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EDITO :
L’été, c’est le moment de visiter les colos !
C’est juste après une visite au Gabon françafricain que la marionnette a fait trois petits tours dans les confettis de l’empire colonial, en Martinique puis en Guadeloupe, visite rapide par prudence, parce que le terrain est encore chaud.
En visiteur généreux, il apporte quelques cadeaux : des millions pour ses hôtes les patrons-békés. Par contre, pour la population travailleuse, pas d’emplois, pas de hausse des salaires. Que de la pacotille : une "autonomie éventuelle de la Martinique", manière de recrédibiliser les "élites" locales qui serait assortie d’une réduction des aides de la métropole ! Les 1200 gendarmes accompagnant ce déplacement étaient là pour rappeler que le bâton n’est pas très loin de la carotte. Rien d’étonnant puisque, malgré les Etats généraux, il n’est pas question d’en finir avec la monopolisation des richesses par les familles békés.
En Guadeloupe, la mobilisation est encore telle que la manœuvre des Etats généraux ne pouvait même pas être cautionnée par le LKP qui appelait à la mobilisation dès lundi avec une grève reconductible de 24 heures, accompagnée de « rendez-vous de solidarité » devant les entreprises en grève. Cet appel timide est en deçà de ce que la population a déjà entrepris avec les barrages des stations service. Des revendications qui étaient sorties du mouvement du début de l’année aux Antilles, rien n’a encore abouti. Les prix des denrées mises sur une liste ont peut-être baissé, mais on ne les trouve plus ; les salaires ont augmenté, subventionnés temporairement par l’Etat, mais les grands patrons ne paient pas d’augmentation et le chômage explose.
Les signataires de l’ « accord de sortie de grève » estiment eux-mêmes avoir été roulés dans la farine. Alors qu’ils avaient le rapport de force avec eux, les syndicats ont négocié à la baisse pour n’effrayer personne. Et après la victoire en chantant, ils geignent que ces méchants patrons et gouvernants ne respectent pas leur parole.
De l’autre côté de l’Atlantique, les « il ne faut pas généraliser la grève » de la CGT nous montrent les limites des dirigeants syndicaux qui se disent « réalistes et constructifs », pour l’unité syndicale mais contre l’unité ouvrière, pour négocier dans le dos des travailleurs les fermetures, des suppressions d’emplois sous prétexte de « sauver de la fermeture », pour négocier la casse des retraites sous prétexte de « sauver le système de retraite ». Résultat : le SMIC au minima, la retraite envisagée à 67 ans, des attaques renouvelées contre la Sécu et l’Hôpital public, des milliers de suppressions d’emplois dans la fonction publique et de nouvelles mesures pour aider les patrons à mettre au chômage partiel et à licencier. Quant à l’emprunt de Sarkozy, le projet soumis aux syndicats est plus que claire : cent milliards d’endettement supplémentaire (avec profits aux gros prêteurs) dont 85 milliards à 19 banques (encore !), 3,7 milliards aux patrons de la construction, 6 milliards aux patrons de l’Automobile et 1,7 milliards aux patrons de la recherche. Enfin, 12,8 milliards aux patrons des autres sociétés privées. Pour trouver des solutions il va falloir bientôt, comme la population Antillaise, lever le poing et relever la tête !
S’il est une histoire que nous devons partager avec le peuple Antillais c’est celle de luttes comme la Commune de Paris en 1871 qui affichait : « Citoyens, Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre vie, souffrant des mêmes maux. Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne consultent que leur propre intérêt et finissent toujours par se considérer comme indispensables. Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l’action ; ils sacrifieront tout à un beau discours, à un effet oratoire ou à mot spirituel. Évitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère. Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c’est aux électeurs à choisir leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter. Citoyens, Nous sommes convaincus que si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considèrent jamais comme vos maîtres. »
Aux Antilles comme en métropole, « la lutte contre l’exploitation » doit se doter, face à une crise qui ne fait que de commencer, comme en 1871, de comités des exploités désignant clairement ses adversaires : les exploiteurs qui monopolisent la terre, les richesses et le pouvoir.