ses taux directeurs pour la sixième fois en un an. Mais le sentiment que le gouvernement chinois, par son modèle autoritaire et sa capacité à guider les investissements, dispose d’une baguette magique pour diriger à sa guise son économie s’est largement estompé. « Les décideurs chinois ont toujours de l’espace pour appuyer la croissance à court terme par des outils monétaires et fiscaux, mais la traction limitée que génèrent les mesures adoptées jusqu’à présent a miné la confiance en les compétences de gestion économique du gouvernement », constate Eswar Prasad, professeur d’économie à l’université de Cornell et ancien chef de la division chinoise du FMI.

En phase de ralentissement, le gouvernement est contraint d’ajuster ses ambitions et de l’admettre publiquement. Le secrétaire du Parti communiste et président de la République populaire, Xi Jinping, avait fait savoir, le 3 novembre, qu’une croissance annuelle de 6,5 % serait tolérable sur les années menant jusqu’en 2020. Ce rythme suffira à ses yeux à réaliser la promesse faite à la population : un doublement du revenu moyen des Chinois entre 2010 et 2020. Le PCC pourrait ainsi se féliciter d’avoir tenu son objectif : avoir établi une société dite de « modeste prospérité » à l’horizon du centième anniversaire de sa fondation, en juillet 1921 à Shanghaï.

Cette transition, qui traduit le rééquilibrage voulu par Pékin du modèle économique, commence à porter ses fruits. Représentant désormais 50,5 % du PIB, le secteur des services couvre pour la première fois plus de la moitié de l’économie chinoise. Mais la mue vers une économie moderne se révèle toutefois semée d’embûches, des obstacles qui se révèlent d’autant plus déstabilisateurs que la Chine, seul pays à avoir hissé son PIB au-dessus des 10 000 milliards de dollars (9 197 milliards d’euros) avec les Etats-unis, est aujourd’hui un acteur majeur de l’économie mondialisée. Un éternuement sur les Bourses de Shanghaï et Shenzhen, et ce sont le marchés du monde entier qui s’enrhument.

Or, actuellement, le colosse chinois montre des signes de faiblesse. Il y a eu au début de l’été 2015 la déroute boursière. Une plus importante dégringolade, qui aurait menacé d’infecter l’économie réelle, a été évitée mais au prix fort. L’Etat est intervenu en achetant massivement des actions. Il reproduit ce schéma depuis les premiers jours de 2016, pour endiguer une nouvelle chute intervenue dès la première séance de l’année. Dans ces moments de fortes tensions, l’attitude hésitante des autorités chinoises contribue à l’inquiétude générale. L’exemple le plus probant de ces tâtonnements étant la mise en place, puis son retrait le 7 janvier, quatre jours après son entrée en vigueur, d’un coupe-circuit boursier en cas de trop forte chute des indices.

Afin d’enrayer la chute des cours, Pékin a ordonné que les actionnaires détenteurs de plus de 5 % des titres d’une entreprise n’aient pas le droit de vendre leurs actions au cours des trois prochains mois, et plusieurs maisons de courtage font l’objet d’enquêtes. Le président de la commission de régulation boursière, Xiao Gang, se retrouve désormais dans la tourmente politique, mais sa mission, le maintien de la stabilité boursière à tout prix, semblait irréalisable. Une question à quelques centaines de milliards d’euros est désormais posée : combien de temps Pékin peut-il retenir un marché gagné par le pessimisme ?

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