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Tous des sans-papiers !

mardi 22 décembre 2020, par Alex, Waraa

Tous des sans-papiers (hier, aujourd’hui ou demain) ! Tous des réfugiés ! Tous appauvris et précarisés ! Tous attaqués ! Tous menacés ! Luttons tous ensemble !

Des rassemblements et manifestations ont eu lieu vendredi 18 décembre « Pour la liberté des migrants et contre le racisme institutionnel ». Ils répondaient à l’appel de différents collectifs, avec le soutien d’organisation syndicales et politiques dont la CGT, ou des organisations qui se présentent comme « radicaux », comme SUD ou le NPA, à l’occasion de la « Journée internationale des migrants » instituée par l’Union Européenne. Dans un communiqué, cette institution n’hésite pas à énoncer un gros mensonge : « À l’occasion de la Journée internationale des migrants, l’Union européenne réaffirme qu’elle est fermement résolue à protéger la dignité et les droits de l’homme de tous les migrants. »

Un des textes d’appel à ces manifestations décrit mieux la réalité : « Les conditions inhumaines dans lesquelles les migrants et les réfugiés sont contraints de vivre constituent une conséquence du permis de séjour. En accord avec les gouvernements, les employeurs essaient de maintenir les salaires bas, en utilisant les conditions liées au permis de séjour comme instrument de chantage. Ils pensent que les migrants et les réfugiés accepteront tout pour ne pas perdre leur permis de se jour et risquer l’expulsion. » Cette exploitation des travailleurs étrangers sans droits est vieille comme le capitalisme, et c’est un devoir élémentaire de montrer notre solidarité avec les revendications et les luttes des sans-papiers.

Mais si notre but est de gagner cette lutte, nous devons nous poser les mêmes questions que pour nos propres luttes. Car des animateurs de cet « Acte IV », le 18 décembre, du mouvement récent des sans-papiers, sont souvent ces mêmes organisations syndicales, ces partis politiques, qui vont jusqu’à se dire partisans d’une lutte de classe révolutionnaire, mais qui nous invitent depuis des années à des « journées d’inaction ». C’est bien la rapacité capitaliste qui est le moteur de l’exploitation des sans-papiers à l’échelle mondiale. Sous sa forme impérialiste, quelques centaines de grands groupes capitalistes règnent sur la planète, au moyen notamment du contrôle des sources de matières premières, avec le contrôle politique des territoires correspondants. Depuis quelques années les guerres meurtrières organisées par les impérialismes américains, européens, ont accéléré la prolétarisation et la migration de millions d’êtres humains. Or la politique qui est proposée aux travailleurs sans papiers dans ce mouvement n’est pas même le début d’une lutte de classe, avec pour objectif par exemple une grève générale de toute la classe ouvrière. Ce n’est pas l’union de tous les prolétaires, l’internationalisme ouvrier qui est donné comme perspective par les leaders du mouvement des sans-papiers, mais « une grève transnationale des migrants ».

Pourquoi les travailleurs sans papiers devraient-ils se contenter de « revendications de migrants », inventées par des bureaucraties politico-syndicales alors qu’ils sont ici parce que victime de ces ravages du capitalisme, qu’ils connaissent souvent mieux que nous ? Leur famille restée au pays est victime de guerres, de famines organisées par nos armées et nos gouvernements européens, la solidarité internationale des exploités est une expérience qu’ils font tous les jours.

Il y a 140 ans, le Parti ouvrier français offrait des buts beaucoup plus élevés : « Les travailleurs socialistes français, donnent pour but à leurs efforts l’expropriation politique et économique de la classe capitaliste et le retour a la collectivité de tous les moyens de production ». Ce programme ne séparait pas travailleurs français et migrants. Démodé ce programme ? L’actualité nous donne chaque jour un exemple nouveau de l’absurdité d’une vie sociale basée sur la propriété privée des grands moyens de production. La « crise de la covid 19 » n’est qu’un moyen de « masquer » la crise de ce système basé sur la propriété privée, mais qui n’est plus capable d’initiative de grande envergure à part en s’appuyant sur les appareils d’Etat. Un dernier exemple en date est celui des géants du secteur pharmaceutique qui ne comptent pas sur la « demande du marché » pour écouler leurs vaccins, mais sur les commandes des Etats, financées par nos salaires. Alors que les besoins en hôpitaux sont devenus un problème politique, aucun plan d’investissement massif n’est au programme. Seule la course au vaccin est profitable, avec l’aide des Etats. Et elle ne vise nullement la santé des gens mais celle des capitaux.

Il y a cent ans était fondé le Parti communiste de France (section de l’Internationale communiste révolutionnaire). Sa base est restée révolutionnaire pendant quelques années, bien que ses dirigeants ne l’aient jamais été. Mais sous la pression de cette base et de la révolution victorieuse d’Octobre 1917 en Russie, la convergence révolutionnaire des luttes pour des droits démocratiques, des revendications économiques et des luttes anti-coloniales a été mise en œuvre dans les années vingt lors de la campagne contre l’occupation de Ruhr, la Guerre du Rif. Parmi les principes de ce nouveau parti on trouvait : « de nourrir au cœur des travailleurs du pays des sentiments véritablement fraternels vis-à-vis de la population laborieuse des colonies et des nationalités opprimés et d’entretenir parmi les troupes de la métropole une agitation continue contre toute oppression des peuples coloniaux. » A bas les armées de l’impérialisme français ! est un slogan qui aurait sa place aujourd’hui encore dans les luttes de tous les ouvriers, avec ou sans papiers, le seul qui serait un premier pas pour nous réunir. Ne comptons pas sur les syndicats ou l’extrême gauche électorale pour le mettre à l’ordre du jour. Lors du premier Congrès du PC, on lisait sur des banderoles « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! », « L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. »

Travailleurs français ou immigrés, jeunes ou vieux, croyants ou non croyants, il devient plus clair tous les jours que les représentants du capitalisme sont entrés en guerre contre nous. Refusons l’émiettement des luttes que nous imposent les bureaucraties syndicales et politiques. Interdiction des licenciements, départ des troupes françaises d’Afrique, une politique sanitaire et non policière pour gérer la covid-19, nous pourrions avoir ces objectifs en communs. Discutons-en ensemble dans des assemblées générales. L’union des travailleurs se fera d’abord dans des assemblées de travailleurs, pas derrière des syndicats ou associations qui en n’ayant pas une politique de classe, mais en ne faisant que proposer aux Préfets, au gouvernement, à l’Union Européenne, de mener une politique d’immigration « humanitaire » nous divisent plus qu’ils ne nous rassemblent.

Travailleurs, sous le capitalisme en phase nécrophile, nous sommes tous potentiellement des sans-papiers, des sans-logis, des sans emploi, des sans accès à la santé et à l’éducation ! Unissons-nous et organisons-nous pour préparer un autre avenir, pour préparer nos propres perspectives sociales et politiques en renversant l’ancien ordre capitaliste, plutôt que de nous laisser couler avec le grand capital !

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