Accueil > 14 - Livre Quatorze : PROLETAIRES SANS FRONTIERES > L’avenir de la lutte révolutionnaire prolétarienne en Chine et l’avenir du monde

L’avenir de la lutte révolutionnaire prolétarienne en Chine et l’avenir du monde

mercredi 7 septembre 2022, par Karob, Robert Paris

édito

L’avenir du monde dépend essentiellement du prolétariat et tout particulièrement du prolétariat chinois

Bien des gens nous disent que l’avenir du monde dépendra de ce qui va advenir du capitalisme et ils ont tort car, dans ce domaine, les dés sont déjà jetés même si on ne connait pas encore exactement les échéances. Le capitalisme n’a plus de carte à jouer ni de capacités de rebondir en menant telle ou telle politique. Depuis l’effondrement de 2007 et le blocage de celle-ci en 2008, il a déjà joué toutes ses cartes et cela n’a fait que gagner quelques années mais en rendant l’avenir complètement mort pour l’ancien système d’exploitation complètement périmé. La crise de suraccumulation du capital a bien révélé ne pas être conjoncturelle mais définitive. Loin de permettre de la régler, les centaines de milliards de dollars d’aide aux capitalistes n’ont fait qu’aggraver la suraccumulation, c’est-à-dire l’excès de capital par rapport aux investissements productifs possibles et rentables. Cela est vrai dans tout le système, des USA à la Chine. Les interventions d’Etat sont certes plus faciles en Chine qu’aux USA, mais cela ne change pas le fond. La production réelle est certes plus considérable en Chine qu’aux USA, relativement à la production de capitaux fictifs mais là encore la suraccumulation frappe partout, là comme ailleurs. Sans aide financière massive d’Etat, on ne parlerait plus du capitalisme, en Chine comme ailleurs.

Il n’y a pas besoin d’être prédictionniste, pas besoin de se prendre pour un devin, pas besoin de construire une fiction pour assurer que le capitalisme ne durera pas beaucoup plus et ne parviendra pas à trouver un nouvel équilibre dynamique, que ce soit en restant à peu près pacifique ou en plongeant le monde dans la boucherie guerrière, même la pire, même la plus destructrice.

Il n’y a aucun recours. Il n’y a pas de politique alternative. Il n’y a pas de doute à avoir. D’ailleurs, les gouvernants n’en ont pas. Ils savent. Ils se contentent de brouiller les cartes et c’est d’autant plus aisé que les classes exploitées n’ont pas envie d’y croire. Ces dernières n’ont pas envie de penser que l’ancien monde va s’écrouler et qu’il leur faudra compter sur leurs propres forces pour en bâtir un nouveau.

Que la Chine soit devenue l’atelier du monde et se soit développée, en faisant prospérer l’exploitation d’un prolétariat industriel nombreux pendant que les pays les plus riches du reste du monde voyaient ce secteur économique s’effondrer, ne sauvera nullement ce pays, éconiquement, socialement et politiquement, loin de là. Une économie qui grandit à grande vitesse et se heurte à un mur, bloquant tout développement, c’est comme un train à grande vitesse qui est brutalement bloqué. Cela ne peut pas se produire de manière douce, graduelle, sans violence. C’est nécessairement un choc explosif.

La situation économique, sociale et politique de la Chine est très différente de celle des autres pays, non seulement des USA, de l’Europe, du Japon mais aussi de la Russie. Le blocage de l’économie mondiale réelle signifie une catastrophe à venir pour les grands pays capitalistes, mais il signifie une catastrophe immédiate pour la Chine et ce pays est contraint de s’y préparer. Dans le cas de la Chine plus que dans nul autre, le texte bien connu de Marx s’applique : « le capitalisme a développé en premier ses propres fossoyeurs, les prolétaires ». En effet, l’hyperthrophie du capitalisme industriel chinois, dans lequel le grand capital de tous les pays riches a investi suppose la formation d’une classe ouvrière massive et qui mène inévitablement des luttes. Et le régime en place, communiste officiellement et violemment anti-ouvrier en réalité, signifie que la population n’a pas la possibilité de s’exprimer et de critiquer mais qu’elle déteste violemment le système alors que la petite bourgeoisie ne l’aime pas non plus !

Loin que cette situation permette à la dictature chinoise d’être assurée de stabilité sociale, l’épisode révolutionnaire de Tiananmen a bien montré que les risques de déstabilisation sont énormes. Le régime est beaucoup plus détesté que les apparences le laissent entendre. Ce n’est pas seulement dû à l’absence de média et de syndicats capables de porter une action qui critiquerait le système. Il s’agit d’un régime qui agit au nom d’un pouvoir prolétarien et accuse tous les opposants d’être anticommunistes. Là encore, en période de relatif calme social, ceci est un élément de tranquilité pour les classes possédantes, mais, en période de chute économique, c’est un facteur de déstabilisation autrement plus grave que dans le reste du monde.

Cela fait que le monde capitaliste ne craint rien tant qu’une déstabilisation sociale et politique en Chine. Cela n’aurait rien de commun aux autres vagues sociales déstabilisantes que le monde a déjà connu, comme celles de l’Egypte à la Tunisie, du Soudan au Kazakhstan et à l’Amérique du sud. Si les prolétaires chinois ne croient plus dans les capacités du système dominant de la Chine, c’est un véritable ras de marée social qui se déclencherait et aucun pays riche ne serait capable d’y faire face.

Loin de favoriser une telle déstabilisation révolutionnaire, les politiques occidentales, qui font mine de combattre la Russie et son allié chinois, aident en fait le régime chinois à combattre la révolte sociale en Chine. En effet, quiconque apparaît comme opposant en Chine ne peut que sembler soutenir Taiwan, soutenir aussi le capitalisme occidental, soutenir enfin les ennemis directs de la Chine comme Japon, Corée du sud et Australie qui cherchent l’affrontement militaire contre la Chine. Ainsi, tout opposant au régime social d’oppression et d’exploitation en Chine apparaît ainsi comme un ennemi du peuple chinois ! Ces politiques agressives contre la Chine, notamment celle du dirigeant américain Biden, ne font que contraindre les opposants aux classes dirigeantes chinoises de se taire.

Or le régime chinois, malgré son étiquette socialiste et communiste, est et a toujours été un ennemi violent du prolétariat. C’est pour cela que le grand capital mondial s’est jeté sur la Chine pour y investir. C’est aussi pour cela que les grands pays capitalistes occidentaux, s’ils ont dénoncé l’oppression des Ouighours, n’ont jamais dénoncé l’écrasement des grèves, l’arrestation des syndicalistes, le maintien du plus grand goulag du monde, le « Laogaî » dans lequel sont enfermés tous les travailleurs combatifs, tous ceux qui prétendent donner des informations critiques contre le régime chinois.

Loin de soutenir les syndicalistes chinois, loin de rendre publique les condamnations à mort des révoltés et opposants chinois, les pays occidentaux ne parlent que des Ouighours et des Népalais opprimés par la Chine. Ces derniers dénoncent plutôt la politique dite « zéro covid » de la Chine que les vagues de répression antisociales dans ce pays.

Quant aux politiques ultra-dirigistes de la Chine sur le terrain économique, loin de les dénoncer les pays capitalistes dits ultra-libéraux la soutiennent, l’encensent et affirment que cela donne confiance pour l’avenir. Car, s’il y a un point sur lequel tous les commentateurs économiques occidentaux sont tous d’accord, c’est que l’effondrement économique de la Chine serait (et il faut plutôt dire sera) le prélude à un inévitable effondrement massif mondial.

Les méthodes chinoises pour combattre la récession sont plus caricaturales encore que celles dans le reste du monde et elles peuvent encore moins convaincre que le capitalisme a encore des cartes à jouer. Plusieurs tactiques ont été employées, depuis inonder l’économie privée d’argent public comme dans le reste du monde et plus même qu’ailleurs, mais aussi interdire longuement les ventes d’actions en bourse, ou encore manipuler le secteur de l’immobilier, en détruisant des quantités de bâtiments construits ou en retardant la construction de nouveaux…

S’il y a une chose que les classes possédantes du monde occidental ne souhaitent absolument pas, c’est un effondrement économique et social en Chine et cela, de manière évidente, par peur panique du prolétariat chinois !

Par rapport au reste du monde, le prolétariat chinois est le plus industriel, le plus concentré, le plus jeune, le plus combatif, le moins collaborationniste, le plus expérimenté en termes de luttes de masse et le moins encadré par des organisations réformistes (puisque ces dernières ne sont pas pas autorisées en Chine). Il en résulte que toutes les révoltes ont été écrasées dans le sang mais aussi que le prolétariat chinois a le moins d’illusions au monde dans le pouvoir qui lui fait face et que la popularité de celui-ci est sans doute la plus faible au monde parmi les plus exploités…

Il faut rajouter que, comme dans la Russie des tsars, on trouve en Chine un autre ingrédient révolutionnaire déterminant : des membres des classes les plus instruites n’ont aucune sympathie pour le pouvoir de type stalinien et dictatorial qui règne sur la Chine au point d’être capables de choisir le prolétariat révolutionnaire et de participer à ses côtés à la fondation d’un parti révolutionnaire prolétarien qui mènera la lutte contre le pouvoir.

Et tout le monde capitaliste sait cela. Il serre les fesses et attend l’implosion du système en Chine comme dans l’histoire de la chute du dixième étage, en se disant « on est à hauteur du neuvième et jusque là tout va bien »…

La chute de l’immobilier chinois, notamment d’Evergrande, n’est que le symptôme d’une chute bien plus vaste, non seulement celle de l’économie chinoise elle-même mais celle de l’économie mondiale, irrémédiablement atttachée à celle de la Chine et les fossoyeurs de la dictature anti-ouvrière stalinienne et capitaliste chinoise sont également là déjà : ce sont les prolétaires de Chine.

Bien entendu, les organisations réformistes et opportunistes, de la gauche à la fausse extrême gauche, des syndicats aux associations et organisations politiques, se gardent bien de nous dire tout cela et de nous appeler à nous préparer à nous battre aux côtés des prolétaires chinois pour enterrer défintivement l’ancien système d’exploitation capitaliste.

Pire même, ils font comme si l’enjeu de la situation mondiale actuelle était déterminé par les guerres entre le monde capitaliste occidental et l’alliance Chine/Russie. C’est complètement faux : l’avenir est déterminé par la lutte des prolétaires contre leurs exploiteurs, d’abord ceux de leurs pays et les Etats à leur service. Le combat que nous avons à soutenir contre l’Etat chinois est celui du prolétariat chinois comme le combat contre les bourgeoisies occidentales est celui du prolétariat d’Europe et d’Amérique. Et le combat du prolétariat chinois est, du fait de la situation objective du capitalisme chinois, le maillon faible du monde capitaliste, le plus important de tous les combats révolutionnaires prolétariens au monde.

Le journal français « Le Figaro » écrit :

« Pékin multiplie les mesures de soutien à l’économie et au crédit en ayant recours aux expédients habituels, en particulier les infrastructures, mais cette mobilisation peine à se traduire sur le terrain du fait de contraintes budgétaires grandissantes. « Les gouvernements locaux s’inquiètent de leur niveau de dette et sont donc plus sélectifs dans le choix des projets », juge Dan Wang. Si la consommation a repris, elle reste timide et menacée par le risque de nouveaux confinements qui plane comme une épée de Damoclès sur Shanghai, ou le Guangdong, où le nombre de cas Covid repart à la hausse… « L’économie chinoise va continuer à rebondir au second semestre, pour atteindre une performance d’un rang raisonnable », a déclaré Yuan Da, principal planificateur du gouvernement, à la Commission Nationale pour le développement et la réforme (NRDC). Une formule elliptique non chiffrée laissant entendre que Pékin faisait son deuil de l’objectif de 5,5% de croissance annuelle »

https://www.lefigaro.fr/international/l-economie-chinoise-plonge-au-second-trimestre-20220715

On notera qu’il n’y a pas dans le journal capitaliste français « Le Figaro » un mot de critique des classes dirigeantes chinoises…

Lire aussi sur la crise et les grèves en Chine :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?breve1161

https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=la+crainte+d%27une+explosion+sociale+en+chine

https://www.google.fr/search?hl=fr&q=crise+chine+site%3Ahttp%3A%2F%2Fwww.matierevolution.fr+OR+site%3Ahttp%3A%2F%2Fwww.matierevolution.org&btnG=Recherche&meta=&gws_rd=ssl
,

https://www.google.fr/search?hl=fr&q=gr%C3%A8ve+chine+site%3Ahttp%3A%2F%2Fwww.matierevolution.fr+OR+site%3Ahttp%3A%2F%2Fwww.matierevolution.org&btnG=Recherche&meta=&gws_rd=ssl

https://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/05/30/04016-20100530ARTFIG00228-la-revolte-sociale-gronde-dans-l-atelier-du-monde.php

https://www.ledevoir.com/economie/440255/la-revolte-contagieuse-d-un-ouvrier-chinois

Messages

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.