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Y a-t-il un vote de classe aux élections européennes pour les travailleurs révolutionnaires ?

mercredi 21 juin 2023, par Alex, Waraa

Les élections des représentants de la République française au Parlement européen auront lieu au suffrage universel direct à un tour, dans le cadre d’une circonscription unique (c’est-à-dire avec une seule liste nationale), comme pour les précédentes en 2019.

Les partis qui se réclament des travailleurs

De nombreux partis politiques vont présenter des candidats qui vont parler en notre nom, au nom des travailleurs, et d’idéaux comme le socialisme, d’une société débarrasée de l’exploitation, au nom de la démocratie.

  • le parti socialiste, le parti communiste et EELV sont les représentants patentés de la gauche gouvernementale, lointaine héritière d’Alexandre Millerand, premier socialiste devenu ministre. Cette gauche a accumulé les crimes au service de la bourgeoisie française, au travers de sa participation aux gouvernements. Ce sont ces partis qui, avec F. Hollande en 2012, ont gouverné aux côtés de Macron qui fit partie de leur équipe dès 2012 ! Ces partis qui ont soutenu la carrière de Macron dès 2012, ont appelé à voter pour lui en 2017 et 2022, veulent qu’on les croit quand ils ont mis en avant dans le mouvement des retraites le slogan "dégager Macron" !
  • LFI a pour chef Mélenchon, ancien ministre (2000-2002), donc faisant partie de la gauche gouvernementale, bourgeoise, prétend rénover cette gauche gouvernementale. Cette gauche de la gauche dit clairement que son seul moyen d’action sont les élections.

Les représentants de ces partis de gauche de l’Assemblée nationale se sont posés en porte-parole du mouvement contre la réforme des retraites (10 janvier - 6 juin). La stratégie de l’intersyndicale dans le mouvement consistant à "interpeler" les élus était entièrement au service de cette gauche. Ne doutons pas que cette même gauche syndicale et politique invitera les travailleurs qui y ont participé à voter pour eux pour donner un "débouché politique" à ce mouvement. Organiser à travers les syndicats des mouvements-promenades perdus d’avance a encore une fois eu pour but de discréditer les luttes pour redonner du crédit au bulletin de vote.

  • A gauche de cette gauche gouvernementale, se trouve l’extrême-gauche qui n’a jamais eu de ministres, mais qui rejoint la gauche gouvernementale au travers de son soutien de plus en plus ouvert aux directions syndicales, qui elles ont le rang de parti gouvernemental depuis leur ralliement à la bourgeoise depuis 1914. Aucune organisations d’extrême gauche n’a appelé à mettre en place pendant le mouvement des retraites une direction concurrente à celle de l’intersyndicale, au service d’une stratégie différente. La bourgeoisie n’en demande pas plus ! Cette extrême-gauche ne fait pas encore partie de la famille, mais des amis du réformisme, comme on dit dans la maffia, dont la politique bourgeoise est quasiment une des branches légales.
  • Le NPA, qui a abandonné le communisme et la révolution en 2009 (disparition de la Ligue communiste révolutionnaire), a confirmé son rapprochement avec LFI depuis son congrès fin 2022. Besancenot et Poutou parce qu’ils sont des travailleurs prétendent incarner une politique anti-capitaliste.
  • Lutte Ouvrière par la voix de N. Arthaud se présente aux élections au nom des idées révolutionnaires, voire du trotskisme ou Léninisme.
  • Un nouveau parti est Révolution Permanente (RP), qui par son nom lui-même(mais jamais par ses positions) se réfère à Trotsky.

Pas plus que le NPA, LO ou RP ne dénoncent jusqu’au bout la gauche réformiste dans le cadre des campagnes électorales.

La dénonciation permanente, pendant ou hors des mouvements, de la gauche gouvernementale, est pourtant une tâche qui se pose avant, pendant et après toute période électorale. Mais, parmi ces partis d’extrême-gauche qui participent aux élections, aucun ne mène ce combat à 100 \%
car la gauche gouvernementale n’est pas représentée que par les partis politiques de gauche, mais également par les confédérations syndicales.

Parmi les 21 conditions d’admission à l’Internationale communiste de Lénine et Trotsky, la numéro 9 traitait justement de cette question : Tout Parti désireux d’appartenir à l’Internationale communiste doit poursuivre une action communiste persévérante et systématique dans les syndicats, les conseils d’entreprises, les coopératives et autres organisations de masse. Il faut, au sein de ces organisations, constituer des noyaux communistes qui, par un travail opiniâtre et constant, doivent les gagner à la cause du communisme. Ces noyaux devront révéler à chaque pas, au cours d’une action quotidienne, la trahison des social-patriotes et les hésitations du « centre » .

Ni le NPA, ni LO ni RP ne remplissent cette condition. C’est entre ce "centre" et la gauche réformiste que se situe l’extrême gauche en France. L’extrême-gauche électorale fait parmi des partis réformistes que les travailleurs doivent dénoncer. Puisqu’aucun parti ne le fera, invitons nous dans les élections pour dénoncer les réformistes de gauche et d’extrême-gauche, qui pour se donner des couleurs se réclameront de Jaurès ou Lénine.

Lutte Ouvrière est le parti politique qui est sur le papier le plus révolutionnaire, se réclame de la Révolution de 1917, de Marx, Lénine et Trotsky. Ce parti incarne à ce titre ce qui manque le plus malgré les apparences : la transmission vivante des acquis du mouvement ouvriers. Des partis qui s’auto-proclament les héritiers des grands révolutionnaires, sans jamais rien reprendre de leur programme !

Les élections son l’occasion de ressortir ces programmes, d’en discuter collectivement.

Le programme du Parti ouvrier de 1880 : gestion des caisses de retraites par les travailleurs, armement du peuple et abolition des impôts indirects

Le Parti ouvrier fondé à la suite des premiers congrès ouvriers après la répression de la Commune à partir de 1876 commençait avec les "considérants" suivants :

Considérant,

Que l’émancipation de la classe productive est celle de tous les êtres humains sans distinction de sexe, ni de race,
Que les producteurs ne sauraient être libres qu’autant qu’ils sont seront en possession des moyens de production (terres, usines, navires, banques, crédits, etc.)
Qu’il n’y a que deux formes sous lesquelles les moyens de production peuvent leur appartenir :
La forme individuelle qui n’a jamais existé à l’état de fait général et qui est éliminée de plus en plus par le progrès industriel ;
La forme collective dont les éléments matériels et intellectuels sont constitués par le développement même de la société capitaliste.

Considérant,

Que cette appropriation collective ne peut sortir que de l’action révolutionnaire de la classe productive - ou prolétariat - organisée en parti politique distinct ;
Qu’une pareille organisation doit être poursuivie par tous les moyens dont dispose le prolétariat, y compris le suffrage universel transformé en d’instrument de duperie qu’il a été jusqu’ici en instrument d’émancipation ;

Les travailleurs socialistes français, en donnant pour but à leurs efforts l’expropriation politique et économique de la classe capitaliste et le retour à la collectivité de tous les moyens de production, ont décidé, comme moyen d’organisation et de lutte, d’entrer dans les élections avec les revendications immédiates suivantes :

Avant de passer aux revendications, par ces "considérants" qui fixaient comme objectif final le socialisme, le Parti Ouvrier mettait en application les principe énoncé par Marx et Engels dans le Manifeste en 1848 :

Les communistes combattent pour les intérêts et les buts immédiats de la classe ouvrière ; mais dans le mouvement présent, ils défendent et représentent en même temps l’avenir du mouvement. (...) Les communistes ne s’abaissent pas à dissimuler leurs opinions et leurs projets. Ils proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l’ordre social passé.

Dans le récent mouvement des retraites, ce sont de tels "considérants" qui manquent de la part des soi-disant révolutionnaires comme le NPA, LO.

Ces partis "s’abaissent à dissimuler leurs opinions et leurs projets" en écrivant seulement dans certaines de leurs publications à diffusion restreinte que les directions syndicales, réunies dans l’intersyndicale, sont des agents de la bourgeoisie dans le mouvement ouvrier, que l’auto-organisation est nécessaire, mais en ne le disant pas ouvertement aux travailleurs et ne menant pas cette politique dans les entreprises où ils pourraient le faire.

En abandonnant systématiquement ce type de "considérants", c’est la révolution socialiste qu’abandonnent ces partis, la remplaçant par un anti-capitalisme fourre-tout, en fait un syndicalisme modéré défini par la loi de 1884, se limitant à des revendications économiques corporatives qui font l’objet par exemple des "Négociations annuelles obligatoires".

Le programme électoral du Parti Ouvrier avançait, après ses "considérants", avait comme revendications : dans sa partie politique cinq articles dont : 4 Abolition des armées permanentes et armement général du peuple ; dans partie économique, douze revendications dont deux d’une actualité brûlante : 8. Suppression de toute immixtion des employeurs dans l’administration des caisses ouvrières de secours mutuels, de prévoyance, etc., restituées à la gestion exclusive des ouvriers. 12. Abolition de tous les impôts indirects et transformation de tous les impôts direct en un impôt progressif sur les revenus dépassant 3.000 francs

Les revendications politiques sont absentes des programmes qui se réclament du peuple ou des travailleurs.

Quels sont les "considérants", les revendications économiques et politiques mises à jour, dignes d’un programme ouvrier pour aujourd’hui ? Ceux du Parti Ouvrier de 1880 cités plus haut sont encore valables. Tous ceux qui ne reprennent pas ce programme se placent de fait en dehors du mouvement ouvrier !

Congrès international socialiste de Stuttgart (1907)

C’est dans la question de la guerre que les discours de la gauche et l’extrême-gauche réformiste sont le danger le plus mortel pour les travailleurs par les illusions qu’ils peuvent créer.

La gauche réformiste, depuis son ralliement à l’Union sacrée en 1914, a soutenu toutes les guerres impérialistes et coloniales menées par la bourgeoisie française.

Le Parti communiste s’y est rallié en 1935, suite à l’annonce du Pacte Laval-Staline, ce dernier déclarant "Monsieur Staline comprend et approuve pleinement la politique de défense nationale faite par la France pour maintenir sa force armée au niveau de sa sécurité".

Mais la CGT s’est également ralliée depuis 1914 à l’impérialisme français. L’extrême gauche électorale est silencieuse sur ce point.

Les programmes et actions du mouvement ouvrier contre les guerres précédentes peuvent nous aider. Rosa Luxemburg en Pologne et Allemagne , Lénine et Trotsky en Russie et Ukraine, Pierre Monatte et Alfred Rosmer en France, incarnèrent une politique contre la première guerre mondiale, que la Révolution d’Octobre arrêta pour l’Empire de Russie en 1917. Au lieu de populariser le programme de ces révolutionnaires aujourd’hui, le NPA, LO et RP tentent de les mettre au service de la guerre impérialiste, encourageant la classe ouvrière à s’y engager.

Que les grands nom, historiques, de ces révolutionnaires engagés contre la guerre impérialiste en 1914, s’y rallient en 2023, à travers ceux qui se disent leurs héritiers, c’est ce rôle que ces partis d’extrême gauche (NPA, LO, RP) s’assignent de fait. C’est pour cette raison que les media bourgeois les invitent régulièrement à s’exprimer.

L’extrême-gauche électorale, en ne créant aucune tendance révolutionnaire dans les syndicats où elle est présente, en lutte ouverte avec les directions réformistes, se rallie de fait à la branche syndicale de l’Union sacrée fondée en 1914. La bourgeoisie ne lui en demande pas plus.

Comme le PC depuis longtemps, comme d’autre courants d’extrême-gauche plus petits, c’est en s’installant dans les syndicats que ces courants politiques survivent et peuvent gagner une audience.

Le NPA se rallie à l’Union sacrée en reprenant les arguments de 1914 de la guerre juste et démocratique. Le militarisme allemand de Guillaume II puis de Hitler sont remplacés par celui de la Russie et Poutine. Le NPA, en soutenant la politique de l’OTAN en Ukraine, au nom de la démocratie et du droit des femmes, ne se distingue pas de la gauche gouvernementale.

C’est de N. Arthaud, JP Mercier de Lutte Ouvrière que vient la pire des manoeuvres : faire parler des révolutionnaires comme Lénine et Trotsky pour prêcher la soumission à la guerre impérialisme qui vient.

LO est en effet, malgré les apparences, devenu un parti va-t-en-guerre ! La guerre de 1914 a mené à la révolution bolchévique de 1917, donc vive la guerre mondiale !

Nous exagérons ? Premièrement pour LO la guerre est une fatalité, c’est ce qu’aurait dit R. Luxemburg, donc s’y opposer est réactionnaire, une grève générale contre une guerre serait une "idée ridicule" (N. Arthaud, Le mouvement ouvrier organisé face aux deux guerres mondiales, 17 avril 2023). S’opposer serait faire preuve de pacifisme bourgeois. A ce titre LO s’acharne sur Jaurès. Alors que Jaurès fut assassiné par la bourgeoisie française comme obstacle à la guerre en 1914, comme le furent en 1919 R. Luxemburg, et en 1940 Trotsky. Car Jaurès incarnerait le pacifisme, et les révolutionnaires seraient les ennemis du pacifisme !

C’est un mensonge, un des objectifs du mouvement ouvrier révolutionnaire a toujours été de mettre fin aux guerres capitalistes ! "Le pain, la terre et la paix" a été le mot d’ordre aboutissant à la prise du pouvoir par les soviets en 1917. Oui la guerre est la pire des horreurs, enlever ce point du programme du mouvement ouvrier, c’est entrer dans l’Union sacrée !

En 1914, la CGT et le PS justifièrent leur soutien à la guerre en invoquant 1789 et la Commune de Paris. En 2023, LO déguise son ralliement à la guerre en la masquant derrière une dénonciation (très confidentielle) des directions syndicales. Ainsi dans son mensuel Lutte de Classe, N. Arthaud nous met en garde non contre la guerre mondiale, mais contre le prétendu pacifisme des organisations syndicales :

Une résurgence du pacifisme ?

A l’occasion du premier anniversaire de l’intervention russe en Ukraine, une intersyndicale nationale a appelé, fin février, à des marches pour "une paix juste et durable et le retrait des troupes russes". Des appels dans le même sens ont émané du PCF, du Mouvement pour la paix (qui lui est lié) et du MRAP, qui ont parfois reçu le renfort local de syndicats, de la France insoulise et de groupes dans son sillage.

A Berlin, elles ont réuni 50 000 personnes, avec la présence visible de députés de Die Linke, derrière les mots d’ordres "Armes à terre - Plus jamais la guerre"

"Non à la guerre, non à l’OTAN", "Pas d’armes, construire la paix". A Londres, la coordination Stop the War (Arrêter la guerre) a fait manifester sous des pancartes et banderoles "La paix maintenaint", "Non à la guerre, non à l’OTAN !".

Pacifisme ou révolution ?

Ce ne serait pas la première fois que des hommes et partis de la bourgeoisie se trouvant au pouvoir ou dans l’opposition tentent de dévoyer le légitime sentiment anti-guerre des masses populaires et travailleuses, dans un sens opposé à leurs intérêts.

Les révolutionnaires conscients doivent d’autant plus s’accrocher à la seule boussole fiable dont ils disposent. Celle, non pas du pacifisme, même peint aux couleurs de la dénonciation verbale du capitalisme,
mais celle de Lénine quand, en 1915 à la conférence Zimmerwald, il fixait pour
objectif aux révolutionnaires ce qui allait permettre la victoire des
bolcheviks en 1917 : transformer "la guerre impérialiste entre les peuples en une guerre civile
des classes opprimées contre leurs oppresseurs, en une guerre pour l’expropriation de la classe des capitalistes, pour la conquête du pouvoir
politique par le prolétariat, pour la réalisation du socialisme".

Un siècle a passé sans que ce programme puisse se réaliser à l’échelle mondiale, mais il n’a pas pris une ride.

Remarquons que pour LO, ce programme n’a pris aucune ride, mais n’est pas même encore né, car LO n’appelle jamais à la "guerre civile" dans ses interventions actuelles dans les media, le "moment opportun" n’étant pas venu, comme disent les opportunistes. LO attend peut-être la déclaration de guerre pour le faire !

Lénine, lui le faisait. Lénine n’a pas appelé seulement en 1914 à transformer la guerre impérialiste entre les peuples en une guerre civile, il donna au prolétariat la guerre civile, la révolution, avec pour objectif la dictature du prolétariat dès 1893 (début de ses activités) .

Lénine appela avant 1914 à transformer la "paix impérialiste" entre les peuples en une guerre civile. C’est parce que son parti bolchévik appelait à la révolution avant la guerre qu’il put la faire victorieusement pendant la guerre. LO, contrairement à Lénine, appelle à une future guerre civile après une future déclaration de guerre, mais appelle à la "paix civile", à "l’unité de la Nation" actuellement, car ce sont ces termes qu’employa l’intersyndicale dans le récent mouvement des retraites, sans que LO se démarque ouvertement de ces appels. Les porte-parole de LO avaient des larmes aux yeux réprobatrices sur les plateaux télé face aux feux de poubelle, montrant ainsi le ralliement de leur organisation au légalisme réformiste.

LO fait croire que le pire crime potentiel de la gauche réformiste serait un pacifisme hypocrite. Or c’est l’Union sacrée, le soutien de toutes les guerres impérialistes, de la guerre d’Algérie au génocide des Tustsis du Rwanda en 1994 qui sont les crimes de cette gauche !

L’alternative réelle serait entre pacifisme de cette gauche réformiste ou la révolution ? Donc si l’on est révolutionnaire, on ne peux pas être pour la paix ? L’opposition à la guerre est, d’après les termes de N. Arthaud cités plus haut : un "légitime sentiment anti-guerre des masses populaires et travailleuses", sous-entendu pour LO : s’opposer à la menace de guerre ce n’est qu’une émotion, pas un point du programme des révolutionnaires au-dessus des émotions populaires.

Or si !, les révolutionnaires, contrairement à LO, sont anti-guerre, c’est un des points de leur programme !
Non pour les révolutionnaires l’alternative n’est pas entre paix et révolution ! Il est entre pacifisme ouvrier prolétarien révolutionnaire, et pacifisme bourgeois. Les révolutionnaires prolétariens sont contre la guerre qui vient, car elle ne peut être qu’impérialiste ! Trotsky n’opposait pas, comme le fait LO, pacifisme et révolution, mais pacifisme prolétarien et pacifisme bourgeois :

L’expérience des années 1914-1918 démontre en même
temps que le mot d’ordre de paix n’est nullement en contradiction
avec la formule stratégique du « défaitisme ». Au contraire, il
développe une terrible force révolutionnaire, surtout dans le cas
d’une guerre prolongée. Le mot d’ordre de paix n’a un caractère
pacifiste, c’est-à-dire semi-rampant, engourdissant, débilitant,
que lorsque ce sont des politiciens, démocrates et autres, qui
jouent avec, quand les prêtres font des prières pour une fin rapide
de la boucherie, quand les « amoureux de l’humanité », et parmi
eux également des social-patriotes, adjurent en pleurant les gou-
vernements de conclure rapidement la paix sur la « base de la jus-
tice ». Mais le mot d’ordre de paix n’a rien de commun avec le
pacifisme quand il émane des quartiers ouvriers et des tranchées
où il se mêle à celui de la fraternisation entre soldats des armées
ennemies, unissant les opprimés contre les oppresseurs. La lutte
révolutionnaire pour la paix, prenant des formes toujours plus
larges et plus courageuses, est le plus sûr moyen de« transformer
la guerre impérialiste en guerre civile »

Trotsky, 1934

Donnons aux travailleurs l’accès à ces textes. Car la citation précédente rétablit la véritable stratégie de Lénine, citée par Trotky.

En effet, LO demande à tort au prolétariat de considérer positivement la guerre car la guerre porterait en elle la révolution, qu’il faut attendre la guerre pour faire la révolution car celle de 1917 eut lieu pendant la guerre, justifiant un tel point de vue par des citations tronquées de Lénine. Mais citons complètement Lénine dont la stratégie n’était pas seulement la "transformation de la guerre impérialiste en guerre civile" mais, comme Trotsky le dit la formule stratégique du « défaitisme » :

La révolution en temps de guerre c’est la guerre civile, or la transformation d’une guerre de gouvernement en guerre civile est facilitée par les revers militaires (par la « défaite ») des gouvernements ; d’autre part, il est il est impossible de contribuer pratiquement à cette transformation si l’on ne pousse pas, du même coup, à la défaite

Lénine, « De la défaite de son propre gouvernement dans la guerre impérialiste » , Œuvres, Vol 21, p. 284.

Or LO, tout comme le NPA, comme LFI, tous méritent le qualificatifs de socio-patriotes : car ils absolument pas défaitiste vis-à-vis de leur impérialisme, l’impérialisme français.

Récemment, cet impérialisme a subit une défaite patente, un de ces "revers militaires"mentionnés par Lénine : l’armée française a été chassée du Mali, notamment sous la pression des manifestations de la populations malienne, dont des travailleurs, manifestations qui se sont déroulées en partie en France à l’appel des organisations pan-africanistes.

Cette défaite de notre impérialisme ne peut être que saluée par les travailleurs conscients de France, français ou maliens ! Toute défaite de l’armée française est une victoire potentielle pour les travailleurs d’ici, et nous sommes partisans du défaitisme révolutionnaire de Lénine.

Au lieu de saluer la défaite de l’armée française au Mali, LO, dans sa récente réunion publique intitulée "Afrique : face aux rivalités impérialistes, pour une politique de la classe ouvrière", dénonce l’action des Maliens contre l’armée française ! Car le fait que ce départ de l’armée française coïncide avec l’avancée de la Russie à travers les mercenaires de Wagner, ne ferait que "renforcer le capitalisme" !

Alors que le NPA rentre dans l’Union sacrée avec la partition du PS, LO y rentre par la voie stalinienne. En effet, le PC après sa conversion au "rôle civilisateur" de l’armée française en 1935, dénonçait
les combats anti-coloniaux, comme faisant le jeu du fascisme, car n’étant pas "mûrs pour l’indépendance", ces colonies tomberaient aux mains de l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste.

Aucun partie en France, ni LO ni le NPA ni LFI n’est donc défaitiste. La pseudo disciple de Lénine N. Arthaud de LO déforme la politique du Russe Lénine en omettant de mentionner son défaitisme vis-à-vis de "son" impérialisme russe.

Enfin, selon Lénine lui-même, sa stratégie de transformation de la guerre impérialiste en guerre civile ne datait pas de 1914, mais ne fait que reprendre les résolutions de l’aile gauche de la IIème internationale avant 1914, dont celles du Congrès de Stuttgart en 1907, rédigées aux côtés de Jaurés que LO fustige comme "pacifiste bourgeois".

Concernant la deuxième guerre mondiale, c’est dès le premier congrès de l’internationale communiste en 1919 que Lénine et et Trotsky annoncent qu’en l’absence de révolution prolétarienne mondiale, la deuxième guerre mondiale était à l’ordre du jour, avis d’ailleurs partagé par l’économiste bourgeois Keynes et l’historien Bainville d’extrême droite dans leurs analyses remarquables du Traité de Versailles.

Lénine puis Trotsky n’ont pas eu pour programme politique d’attendre la 2ème guerre mondiale pour transformer cette guerre impérialiste en guerre civile !

Leur programme était de transformer la pseudo paix impérialiste du Traité de Versailles en révolution prolétarienne ! Ce sont le Stalinisme à partir de 1924 en Russie, les échecs des révolution en Allemagne (1923, 1933), en Chine (1927), Autriche (1934), en Espagne et en France (1936) qui ont causé la 2ème guerre mondiale.

Une politique révolutionnaire adéquate aurait pu faire triompher la révolution mondiale, empêcher la seconde guerre mondiale. C’est une telle politique qui est d’actualité, pas l’attente passive de la 3ème guerre mondiale.

Attendre la guerre pour prêcher la révolution, est un programme de LO qui n’a jamais été celui de Lénine et Trotsky. La dernière guerre en France impliquant le contingent fut la Guerre d’Algérie, elle ne transforma pas les appelés en révolutionnaires ! C’est parce que Lénine et Trotsky eurent pour programme la dictature du prolétariat dès 1903 dans leur preogramme avec la fondation de la tendance bolchévique, dès 1905 dans la pratique de la révolution, qu’ils purent transformer la guerre impérialiste en dictature du prolétariat en 1917. La dictature du prolétariat n’est pas au programme de LO en 2023, elle ne le sera pas au cours de la prochaine guerre impérialiste. Les révolutionnaires ne font pas l’apologie du rôle révolutionnaire de la guerre, ils combattent la guerre impérialiste avant qu’elle se déclenche.

Quel programme contre la guerre ? Le Congrès de Stuttgart en 1907 avait à l’ordre du jour

  1. Le militarisme et les conflits internationaux
  2. Relations entre les partis ouvriers et les syndicats
  3. Question coloniale
  4. Immigration de travailleurs
  5. Droit de vote des femmes

Pourquoi les travailleurs en France ont-ils si peu relayé les manifestations des Maliens contre l’armée française ? Comment faire pour aider les luttes des travailleurs d’Afrique, que ce soit du Mali francophone, ou du Soudan qui est en révolution depuis des années ?

Mettons à l’ordre du jour toutes ces questions dans nos assemblées. Transformer la future guerre impérialiste en révolution est une utopie, si nous ne transformons pas des Gilets juanes, des militants des syndicats ou d’extrême-gauche se sentant trahis par les directions de la CGT, de SUD, de LO, du NPA, de RP, en militants ouvriers conscients, ayant assimilé les leçons que nous ont donné les travailleurs des période précédentes.

Le programme d’action pour la France de Trotsky en 1934

Pour conclure donnons comme autre exemple de programme politique un programme que ceux qui se réclament de Trotsky (LO, RP et parfois NPA) ne citent jamais. Il fut diffusé en France en 1934.

On l’a vu, ni la gauche ni l’extrême gauche ne proposent aucune revendication politique aux travailleurs pendant les mouvements. Le caractère monarchique de la Vème République a choqué de nombreux travailleurs pendant le mouvement des retraites. La IIIème République en 1934 présentait la même évolution. Un des points du programme de Trotsky de 1934 proposait donc a revendication transitoire suivante, qui est encore d’actualité :

Nous sommes donc fermement partisans d’un État ouvrier et paysan qui élimine du pouvoir des exploiteurs, les oppresseurs, les magnats du féodalisme moderne. L’État qui ne s’appuie que sur les masses travailleuses des villes et de la campagne et qui in­carne leur volonté d’affranchissement, ne peut être réalisé que par la volonté de la majorité du prolétariat. Gagner la majorité de nos frères de classe à ce programme est notre but suprême.

Cependant tant que la majorité de la classe ouvrière reste sur la base de la démocratie bourgeoise, nous sommes prêts à la défendre de toutes nos forces contre les attaques violentes de la bourgeoisie bonapartiste et fasciste.

Mais nous exigeons de nos frères de classe qui se réclament du socialisme « démocratique » qu’ils soient fidèles à eux-mêmes, qu’ils s’inspirent des idées et des méthodes non de la Troisième République, mais de la Convention. A bas le Sénat, Chambre élue au suffrage restreint et qui rend illusoire les pouvoirs du suffrage universel !

A bas la Présidence de la République qui sert de point de concentration occulte à toutes les forces du milita­risme et de la réaction !

UNE ASSEMBLÉE UNIQUE doit concentrer le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif. Les membres en seraient élus pour deux ans, au suffrage universel depuis l’âge de dix-huit ans, sans distinction de sexe ni de nationalité. Les députés seraient élus sur la base d’assemblées locales, constamment révocables par leurs mandants et recevraient pendant le temps de leur mandat le traitement d’un ouvrier qualifié.

Telle est la seule mesure qui entraînerait les masses en avant au lieu de les repousser en arrière. Une dé­mocratie plus large faciliterait la lutte pour le pouvoir ouvrier.

De faux révolutionnaires reprennent aujourd’hui des revendications révolutionnaires comme le contrôel ouvrier, l’abolition du secret commercial. Mais sans les embryons de pouvoir ouvrier que sont les comités d’usine, les soviets, de même qu’ils veulent la révolution sans l’armement du peuple. Voilà comment ce programme de 1934 abordait cette question :

Contrôle ouvrier et paysan sur les banques, l’industrie et le commerce

La démocratie bourgeoise accordait aux masses laborieuses une apparence de contrôle politique sur ses dirigeants grâce au bulletin de vote. Tant que cela ne lui était pas nuisible, la bourgeoisie a permis cette démocratie. Mais elle n’a jamais permis l’ombre méme d’un contrôle sur sa gestion économique, sur la base de son exploitation, qui aboutit à l’anarchie, la faillite et la misère des masses.

L’actionnaire parasite a le droit de savoir comment fonctionne l’entre­prise, qui l’enrichit. Mais l’ouvrier, le producteur exploité, n’a qu’à obéir et à se taire : il n’est qu’une partie de l’outillage.

Mais les travailleurs veulent connaître toutes les pièces de la machine. Eux seuls peuvent juger son fonctionnement. A l’autorité capitaliste des directions, imposons le contrôle implacable des travailleurs.

Les comités d’usine, les comités de paysans, les comités de petits fonctionnaires, d’employés, pourraient très facilement, avec l’aide de techniciens honnêtes, d’ingénieurs, de comptables dévoués au peuple travailleur, démêler les « secrets commerciaux » des exploiteurs. C’est par ce moyen qu’il faut instaurer le CONTROLE PUBLIC SUR LES BANQUES, L’INDUSTRIE ET LE COMMERCE .

Un programme électoral ne peut être révolutionnaire s’il ne dépasse pas le cadre des frontières. Ces comités et soviets, c’est le monde entier qu’ils doivent couvrir. L’abolition des frontières ne reste qu’un voeux pieux s’il n’est pas porté par l’objectif de la dictature mondiale du prolétariat, sous la forme d’une fédération mondiale des républiques fédératives socialistes !

Exprimons-nous avant, pendant et après toutes les élections. Ne laissons pas les vrais réformistes sociaux-démocrates (PS-LFI-SUD), les staliniens (CGT-PC), les néo-réformistes de type social démocrate (NPA) ou stalinien (LO) s’exprimer à notre place, et déformer les programmes révolutionnaires que nous ont laissé R. Luxemburg, Trotsky, Griffuelhes !

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