Accueil > 05 - Livre Cinq : ECONOMIE POLITIQUE

05 - Livre Cinq : ECONOMIE POLITIQUE

L’économie est politique, c’est-à-dire déterminée par les intérêts économiques des classes sociales et l’histoire de leur combat

"Je fais remarquer une fois pour toutes que j’entends par économie politique classique toute économie qui, à partir de William Petty, cherche à pénétrer l’ensemble réel et intime des rapports de production dans la société bourgeoise, par opposition à l’économie vulgaire qui se contente des apparences, rumine sans cesse pour son propre besoin et pour la vulgarisation des plus grossiers phénomènes les matériaux déjà élaborés par ses prédécesseurs, et se borne à ériger pédantesquement en système et à proclamer comme vérités éternelles les illusions dont le bourgeois aime à peupler son monde à lui, le meilleur des mondes possibles."

Karl Marx dans "Le Capital"
(1867)

"C’est dans l’économie politique qu’il convient de chercher l’anatomie de la société civile."

Karl Marx - Avant-propos de la critique de l’économie politique (1859)

"L’économie politique qui tient les rapports de propriété privée pour des rapports humains et rationnels se trouve en contradiction permanente avec son hypothèse de base : la propriété privée"

Karl Marx

dans "La sainte famille"

"D’après la conception matérialiste de l’histoire, le facteur déterminant dans l’histoire est, en dernière instance, la production et la reproduction de la vie réelle. Ni Marx, ni moi-même n’avons jamais affirmé davantage. Si ensuite, quelqu’un torture cette proposition pour lui faire dire que le facteur économique est le seul déterminant, il la transforme en une phrase vide, abstraite, absurde. La situation économique est la base, mais les divers éléments de la superstructure - les formes politiques de la lutte des classes et ses résultats -, les Constitutions établies une fois la bataille gagnée par la classe victorieuse, etc., les formes juridiques, et même les reflets de toutes ces luttes réelles dans le cerveau des participants, théories politiques, juridiques, philosophiques, conceptions religieuses, et leur développement ultérieur en systèmes dogmatiques, exercent également leur action sur le cours des luttes historiques et, dans beaucoup de cas, en déterminent de façon prépondérante la forme. Il y a action et réaction de tous ces facteurs au sein desquels le mouvement économique finit par se frayer son chemin comme une nécessité à travers la foule infinie de hasard. (...) Sinon, l’application de la théorie à n’importe quelle période historique, serait, ma foi, plus facile que la résolution d’une simple équation du premier degré. (...) C’est Marx et moi-même, partiellement, qui devons porter la responsabilité du fait que, parfois, les jeunes donnent plus de poids qu’il ne lui est dû au côté économique. Face à nos adversaires, il nous fallait souligner le principe essentiel nié par eux, et alors nous ne trouvions pas toujours le temps, le lieu, ni l’occasion de donner leur place aux autres facteurs qui participent à l’action réciproque. (...) Mais, malheureusement, il n’arrive que trop fréquemment que l’on croit avoir parfaitement compris une nouvelle théorie et pouvoir la manier sans difficulté, dès qu’on s’en est approprié les principes essentiels, et cela n’est pas toujours exact"

Engels, lettre du 21 septembre 1890 à J. Block

"Tous les intérêts, toutes les passions qui déchirent la société exercent leur influence sur le développement de la science, surtout de l’économie politique, qui est la science de la richesse et de la pauvreté."

Léon Trotsky

dans "Le marxisme et notre époque"

"L’équilibre capitaliste est un phénomène très complexe ; le régime capitaliste construit cet équilibre, le rompt, le reconstruit et le rompt de nouveau en élargissant en même temps les cadres de sa domination. Dans le domaine économique, les crises et les recrudescences d’activité constituent les ruptures et les rétablissements de l’équilibre. Dans le domaine des relations entre les classes, la rupture d’équilibre consiste en grèves, en lock-outs, en lutte révolutionnaire."

Léon Trotsky

dans "Nouvelle étape"

"L’économie politique cache l’aliénation dans l’essence du travail par le fait qu’elle ne considère pas le rapport direct entre l’ouvrier (le travail) et la production. Certes, le travail produit des merveilles pour les riches, mais il produit le dénuement pour l’ouvrier. Il produit des palais, mais des tanières pour l’ouvrier. Il produit la beauté, mais l’étiolement pour l’ouvrier. Il remplace le travail par des machines, mais il rejette une partie des ouvriers dans un travail barbare et fait de l’autre partie des machines. Il produit l’esprit, mais il produit l’imbécillité, le crétinisme pour l’ouvrier. [...] Nous n’avons considéré jusqu’ici l’aliénation, le dessaisissement de l’ouvrier que sous un seul aspect, celui de son rapport aux produits de son travail. Mais l’aliénation n’apparaît pas seulement dans le résultat, mais dans l’acte de production, à l’intérieur de activité de production elle-même. [...] Or, en quoi consiste l’aliénation du travail ? D’abord, dans le fait que le travail est extérieur à l’ouvrier, c’est-à-dire qu’il n’appartient pas à son essence, que donc, dans son travail, celui-ci ne s’affirme pas mais se nie, ne se sent pas à l’aise mais malheureux, ne déploie pas une libre activité physique et intellectuelle, mais mortifie son corps et ruine son esprit. C’est pourquoi l’ouvrier n’a le sentiment d’être auprès de lui-même qu’en dehors du travail et, dans le travail, il se sent en dehors de soi. Il est comme chez lui quand il ne travaille pas et, quand il travaille, il ne se sent pas chez lui. Son travail n’est donc pas volontaire, mais contraint, c’est du travail forcé. Il n’est donc pas la satisfaction d’un besoin, mais seulement un moyen de satisfaire des besoins en dehors du travail. Le caractère étranger du travail apparaît nettement dans le fait que, dès qu’il n’existe pas de contrainte physique ou autre, le travail est fui comme la peste. Le travail extérieur, le travail dans lequel l’homme s’aliène, est un travail de sacrifice de soi, de mortification. Enfin, le caractère extérieur à l’ouvrier du travail apparaît dans le fait qu’il n’est pas son bien propre, mais celui d’un autre, qu’il ne lui appartient pas, que dans le travail l’ouvrier ne s’appartient pas lui-même, mais appartient à un autre. [...] On en vient donc à ce résultat que l’homme (l’ouvrier) ne se sent plus librement actif que dans ses fonctions animales, manger, boire et procréer, tout au plus encore dans l’habitation, la parure, etc., et que, dans ses fonctions d’homme, il ne se sent plus qu’animal. Le bestial devient l’humain et l’humain devient le bestial."

Karl Marx

dans "Manuscrits de 1844"


Dans son « Introduction à l’économie politique », Rosa Luxemburg affirmait :

« Si l’économie politique a pour tâche et pour objet d’expliquer les lois de la formation, du développement et de l’expansion du mode de production capitaliste, elle doit, par une conséquence inéluctable, dévoiler les lois du déclin du capitalisme, car tout comme les formes économiques antérieures, elle n’est pas éternelle, mais représente seulement une phase historique passagère, un degré dans l’échelle infinie de l’évolution sociale. La théorie de la montée du capitalisme se transforme logiquement en théorie de la décadence du capitalisme, la science du mode de production du capital en fondement scientifique du socialisme, le moyen théorique de domination de la bourgeoisie en arme de la lutte de classe révolutionnaire pour l’émancipation du prolétariat. »


Un exemple du mensonge en économie politique, la déclaration de Christine Lagarde en août 2007 :

Le premier mensonge de l’économie politique bourgeoise consiste à faire croire que tout part des marchés, de l’échange, comme si ce qui devait être échangé ne devait pas d’abord être produit ! Du coup, tous les réformistes ne discutent que d’éthique de l’échange, ou de plus d’égalité et de bien-être du consommateur, en négligeant volontairement l’existence même du producteur, du prolétaire en somme ! Le deuxième mensonge concernant l’économie politique est d’en faire une philosophie non dialectique selon laquelle les choses agissent dans un seul sens alors que tous ses concepts sont intrinsèquement contradictoires : contradiction dialectique entre valeur d’usage et valeur d’échange, entre production et consommation, entre propriété privée et production collectivement organisée, entre profit privé et organisation sociale, entre prolétaires et capitalistes, entre taux de profit et productivité du travail, entre capital fixe et capital circulant, investissement productif et investissement spéculatif, fondamentalement entre forces productives et rapports de production, entre conservatisme des classes dirigeantes et nécessité du capitalisme de se révolutionner sans cesse, entre Capital et Travail.

Robert Paris