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Vive le 1er mai ouvrier ! A bas les 1er mai bourgeois !

lundi 5 juin 2023, par Alex, Waraa

Editorial Voix des Travailleurs du premier mai 2023

Le premier mai de 1890 à 1914

Trotsky écrivait à l’occasion du 1er mai 1919 :

« Il y a juste 30 ans que fut proclamée la fête du 1er Mai. En 1889, au Congrès socialiste-international de Paris, au moment où naissait la deuxième Internationale, les ouvriers de tous les pays décidèrent de fêter le 1er Mai, comme le jour de la mobilisation des forces prolétariennes, comme le jour de la lutte, comme le jour de la fraternité universelle et de la propagande socialiste.

La journée de travail de 8 heures, l’action contre la guerre, la suppression des armées permanentes, tels étaient les mots d’ordre de la fête du 1er Mai voici 30 ans. »

Par exemple le manifeste pour le 1er mai 1902 diffusé par la II-ème internationale ne se contentait pas de principes "internationalistes" abstraits, mais s’appuyait sur l’actualité internationale pour les illustrer, proposant un bilan et des perspectives :

« Des événements considérables se produisent quotidiennement sur tous les points du globe, et nous devons montrer aux travailleurs le chemin parcouru depuis un an et leur rappeler le but poursuivi.

Premier mai ! C’est le cri de révolte du prolétariat contre le régime social bourgeois !

Premier mai ! C’est le verbe d’indignation et d’opprobre jeté aux nations dites civilisées dans leurs expédients capitalistes : l’Angleterre dans l’Orange et le Transvaal, les Etats-Unis aux Philippines, l’Allemagne en Afrique, la Belgique au Congo, la France à Madagascar, la Russie en Mandchourie, la Hollande à Sumatra, l’Europe en Chine.

Premier mai ! C’est la protestation des travailleurs contre le despotisme russe.

Premier mai ! C’est l’expression du mépris populaire pour l’Eglise et les gouvernements européens qui laissent lâchement tuer les pauvres chrétiens d’Arménie.

Premier mai ! c’est le cri de guerre du socialisme au militarisme.

Vive le premier mai !

Vive la démocratie socialiste internationale ! »

Non, le 1er mai de 2023 n’a plus rien à voir avec ceux d’avant 1914, où Griffuelhes (secrétaire de la CGT et organisateur du grandiose 1er mai 1906) invitait les militants de la CGT

« à faire de la propagande antimilitariste, qui s’impose non seulement parce que nous sommes les négateurs de la patrie, mais parce que le soldat a pour fonction de défendre le patron contre l’ouvrier. »

Que paraissent vides les appels syndicaux des bureaucrates ! Qu’ils sont loin de la lutte des classes des 1ers mai d’avant la première guerre mondiale !

LA CGT DU PREMIER MAI 2023 :

« Ce 1er Mai est une journée de solidarité internationale pour la paix entre les peuples. À Paris des dirigeants syndicaux du monde entier seront présents pour montrer leur solidarité avec notre mobilisation. Le 1er Mai, nous manifesterons aussi pour dire notre refus des idées d’extrême droite, du racisme et pour résister à celles et ceux qui distillent le poison de la division. »

La paix entre les peuples, mais c’est déjà un mensonge ! Entre les peuples, il n’y a jamais eu la guerre. Seulement guerre entre les Etats et les classes possédantes !

La CGT est pour la paix entre les peuples, mais sans l’antimilitarisme et sans la suppression des armées permanentes !
Sans aucune action, ces derniers mois, contre la guerre en Ukraine, programmée pour se prolonger en guerre mondiale après son extension à la Chine et Taïwan ! Sans demander le retrait des troupes françaises envoyées en Roumanie sous l’égide de l’OTAN ! Les "dirigeants syndicaux du monde entier", dont parle aujourd’hui la CGT, sont-ils ceux qui comme Luca Visentini, secrétaire de la Confédération syndicale internationale a dû démissionner en mars dernier pour avoir reçu de l’argent du Qatar ?

Au contraire de ce que faisait l’Internationale socialiste en 1902, ni l’appel de la CGT, ni celui de l’intersyndicale et de ses supplétifs de gauche (PCF, Insoumis, PS et autres) et d’extrême gauche (LO, NPA, RP et autres) n’attire l’attention des travailleurs sur aucune des grandes luttes ayant eu, au cours de l’année passée, un retentissement international comme les soulèvements des Sri Lankais qui envahirent le palais présidentiel en juillet 2022, celui des femmes iraniennes en septembre 2022, les travailleurs du pétrole au Khazakhstan en Janvier 2023, et bien d’autres.

Le 1er mai 1915 : un premier mai bourgeois

Rien d’étonnant dans ce vide du discours syndical, car toutes les directions syndicales actuelles, CGT-CFDT-FO-SUD sont les héritières de la CGT de Léon Jouhaux qui entra en 1914 dans l’Union sacrée, cautionnant au nom de la patrie les meurtres massifs des ouvriers entre eux, piétinant toute solidarité internationale des travailleurs.

Le 1er mai ouvrier né en 1889, est mort avec la première guerre mondiale, les organisateurs de notre 1er mai 2023 sont les héritiers directs de ceux qui organisèrent sa mort, tout comme celle de Jaurès, pour entrer dans l’Union sacrée patriotique.

Dans son même discours de 1919, Trotsky écrivit :

« Lorsqu’arriva le 1er Mai 1915 les traîtres du socialisme, Allemands et Français, proposèrent à la classe ouvrière de renoncer à la fête du 1er Mai. La guerre « jusqu’au bout », « jusqu’à la victoire finale », tels étaient les mots d’ordre du jour.

L’assassinat des ouvriers d’un pays par ceux d’un autre devait se poursuivre sans arrêt. Dans l’intérêt de la « défense nationale », les ouvriers ne devaient pas interrompre leur travail un seul jour, une seule heure afin que, grâce à Dieu la production militaire c’est-à-dire celle des armes au moyen desquelles les ouvriers d’un pays exterminaient ceux d’un autre ne pût se ralentir.

Les partis socialistes officiels conclurent une « paix sociale » avec la bourgeoisie. Rien ne devait troubler le bon accord entre les ouvriers et leurs patrons. Le 1er Mai devait être offert en holocauste à cette paix sociale.

Et la fête du 1er Mai du prolétariat se transforma en fête du 1er Mai de la bourgeoisie. »

Le 1er mai 1915 fut annulé, et depuis, le premier mai est, pour les bureaucraties qui encadrent les travailleurs, le « 1er Mai de la bourgeoisie ». Nous en sommes toujours là en 2023.

Ce n’est pas la transformation du 1er mai en jour férié par Pétain en 1941, puis par la IVème république en 1947, qui donna un caractère anti-lutte de classes (Fête du Travail et de la Concorde sociale), mais le fait que les directions syndicales et le parti socialiste sont entrés définitivement dans la collaboration de classes en 1914. Et depuis, ils sont restés dans le patriotisme capitaliste et le soutien à l’Etat bourgeois et ne contestent aucune des guerres de l’impérialisme français.

Que faire du 1er mai ?

Trotsky posait donc la question en 1919 :

« Dans quelles circonstances accueillons-nous la première fête de Mai après la guerre impérialiste ? »

Seule la remontée des luttes révolutionnaires pouvait redonner vie au 1er mai, à un nouveau premier mai, à un premier mai prolétarien révolutionnaire en concurrence avec le premier mai bourgeois :

« En 1919 s’est constituée l’Internationale Rouge, l’Internationale du Communisme. Notre Troisième Internationale réalise la camaraderie universelle des prolétaires qui se donnent pour tâche de détrôner la bourgeoisie et d’installer la république internationale des Soviets. Notre Troisième Internationale Communiste prend en main l’organisation de la fête universelle du 1er Mai.

Ouvriers et ouvrières, soldats, matelots, paysans, vous tous, travailleurs ! L’Internationale Communiste vous appelle à prendre part à la grande fête prolétarienne du 1er Mai.

Prolétaires ! Jetez un coup d’œil derrière vous. Nous laissons derrière nous des monceaux d’innombrables cadavres, ceux de nos frères tombés dans la plus sanglante et la plus malfaisante des guerres. Jetez un coup d’œil en avant ! Que nous promettent les bourgeois esclavagistes s’ils restent au pouvoir ? Ils ne nous promettent qu’une nouvelle guerre, de nouvelles cabales, des milliards de nouveaux impôts, la famine et l’esclavage sans fin. »

Faute d’une victoire de la révolution mondiale, c’est déjà la deuxième guerre mondiale qui était programmée. Les perspectives proposées par Trotsky sont donc d’actualité pour nous qu’on dirige de force vers la troisième guerre mondiale :

« Il n’y pas de milieu : ou la dictature sanglante des bourreaux-généraux, égorgeant des centaines de milliers d’ouvriers et de paysans au nom des intérêts d’une bande de banquiers, ou la dictature de la classe ouvrière, c’est-à-dire de la grande majorité de travailleurs désarmant la bourgeoisie, créant sa propre armée rouge et libérant le monde de l’esclavage.

(...)

A bas l’autocratie du capital !

Contre le militarisme bourgeois, — cette vieille revendication de l’ancien 1er Mai conserve maintenant toute sa force et c’est en son nom que nous créons notre propre armée de classe, l’armée du travail, l’armée des pauvres, l’armée du socialisme. L’armée rouge existera bientôt dans le monde entier. L’armée rouge vaincra.

A bas la guerre impérialiste ! s’écriaient les ouvriers du monde entier le jour du 1er Mai. A bas leur guerre, à bas la guerre que les impérialistes de l’Entente veulent déclarer aux Soviets de Russie et de Hongrie, dirons-nous maintenant. Vive la guerre civile, la seule juste dans laquelle la classe opprimée combat contre les oppresseurs !

A bas les impérialiste français !

Travailleurs et soldats français, anglais, américains, italiens, serbes, roumains, polonais ! tournez vos baïonnettes contre votre propre bourgeoisie. Votre ennemi est dans votre propre pays. Insurgez-vous à l’arrière contre les gouvernements bourgeois !

Travailleurs et soldats allemands et autrichiens ! Tournez vos baïonnettes contre votre propre bourgeoisie et les social-démocrates qui la servent.

Vive la dictature du prolétariat dans le monde entier !

Vive la république internationale des Soviets !

Vive l’armée rouge internationale !

Vive le Communisme !

Vive le Premier Mai Communiste ! »

Tous ces mots d’ordre sont d’une brûlante actualité. Des soi-disant partisans de Trotsky comme l’organisation Lutte Ouvrière (LO) ont abandonné ces slogans, répétant à l’envi par la voie de N. Arthaud : nous ne sommes pas dans une période révolutionnaire comme en 1919 !

Mais le slogan de Trotsky : « Il n’y pas de milieu : ou la dictature sanglante des bourreaux-généraux, égorgeant des centaines de milliers d’ouvriers et de paysans au nom des intérêts d’une bande de banquiers, ou la dictature de la classe ouvrière » répond pourtant exactement à la situation actuelle du Soudan : payant le prix fort pour avoir laissé la direction de leur révolution politique de 2019 à des "démocrates" qui ont laissé les pouvoir aux militaires et laissé désarmés les prolétaires, la population est massacrée par deux secteurs de l’armée qui se disputent le pouvoir.

Les projecteurs de l’actualité viennent de se tourner vers Mayotte. Or Mayotte n’est rien d’autre qu’une colonie française dans laquelle le colonisateur interdit d’habiter aux Comoriens, le peuple auquel devrait appartenir Mayotte. La CGT et les autres confédérations, de même que les partis réformistes type PCF, PS ou Insoumis, proposent « la paix entre les peuples » : entre les peuples des pays oppresseurs comme la France impérialiste et ceux des pays opprimés par cet impérialisme, sans en finir avec la colonisation ?

Le NPA face à la colonie Mayotte

Le NPA, voilà encore une fausse extrême gauche facile à démasquer sur de telles questions. L’anti-impérialisme du NPA a, de fait, pour ennemi principal non pas son propre impérialisme, l’impérialisme français, comme l’enseignait Karl Liebknecht, mais son concurrent russe. Quelle ardeur guerrière du NPA en effet contre la Russie, qui essaie d’évincer la France de ses anciennes colonies d’Afrique.

Quelle ardeur du NPA pour dénoncer l’occupation de l’Ukraine et de la Crimée par l’armée russe (en paroles), mais sans dénoncer l’occupation de Mayotte par l’armée française. Or les troupes françaises ont encore moins de légitimité d’être à Mayotte que l’armée russe d’être en Crimée.

Mais le NPA a récemment rallié ouvertement Mélenchon, un « homme d’Etat », c’est-à-dire un politicien bourgeois patriote et défenseur de l’impérialisme français. Le NPA se fait le champion de la fourniture d’armes à l’Ukraine, pas un mot concernant le droit des colonisés de Mayotte de s’armer pour se défendre, sur le droit des peuples à l’autodétermination, allant jusqu’à l’indépendance.

Dans le tract d’appel du NPA au 1er mai (« Un 1er mai massif pour nos retraites et dégager Macron et son monde »), où ni Mayotte ni la Françafrique ne sont mentionnés, le soutien aux soulèvements contre l’impérialisme français n’est même pas à l’ordre du jour :

« il faut engager la bataille politique pour dégager ce gouvernement illégitime et travailler à la rupture révolutionnaire pour en finir avec le capitalisme, pour une société démocratique, écosocialiste, débarrassée de l’exploitation et des oppressions. »

Le NPA parle certes de "violence coloniale" dans son hebdomadaire du 24 avril, , mais ne peux que rester silencieux sur les propos du représentant de LFI local, dénoncés à juste titre par le groupe Révolution Permanente (RP) :

« Je ne peux pas me prononcer pour ou contre » l’opération militaire « Wuambushu » a affirmé, Mikidadi Abdullah, représentant de la France Insoumise à Mayotte, le 21 avril dernier. Ce refus de prendre position et de dénoncer l’opération militaire qui se déploie en ce moment sur l’île était en soit scandaleux. Pourtant, le porte-parole insoumis est allé bien plus loin encore en affirmant : « s’il s’agit d’arrêter les voyous, je dis bravo. Mais je rappelle que nous avons une surpopulation carcérale. Alors si c’est pour les relâcher après Wuambushu je ne suis pas d’accord » et de continuer « est-ce qu’on va fermer les frontières ? Si les Kwassas reviennent, où est l’intérêt de Wuambushu ? ».

LFI est un parti appartenant à la gauche coloniale ; en s’alliant avec ce parti pour obtenir des postes aux élections, le NPA s’installe dans ce camp de la gauche coloniale. Mais le groupe Révolution Permanente (RP) a-t-il des positions très différentes de celles de LFI ?

RP face à Mayotte

Le groupe RP dénonce à juste titre, outre ceux de LFI, les propos des politiciens de gauches ou du centre :

« Sur le plateau de CNews, Estelle Youssouffa, député LIOT à Mayotte alimentait ce lundi 24 avril, une xénophobie crasse envers les Comoriens pour justifier le lancement de l’opération militaire et coloniale de Darmanin. Pour elle, « les écoles sont saturées parce que 80% des élèves sont des Comoriens qui sont totalement illettrés », mettant sur le dos des Comoriens le manque de moyens dans l’éducation à Mayotte. Elle poursuit « on a des bébés barbus, des élèves qui sont inscrits au CP et qui sont en pleine adolescence » relayant les mensonges les plus horribles sur l’âge des mineurs étrangers.

Dans le sillage de cette déshumanisation continue des jeunes comoriens, Salime Mdéré, vice-président du Conseil Départemental de Mayotte a franchi un cap dans l’horreur en appelant au meurtre en direct sur Mayotte 1ère : « Je refuse de les appeler des gamins, ce sont des délinquants, des terroristes, des voyous. A un moment donné il faut peut-être en tuer... Je pèse mes mots. Il faut peut-être en tuer pour qu’ils ne puissent pas... ». »

Mais la dénonciation de RP est condamnée à rester verbale, auto-limitée à l’impuissance, car c’est comme membres de la bureaucratie syndicale, non comme représentants élus par des soviets d’ouvriers que RP veut construire son organisation. Or le groupe LIOT de l’assemblée dénoncée par RP, celui qui déposa la motion de censure presque adoptée contre E. Borne, est présenté comme un allié naturel dans la suite du mouvement contre la réforme des retraites, par la fédération CGT-Cheminots :

« pour la suite... il y a le 8 juin.

C’est la date de la niche parlementaire du groupe LIOT (centristes) a l’Assemblée Nationale.

Autrement dit c’est la journée de l’année ou le groupe parlementaire peut faire des propositions de loi et les soumettre au vote (en temps normal c’est le Gouvernement qui propose les lois).

Or ce groupe a décidé de faire une proposition de loi d’abrogation de l’article 7 de la réforme des retraites !!!

Si cette proposition était validée, ça sonnerait évidemment la mort de toute la loi.

Et justement cette proposition a des chances de passer.

Le vote se fera à la majorité des présents (contrairement au vote de la motion de censure qui se fait à la majorité des inscrits). »

Cette gauche politique et syndicale qui prétend ne pas vouloir mélanger ses voix à celle de l’extrême droite, appelle les travailleurs à compter sur le groupe LIOT, dont les représentants à Mayotte tiennent des propos racistes et colonialistes.

Mais RP veut des postes dans les bureaucraties syndicales, et ne sera jamais capable de dénoncer cette stratégie de la CGT, de l’intersyndicale en général. Le discours colonial n’est pas que celui de l’extrême droite, il est celui de la gauche bourgeoise politique et syndicale, ouvertement depuis 1914. Sans la construction de noyaux, de tendances, fractions, puis finalement si possible de directions syndicales révolutionnaires, les révolutionnaires ne font que devenir l’extrême gauche politique de l’impérialisme.

Or le groupe RP, comme LO et le NPA, a abandonné toute politique syndicaliste révolutionnaire dans les syndicats.

La RP dénonce bien la position réactionnaire de LFI dont les représentants à Mayotte soutiennent ouvertement Darmanin, et évoque même le droit à l’autodétermination :

« A rebours des positions de LFI qui défend in fine le maintien de la France impérialiste et du rapport de domination avec les colonies, la défense du peuple mahorais ne peut être qu’anti-impérialiste. Face à la répression menée par l’État colonial français à Mayotte, il s’agit au contraire de revendiquer le droit à une véritable autodétermination pour l’ensemble des colonies françaises de l’Océan indien, ainsi que la régularisation de tous les sans-papiers et l’ouverture des frontières. »

Mais « revendiquer le droit à l’autodétermination pour le peuple Mahorais », ce n’est que reprendre, de façon très modérée une des nombreuses résolutions de l’ONU violées par l’Etat français, comme celle de 1976 qui

« condamne les référendums du 8 février et du 11 avril 1976 organisés dans l’île comorienne de Mayotte par le Gouvernement français et les considère comme nuls et non avenus…

(...)

condamne énergiquement la présence de la France à Mayotte, qui constitue une violation de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la République indépendante des Comores ;

(...) demande au Gouvernement français de se retirer immédiatement de l’île comorienne de Mayotte, partie intégrante de la République indépendante des Comores, et de respecter sa souveraineté. »

Troupes françaises hors de Mayotte ! est donc un slogan en conformité avec les résolutions de l’ONU, qui n’est pourtant repris haut et fort par aucun groupe d’extrême gauche en France ni pour le 1er mai, ni pour les élections politiques ou professionnelles.

Le groupe d’Anasse Kazibe a pris le nom de "Révolution permanente" pour paraître trotskiste. Or la théorie de la révolution permanente de Trotsky est justement en contradiction totale avec la politique du groupe "Révolution permanente", cette théorie proclamant que seule la dictature du prolétariat peut donner une solution aux problèmes de droits démocratiques. C’est en mettant un pouvoir prolétarien armé, en métropole en solidarité avec celui Comores, que les exploités des Comores obtiendront le droit « à une véritable autodétermination ».

LO face à la colonie Mayotte

Nathalie Arthaud dénonce à juste titre la répression à Mayotte, mais affirmer comme elle le fait :

« à Mayotte, la chasse aux pauvres est ouverte ! Darmanin peut raconter ce qu’il veut, parler de délinquants et inventer de potentiels terroristes islamistes, il a ordonné la démolition de ce qui est le seul refuge pour des milliers de familles pauvres, comoriennes comme mahoraises. Ce sont des pauvres, avec ou sans papiers, qu’il va faire arrêter et peut-être expulser. Ce sont des familles pauvres qu’il va séparer et déchirer »,

c’est négliger la dimension coloniale de cette répression.

Prêcher, comme le fait LO à propos du 1er mai, que :

« il n’y [a] qu’une seule classe ouvrière et qu’elle représente le seul avenir possible pour l’humanité, sans exploiteurs et donc sans frontières et sans guerre. Cela est plus que jamais d’actualité. »

1er mai : contester le pouvoir du capital

c’est prêcher la fraternité entre travailleurs de la puissance coloniale, et travailleurs colonisés ! Le chef du PCF stalinien Maurice Thorez, dans son discours d’Alger de 1939, niant le colonialisme, appelait à la fraternité entre ouvriers français et algériens, niait l’existence d’un peuple algérien, appelant seulement à relever le niveau de vie des colonisés, limitants les revendications que le PC était prêt à soutenir aux revendications économiques. C’était rejoindre l’idéologie du « colonialisme socialiste ».

L’extrême gauche du capital contre les perspectives défendues par Trotsky

Les partis d’extrême gauche sont de nouveaux venus dans l’Union sacrée par rapport à 1914 et 1939. L’influence de petits partis comme LO, NPA et RP est négligeable, car ils choisissent eux-mêmes de vivre dans l’ombre de la CGT, du PC ou de LFI. Mais leur rôle pour la bourgeoisie n’est pas négligeable s’il est popularisé : que ceux qui se réclament de Marx, Lénine, Trotsky, des véritables internationalistes comme R. Luxemburg et K. Liebknecht, se retrouvent dans l’Union sacrée est un moyen pour la classe dirigeante de discréditer ces idées, comme le stalinisme l’a fait pendant des décennies. Pas étonnant que ces partis soient les bienvenus dans les grands media !

Ces courants centristes ont pour rôle de former un écran entre les travailleurs et les acquis du mouvement ouvrier. Face à ces caricatures du trotskisme, mieux vaut retourner à ce que proposait Trotsky en 1919, et qui reste d’actualité, la seule perspective d’avenir pour les exploités dont les révoltes sont réprimées aujourd’hui par les armées du Soudan, d’Iran ou aux Comores :

« Contre le militarisme bourgeois,

— cette vieille revendication de l’ancien 1er Mai conserve maintenant toute sa force et c’est en son nom que nous créons notre propre armée de classe, l’armée du travail, l’armée des pauvres, l’armée du socialisme. L’armée rouge existera bientôt dans le monde entier. L’armée rouge vaincra !

A bas la guerre impérialiste !

s’écriaient les ouvriers du monde entier le jour du 1er Mai. Vive la guerre civile, la seule juste dans laquelle la classe opprimée combat contre les oppresseurs ! »

Comme le disait la chanson « L’Internationale » :

Paix entre nous, guerre aux tyrans !
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l’air et rompons les rangs !
S’ils s’obstinent, ces cannibales,
A faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles

Sont pour nos propres généraux.

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