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Maroc : l’explosion ouvrière

27 juin 2018, 06:01

Tous les accusés ont été emprisonnés et poursuivis pour leur participation au mouvement du « hirak », qui s’était déclenché après le 28 octobre 2016 dans la région du Rif. Ce jour-là, un jeune vendeur de poisson, Mohcine Fikri, de la ville côtière d’Al-Hoceima, avait trouvé la mort dans des conditions terribles : broyé par une benne à ordures au moment où il tentait d’empêcher la police de détruire sa marchandise, pêchée illégalement et tout juste saisie par des agents locaux. Dans cette région enclavée, rongée par le chômage, les circonstances de ce décès avaient déclenché un vaste mouvement populaire exigeant la justice mais aussi des projets de développement, du travail, la fin de l’arbitraire.

Pendant près d’un an, les manifestations s’étaient succédé, mêlant des habitants de tous horizons, jeunes, hommes, femmes et enfants, confrontés aux mêmes difficultés de vie, jusqu’à ce qu’au printemps 2017, les autorités décident de mettre un terme au mouvement, arrêtant des centaines de personnes, faisant taire la contestation en déployant des milliers de policiers et militaires dans la zone. Le Monde, qui s’était rendu pour la troisième fois à Al-Hoceima en août 2017, avait découvert une ville vivant sous une chape de plomb.

Si une partie des jeunes interpellés à cette époque ont été jugés à Al-Hoceima, ceux que les autorités considéraient comme les meneurs, ont été transférés à Casablanca et poursuivis pour de lourdes charges. Ces dernières semaines, une grande partie des accusés avaient décidé de boycotter le procès, dénonçant une justice inique.

A l’annonce du verdict, dans la nuit de mardi à mercredi, plusieurs tentatives de manifestations ont été réprimées par la police à Al-Hoceima et à Imzouren, selon des sources locales. Sur les réseaux sociaux, beaucoup ne cachaient pas leur colère ou leur amertume face à un verdict d’une telle sévérité, et au moment où le pays est confronté à des revendications sociales grandissantes.

Le verdict, rendu dans la nuit du mardi 26 au mercredi 27 juin par la chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca, est d’une grande sévérité pour une partie des cinquante-trois accusés, dont Nasser Zefzafi, 40 ans, devenu la figure emblématique de ce mouvement.

Vingt ans de prison. C’est la peine à laquelle ont été condamnés quatre des jeunes Rifains considérés comme les meneurs du « hirak » (« mouvance »), ce mouvement de contestation sociale qui avait agité le nord du Maroc en 2016-2017.

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