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Algérie : de nouvelles grèves

lundi 1er février 2010

FRONT SOCIAL
L’éducation et la santé font le forcing
01 Février 2010 - Page : 2
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C’est reparti jusqu’au 3 février

Alors que les médecins grévistes menacent de sortir dans la rue ce mercredi, les travailleurs de l’éducation décrètent une grève cyclique de 10 jours chaque mois.

Le Syndicat national des travailleurs de l’éducation (Snte) a entamé hier son débrayage de quatre jours reconductible jusqu’au 3 février prochain. Ce syndicat est soutenu dans son mouvement de protestation par trois syndicats autonomes, à savoir le Syndicat national autonome du personnel de l’administration publique (Snapap), le Syndicat algérien des travailleurs de l’éducation et de la formation professionnelle (Satef) et l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (Unpef).
Les syndicats, qui ont pour la plupart tenu des assemblées générales jeudi dernier, dénoncent « les atermoiements du ministre de l’Education, Boubekeur Benbouzid, quant à la concrétisation des revendications des travailleurs de l’éducation », nous dit-on. Bien que cette grève n’a pas été suivie selon nos correspondants, les protestataires sont, toutefois, déterminés à aller jusqu’au bout. Contacté par nos soins, le coordinateur national des adjoints de l’éducation, Mourad Fertaki, a indiqué que le syndicat compte « entamer une grève cyclique allant jusqu’à 10 jours et ce pour chaque mois si on refuse de nous entendre ».
Le Syndicat national des travailleurs de l’éducation exige de la tutelle la « réhabilitation de tous les adjoints d’éducation, au nombre de près de 40.000 à l’échelle nationale dont 2% sont titulaires d’une licence de fin d’études, dans le corps pédagogique ».
Dans ce contexte, il a précisé qu’« auparavant, nous avions le droit de postuler au poste de surveillant général de l’éducation, après 10 ans d’expérience. Avec la nouvelle loi, seuls les universitaires ayant une expérience de deux ans peuvent y accéder ». Cette loi exige de toute personne voulant postuler au poste d’adjoint principal d’éducation, un diplôme universitaire.
« Chose que nous n’avons pas, puisque nous avons été recrutés dans les années 80 avec le niveau de terminale », souligne notre interlocuteur. Dans une déclaration précédente, le ministre de l’Education nationale avait annoncé une révision de la classification des adjoints de l’éducation à l’issue d’une réunion ayant regroupé le bureau national du Snte et les représentants du ministère, mais la coordination a été surprise de constater que l’adjoint principal d’éducation a été rétrogradé de la catégorie 10 à la catégorie 8, alors que l’adjoint d’éducation a été maintenu à la catégorie 7 avec la condition de poursuivre une formation spécialisée pour prétendre à une promotion, cela bien qu’il ait le même niveau que les travailleurs des autres branches classés aux catégories 10 et 11. De leur côté, les médecins généralistes et spécialistes poursuivent toujours leur grève entamée depuis près de deux mois. Le débrayage a été suivi par « l’écrasante majorité des praticiens à travers le territoire national et connaît une mobilisation qui ne cesse de se renforcer. Celle-ci a dépassé les 80% à l’échelle nationale », affirme le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), le Dr Lyès Merabet, joint hier par téléphone. Notre interlocuteur a réitéré l’appel aux adhérents à poursuivre leur mouvement de protestation en organisant des sit-in, chaque mercredi, au niveau des établissements hospitaliers à travers les wilayas du pays, sans oublier la grande marche prévue ce mercredi à partir du CHU Mustapha-Bacha vers la présidence de la République à Alger.
La révision des statuts particuliers et du régime indemnitaire, figure parmi leurs principales revendications.

Lynda BEDAR

Messages

  • Le Quotidien d’Oran - 16 fev 2010
    algerie
    Deux autres syndicats rejoignent la grève : Vers la paralysie des écoles

    Avec l’Unpef et le Cnapest qui rejoignent la protesta, dans l’Education, la boucle est bouclée. Ils sont les derniers syndicats autonomes qui temporisaient avant d’opter pour le débrayage.

    Hier les responsables de ses entités ont déposé conjointement un préavis de grève à partir du 24 du mois en cours pour une durée d’une semaine reconductible. C’est ce que nous a révélé le coordinateur du Cnapest, Nouar Larbi. Notre interlocuteur nous a indiqué que « nous avons eu une réunion avec les responsables de l’Unpef, avec lesquels nous travaillons de concert et nous avons décidé d’engager une action commune. Nous entamerons une grève illimitée jusqu’à ce que la tutelle prenne en charge sérieusement nos revendications. Nous voulons que les textes élaborés par les trois commissions relatives au régime indemnitaire, œuvres sociales et médecine du travail, au sein desquelles nous avons travaillé d’arrache-pied pendant deux mois d’affilée, soient libérés et rendus publics mais surtout que le ministre ait le courage de prendre les mesures adéquates pour mettre fin à cette situation de blocage ».
    Pour rappel, le Cnapest et l’Unpef sont les deux syndicats autonomes qui négocient officiellement avec le ministre. Ce recours à la grève de leur part signifie que le dialogue est rompu. Outre ces deux syndicats, d’autres ont déjà affiché leur mécontentement en décidant d’un arrêt de travail.

    Le Snapest entame une semaine de grève à partir d’aujourd’hui, le Cla a annoncé une grève à partir du 21 et le Snte engage son deuxième débrayage le 22 du même mois. C’est dire qu’à l’appel de ces syndicats, tous paliers confondus, il faut s’attendre à la paralysie des écoles pendant un bon moment, surtout que tous ces syndicats ont décidé de boycotter les examens et les compositions.
    Parmi les revendications faites par ces entités syndicales, on notera une augmentation des salaires par la revalorisation du point indiciaire de 45 à 200 DA, la promulgation d’un régime indemnitaire qui valorise le métier, la révision du statut particulier, l’intégration des contractuels et une retraite après 25 ans de service, sans oublier le maintien de la retraite anticipée. D’autres revendications figurent en pôle position comme l’annulation de l’arrêté 94/158 relatif aux œuvres sociales qui donne l’exclusivité à la Fnte affiliée à l’Ugta , l’ouverture d’une enquête sur la Munatec (Mutuelle nationale des travailleurs de l’Education et de la Culture) et sur la gestion de ses fonds.

    La lettre du ministre de l’Education Boubekeur Benbouzid, qualifiant les menaces de grève d’ »injustifiées » a attisé le feu au lieu de l’éteindre. Et la réaction des syndicats autonomes ne s’est pas faite attendre.
    Tout indique que le mouvement de protestation, en ce mois de février, va se durcir et risque d’hypothéquer l’année scolaire. Avec la menace du boycott des examens et des compositions, on risque de se diriger droit vers une année blanche. La protestation n’a jamais été aussi forte dans le secteur de l’Education. Les grèves des différents syndicats autonomes sont si proches, les unes des autres, qu’elles semblent s’acheminer vers une durée illimitée.
    Moufida R.

  • Les médecins crient leur ras-le-bol
    Ils étaient des milliers devant le Palais du gouvernement

    Mercredi de la colère acte III.
    Les praticiens de la santé publique ont tenu, hier, leur rassemblement devant le Palais du gouvernement. Ils étaient des milliers à affluer des 12 wilayas du centre du pays sur Alger. Cela prouve que notre mouvement prend de l’ampleur, a déclaré le Dr Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp), lors d’une intervention remarquable durant le sit-in tenu au jardin de l’horloge florale, au pied de l’édifice gouvernemental.
    Lui emboîtant le pas, le Dr Lyès Mérabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), a fustigé l’attitude méprisante des autorités, notamment de la chefferie du gouvernement, à l’égard de leur mouvement.
    « Notre action est pacifique, nos revendications sont légitimes. A ceux qui nous accusent d’être manipulés par des officines étrangères ou des chapelles politiques, je dis que nous ne sommes manipulés que par la misère quotidienne que nous vivons », a fulminé le Dr Mérabet. Le rassemblement, hier, a été une véritable démonstration de force des blouses blanches. Rien ne semble les arrêter dans leur élan. Ni la matraque, ni les ponctions sur salaire, ni même l’étiquette d’agitateurs, ne semble entamer la détermination.
    Aussi, la présence massive des services de sécurité ne les a pas dissuadés, ils ont maintenu leur manifestation. Tôt dans la matinée, Alger-Centre était littéralement quadrillée par la police. En contre-bas du Palais du gouvernement, l’avenue Pasteur était soigneusement « surveillée » et l’entrée par la Grande Poste filtrée.
    Plus haut, le carrefour jouxtant le Palais était sous l’oeil attentif, mais « discret », des « Casquettes bleues. » L’avenue qui monte du carrefour vers le rond-point Saïd-Ouaguenoune est occupée. Tous les chemins en provenance des hauteurs d’Alger sont sous contrôle. Les alentours du Palais du gouvernement sont bouclés. Il est 10h30. Pour le moment, les médecins se font discrets. Nous effectuons le tour des lieux. Pas une mouche qui vole sans attirer des « yeux » à l’affût. Les flics en civil veillent au grain. Zohra, chirurgien-dentiste, n’en croit pas ses yeux : « Tout cet arsenal déployé pour nous empêcher de crier notre colère », lance-t-elle.

    La presse et les médecins insultés
    Nous redescendons à l’avenue Pasteur. Les premiers groupes de médecins arrivent. En deux temps, trois mouvements, le jardin de l’horloge florale se transforme en ruche de blouses blanches, de casquettes et de....casques bleus ! Les deux entrées du jardin sont fermées. Les médecins sont pris en étau. L’horloge du jardin est en folie. Les évènements se succèdent à un rythme infernal. A l’entrée supérieure, un policier profère insultes et obscénités contre les praticiens. La presse en aura aussi pour son grade. Le Dr Moussaoui, président de la région centre du Snpsp, est bousculé. Un agent de l’ordre le fait entrer de force dans le jardin. Pis, le Dr Kadem, chirurgien à l’hôpital de Beni Messous, est empoigné par quatre flics en civil. Il sera placé dans un fourgon des CRS. « Ils m’y ont mis en compagnie d’un délinquant », déplora-t-il après sa libération. La colère des médecins monte d’un cran. « Il est inadmissible que les praticiens soient traités de la sorte par les pouvoirs publics. Au lieu de la répression, les autorités doivent proposer des solutions concrètes. Surtout que le diagnostic de la situation a été fait par les médecins », déclare le Dr Aït Aissa Salima, pédiatre à la polyclinique de Kouba.

    Plusieurs interpellations
    Entre-temps, des rumeurs circulent sur l’arrestation du Dr Merabet. L’inquiétude est à son comble. Arrivé à la Fac centrale, le Dr Merabet à la tête de 300 médecins, est interpellé.
    Les policiers tentent de les empêcher de rejoindre le lieu du rassemblement. Echec de la première tentative. Une seconde fois, les blouses blanches sont arrêtées au moment d’atteindre le tunnel des Facultés. En vain. Ces derniers continuent leur avancée. Ils atteignent à l’entrée basse du jardin, au bord de l’avenue Pasteur. Là, les choses se corsent.
    Les policiers se montrent hermétiques. « Nous avons reçu des instructions », indique un officier devant le portail. A la vue de leurs collègues, les médecins qui occupent déjà le jardin scandent : « Nous sommes des praticiens, nous ne sommes pas des chiens ! » Sur la voie publique, les autres répliquent « Un, deux, trois, où sont nos droits ? » Devant leur détermination, les policiers lâchent du lest. Le groupe mené par le Dr Merabet entre enfin dans le jardin. Il aura droit à un accueil triomphal de la part des autres praticiens. Mais l’inquiétude subsiste. Plusieurs médecins sont interpellés.
    D’autres se sont vu confisquer leurs papiers. « Pourtant, nous avons demandé, il y a quelques jours, à être reçus par le chef du gouvernement ou l’un des représentants de l’Exécutif. Cette demande a été renouvelée ce matin mais elle a été refusée », a regretté le Dr Yousfi. Ce dernier a, néanmoins, salué le sens de la responsabilité des officiers dépêchés sur place. « Ils ont reçu des instructions fermes allant jusqu’à notre embarquement, mais ils ont su se montrer ouverts aux négociations et le rassemblement a été toléré », a-t-il reconnu.
    Les praticiens se sont fixé rendez-vous, mercredi prochain, pour un rassemblement devant la présidence de la République.
    Mohamed Sadek Loucif

    QUOTE
    Le Quotidien d’Oran - 18 fev 2010

    Oran : Sit-in devant le siège de Sonatrach Aval

    Une cinquantaine de jeunes travailleurs recrutés par Sonatrach dans le cadre du dispositif d’aide à l’insertion professionnelle (DAIP) et dont les contrats d’une année n’ont pas été renouvelés par l’employeur, ont tenu, hier après-midi, un rassemblement de protestation devant le siège d’Oran de la Direction Aval, pour dénoncer une procédure qu’ils qualifient « d’abusive et d’injustifiée ». Selon les contestataires, entre 100 et 150 contractuels DAIP, dispatchés sur plusieurs départements, seraient dans cette situation. Les contractuels « remerciés » ont été, affirment-ils, remplacés au bout de durs et loyaux services par des nouvelles recrues ou par des agents venus d’autres départements.

    « On a été recruté par la voie réglementaire. On a été affecté à des postes vacants au niveau de différents départements pour être tout de suite opérationnel. Chaque mois, on faisait l’objet d’évaluations selon 11 critères prédéfinis. Ensuite, on a dû passer avec succès une série de tests au niveau du camp 6. Mais en dépit du fait qu’on ait réussi avec brio aux tests, on nous remercie sans aucune explication. C’est un manque de transparence flagrant qui cache un déni de droit et une procédure abusive caractérisée », affirment les contractuels. La question que tout le monde se pose est la suivante : « Est-ce que les fiches d’appréciation ont été prises en compte ? Et si ça n’a pas été le cas, nous voudrions bien savoir quels sont les critères qui ont été adoptés pour opérer cette sélection ? » Pourtant, affirment-ils, les textes réglementaires relatifs au DAIP sont clairs : « le dispositif offre la possibilité de satisfaire les besoins en recrutement par l’évaluation des candidats insérés durant une année sur les plans de la compétence et du comportement (…) » Contacté, le directeur de la communication de Sontrach Aval a indiqué que « le groupe de jeunes a été reçu par le directeur des ressources humaines, leurs doléances ont été enregistrées et seront traitées selon les besoins de l’entreprise. Tous les contrats d’ingénieurs et d’instrumentistes (des corps de métier) ont été pris, leurs reconduits, et ils seront formés. Les autres, leurs dossiers seront traités dans le cadre du plan d’action 2010".
    Houari Barti

  • tension sociale en algerie, depuis le début de l’année les travailleurs lutte dans tout les secteur. les travailleurs de snv de rouiba ,le complexe sidérurgique d’arcelormittale d’annaba, le secteur de l’éducation,le personnelles hospitalier.... des émeutes éclatent dans tout les villes du payes.tout ces lutte elle s’en disperser chacun dans son coin manque dune organisation qui défend vraiment les intérêts des travailleurs.il faut souhaiter que toutes ces luttes convergent et se généralisent pour faire reculer le pouvoir et la bourgeoisie algérienne.

  • Maroc - Après le licenciement de 850 salariés, répression à Khouribga

    Des dizaines de blessés, dont une quinzaine envoyés à l’hôpital, tel est le bilan de l’intervention des forces de répression contre le sit-in organisé le 25 février à Khouribga, au Maroc, par les mineurs licenciés abusivement par l’Office chérifien des phosphates (OCP). Les autorités avaient déjà fait réprimer sauvagement la marche organisée deux jours plus tôt vers la préfecture de Khouribga.

    En fait, le bras de fer entre ces mineurs et l’OCP dure depuis plus de six mois. Cette situation fait suite au licenciement collectif de 850 salariés qui travaillaient à l’exploitation du phosphate dans la région de Khouribga et qui ont voulu constituer un syndicat affilié à l’Union marocaine du travail (UMT) afin de défendre leurs droits.

    Ces travailleurs ont été embauchés dans les années 2001-2002 par la société Smesi Régie, filiale du groupe Office chérifien des phosphates (OCP), pour travailler sur le site minier de Boujniba, dans la région de Khouribga. Au Maroc, l’Office chérifien des phosphates, établissement public devenu groupe OCP en 1975, puis OCP SA en 2008, détient le monopole de l’exploitation de ce minerai. Il extrait chaque année 24 millions de tonnes du sous-sol marocain, ce qui en fait le premier exportateur mondial, et réalise un chiffre d’affaires annuel d’environ 5 milliards d’euros, ce qui en fait le plus gros exportateur de phosphate sous toutes ses formes.

    Pour parvenir à ces résultats, l’OCP surexploite des milliers de mineurs titularisés, mais aussi des milliers de travailleurs temporaires. Le groupe a également fait appel à des sociétés d’intérim pour l’exécution de certaines tâches.

    La majorité des 850 licenciés travaillaient à la production, dans les galeries ou dans la mine à ciel ouvert, mais également comme chaudronniers, mécaniciens d’entretien, conducteurs d’appareils de levage ou de poids lourds, informaticiens ou comptables. Bien qu’ils aient été embauchés par la Société marocaine d’études spéciales et industrielles (Smesi), c’est l’administration de l’OCP qui, durant toutes ces années, était directement responsable de leur affectation et de leurs tâches.

    L’été 2008, la direction du groupe OCP avait intégré 883 ouvriers dans une situation similaire, ainsi que d’autres salariés embauchés par diverses filiales, mais elle a refusé sous de faux prétextes d’accorder les mêmes droits aux 850 de la Smesi. La constitution d’un syndicat UMT en mai 2009 a précipité la répression, avec la mise à pied en juillet de 150 ouvriers, dont des membres du syndicat, puis à la généralisation de cette mesure aux 700 autres.

  • TSA - 16 mar 2010

    Blessés et arrestations à Oran lors de la destruction d’un bidonville

    L’opération de destruction d’un bidonville mardi matin près d’Oran a tourné à l’émeute. Des affrontements ont éclaté entre les forces de l’ordre et des habitants d’une quarantaine de constructions illicites situées à l’intérieur de la forêt d’El Hassi près d’Oran, qui contestaient la démolition de leurs maisons. Les affrontements ont fait plusieurs blessés par les gendarmes et les manifestants dont cinq ont été interpellés.

    Des familles en colère ont empêché les engins de destruction d’avancer en barricadant les accès par des pierres et des pneus brulés. D’importantes forces de l’ordre ont été dépêchées sur les lieux et dont l’intervention a été musclée. Les forces antiémeutes ont fait usage de bombes lacrymogènes pour disperser la foule composée essentiellement de jeunes. Ce qui a permis aux engins de démolir la quarantaine de bicoques construites par des familles en quête de logis. Aucun programme de relogement n’a été prévu pour reloger les familles évacuées, selon des manifestants. La destutcion de ce bidonville était programmée depuis plusieurs semaines.
    Hamid Bahri

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    El Watan - 17 mar 2010

    Mal-logés et habitants de bidonvilles se comptent par millions
    Les autorités submergées par les demandes de logement

    La tension sur le logement monte. Des scènes d’émeutes sont signalées régulièrement à différents endroits de la capitale comme un peu partout ailleurs dans les grandes villes du pays et leurs périphéries. Après les habitants de Diar Echems, un quartier d’Alger, qui se sont soulevés contre les autorités locales avant d’obtenir ce toit qu’ils ont attendu pendant de longues années, d’autres sans-logis des divers quartiers à investissent la rue afin de faire entendre leur ras-le-bol et exiger leur relogement. Ainsi les habitants de Zaâtcha, Saint-Georges à Birdkadem ou d’un autre bidonville, dont on vient de découvrir parfois le nom, se sont révoltés ces dernières semaines contre des responsables locaux.

    Le mécontentement de ceux de Diar Echems à El Madania (Alger) en octobre dernier et l’écho reçu en « haut lieu » semblent avoir fait des « émules ». La décision prise par les autorités de reloger les protestataires a vraisemblablement incité des occupants des autres bidonvilles, comme ceux des chalets des centres de transit à travers le pays, à sortir dans la rue pour se « faire voir des autorités », mais surtout exiger un logement. La frustration est encore celle des nombreux demandeurs (LSP, sociaux locatifs, promotionnel) qui craignent que les « logements qui leur sont destinés soient détournés au profit des occupants des bidonvilles qui sont relogés parce qu’ils protestent en occupant la voie publique ». « A Diar Echems, une famille de six membres a bénéficié de six appartements. Moi qui a préféré ne pas construire de baraque, je ne bénéficie pas pour autant des faveurs de la République. L’opération de relogement entamée depuis trois jours ne concernera pas dans les semaines à venir les familles restées pour leur grand malheur dans des cagibis exigus », déplore un fonctionnaire de la wilaya qui assure que l’Etat ne peut subvenir aux besoins en logements, surtout dans la formule sociale.

    Des autorités locales, jamais associées à ces opérations, craignent que la décision de « privilégier » les plus irrédentistes de la population ne crée l’irréparable. « La frustration est grande et ça gronde de partout. La décision de l’Etat, compréhensible d’un certain côté, peut créer des dérapages et une tension sociale, surtout que plusieurs programmes ne sont pas encore achevés. Des demandeurs de logements LSP (logement social participatif), par exemple, attendent que l’entrepreneur leur fasse appel pour payer leur tranche alors que d’autres désespèrent de voir les chantiers sortir de sous terre », se désole un élu d’une APC de la périphérie d’Alger, jamais favorisée lors de la distribution de quotas de logements aux « APC riches ». Le wali d’Alger, garant de la sécurité dans la capitale, s’est montré intransigeant lors d’un discours prononcé à l’occasion d’une session de l’APW.
    Il a affirmé aux élus de l’Assemblée, surpris de voir l’ordre du jour consacré à la formation professionnelle et ses perspectives bousculé, que l’Etat restera « intransigeant » face aux velléités de révolte d’une partie de la population. « Celui qui sortira trouvera l’Etat en face », menace Mohamed Kebbir Addou qui a prononcé sa harangue au lendemain d’un mouvement de protestation au bidonville de Zaâtcha à Sidi M’hamed.

    Le risque de contagion est important à Alger, la ville compte plus de 50 000 familles qui occupent des bidonvilles disséminés sur tout le territoire de la wilaya. Selon le wali, il n’est pas facile de reloger à la fois toutes les familles dans le besoin. « Les demandes de logement à Alger sont au nombre de 200 000 auxquelles s’ajoutent les résidants des chalets et des occupants des caves et des terrasses. Le programme de rénovation des vieux quartiers comme Diar Echems a commencé en 2004, c’est-à-dire bien avant les événements que l’on connaît », explique-t-il en faisant remarquer que d’ici octobre prochain, plus de 10 000 logements seront distribués dont une bonne partie est destinée à résorber l’habitat précaire. « 41% du programme de logements en chantier à Alger est consacré au RHP. L’autre moitié est consacrée aux autres programmes », assure-t-on à la wilaya
    Nadir Iddir

  • Alger républicain, éditorial du numéro de mars-avril 2010

    Intensification des luttes sociales
    Contradiction inconciliable entre ceux « d’en haut » et ceux « d’en bas »

    L’année 2010 s’annonce sous des signes qui incitent à l’optimisme. Le pays assiste à un saut qualitatif dans l’éveil de la conscience sociale des travailleurs, manuels ou intellectuels.
    Ouvriers de Rouiba, d’El Hadjar, de Sidi Bel Abbes, enseignants, médecins du secteur public, jeunes chômeurs - la liste des catégories socio-professionnelles entraînées dans le combat social est de plus en plus longue - se mettent en mouvement. Les discours sur la crise, sur la baisse des recettes pétrolières, sur la hausse des prix des biens importés et sur la nécessité qui en découlerait d’accepter des “sacrifices” n’ont pas de prise sur les travailleurs en grève. Tous constatent que les crises ne touchent pas et n’ont jamais touché tout le monde de la même façon. Une minorité s’enrichit de crise en crise, accumule sans état d’âme un patrimoine immobilier insolent ou place l’argent du pillage dans les banques étrangères. Mais les travailleurs, les petits commerçants et artisans, les catégories “moyennes” de salariés, eux, s’appauvrissent.
    Les couches sociales dominantes, les hommes des appareils du pouvoir qui avaient conduit le pays au désastre de la crise de 1985 n’ont nullement souffert de l’application des mesures d’ajustements structurels de 1994 provoquées par leur politique. Au contraire, les “réformes” leur ont profité et les ont immensément enrichis. Mieux encore, grâce à “l’esprit des réformes” et à la culpabilisation des principes moraux qualifiés de “populistes” par les tenants d’une “modernité” capitaliste, leurs richesses illicites sont désormais blanchies et les nouveaux nantis peuvent étaler sans avoir à se cacher les fruits de leur rapine.
    Les terres nationalisées ont été restituées aux anciens féodaux et gros propriétaires - et même les “dons” des hauts fonctionnaires - sans que le prix des produits alimentaires et le volume de leur importation aient baissé. Les banques publiques se sont pliées “en quatre” pour servir en généreux “crédits téléphoniques”, et sans aucune garantie, les messieurs influents et les enfants de ces messieurs, afin qu’ils importent en toute liberté camelote et biens de luxe, cassent le secteur productif, réduisent au chômage et à la misère des centaines de milliers de travailleurs et leurs familles. Le volume des crédits que ces messieurs ont daigné rembourser est insignifiant. Pour camoufler les trous, le gouvernement a régulièrement recours à une recapitalisation des banques publiques et cette opération est mise mensongèrement sur le compte des dettes du secteur public.

    Aucun “capitaine d’industrie” n’a surgi en échange de cette manne. En revanche, des barons de l’huile, du sucre, du rond à béton, du médicament, des voitures, du blé, etc., bref des barons du tout import qui peuplent les coulisses et les couloirs du régime, il y en a à profusion. Les signes de leur prospérité agressent le travailleur de l’usine autant que l’enseignant ou le jeune sans travail, sans logement, sans espoir de se marier : villas somptueuses, véhicules à 10 millions de dinars que conduisent les filles et les fils insouciants de “ceux d’en haut”, heureux d’exhiber leur patriotisme d’apparat à chaque compétition internationale de football, mais n’éprouvant aucun sentiment d’indignation face aux injonctions des ambassadeurs des grandes puissances impérialistes qui nous disent ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire.

    Alors, après 25 ans de réformes et de crises dont les conséquences ont été supportées par les seules couches populaires, après une sanglante décennie qui plonge ses causes dans la politique économique et sociale des couches sociales dominantes, les travailleurs répondent au pouvoir qui les appelle à de nouveaux sacrifices : “faqo !”

    Les défenseurs du régime auront beau utiliser la qualification de l’équipe nationale de football au mondial 2010, souffler sur les braises d’un chauvinisme latent, ou discourir sur la criminalisation du colonialisme, pour faire diversion, les travailleurs se laissent de moins en moins prendre facilement au piège.

    Le pouvoir pourra encore menacer, intimider, réprimer, bastonner à coups de manches de pioche, acheter des “syndicalistes”serviles, tant qu’il y a encore des miettes à leur donner, il n’empêchera pas l’aiguisement de la conscience de classe et la politisation chez ceux qui produisent les richesses mais sont les derniers à prendre leur part de ces richesses. Le régime ne peut pas faire de concessions de lui-même. Ce sont les luttes et une solidarité des ouvriers et des salariés sans faille qui l’y obligent. Toute sa politique a consisté depuis plus de vingt ans à réduire les impôts sur les plus riches, à leur accorder des cadeaux de toutes sortes aux dépens des équilibres du budget de l’Etat et sans effet aucun sur le niveau de la production matérielle. Le directeur général des Impôts vient de reconnaître que la “pression fiscale” algérienne est la plus basse de la Méditerranée. Rien qu’en dix ans, elle a diminué de 60% ! La baisse réelle est encore plus effarante si l’on tient compte de l’impact des fraudes et de l’informel alimenté par les barons de l’import. Ajoutons à ce tableau les surfacturations à grande échelle des importations et des travaux publics utilisées comme procédé de pillage massif du revenu national par les couches sociales qui forment la base sociale du pouvoir actuel, sans oublier les grands marchés accordés aux multinationales - téléphonie mobile, cimenteries, centrales électriques, usines de liquéfaction du gaz naturel, construction des lignes et fournitures de tramways, etc. - pour consolider les alliances de ces couches sociales avec les puissances impérialistes.

    On comprend alors pourquoi les comptes financiers extérieurs de l’Algérie sont sous pression et pourquoi la fiscalité ordinaire (hors fiscalité pétrolière) ne suffit plus depuis des années à couvrir les dépenses de fonctionnement de l’État, le déficit entre celles-ci et les recettes ordinaires s’aggravant à vue d’œil.

    Voilà pourquoi le régime n’est pas disposé à écouter les cris de détresse des travailleurs et des couches laborieuses. Toute concession entraînera la nécessité de réduire la part des couches parasitaires que ces dernières ne sont pas disposées à l’accepter, sauf en cas d’un grand mouvement populaire. Il y a une contradiction inconciliable entre les intérêts des travailleurs et ceux des classes possédantes. Peu importe le moyen qui a permis aux possédants d’accumuler leurs richesses, que ce soit par des procédés purement mafieux ou “classiques”, c’est-à-dire par l’extorsion de la plus-value de la classe ouvrière. Face à celle-ci, ils sont tous unis et prêts à réprimer sans hésitation pour conserver leurs privilèges. Aucun dialogue ou “partenariat social” n’est possible dans un régime capitaliste si ce n’est pour berner les travailleurs et gagner du temps et encore plus d’argent.

    La seule issue pour les classes populaires réside dans un changement radical débouchant sur l’avènement d’un nouveau système social qui sera sous leur contrôle et exprimera leurs intérêts. C’est la condition pour elles d’améliorer leur condition et de sauver par la même le pays d’un naufrage certain.
    Zoheir Bessa

  • Après la SNTM, Arcelor-Mittal, les enseignants, les professions de santé, la révolte des bidonvilles, voici les employés communaux et les cheminots qui s’y mettent.

    QUOTE
    TSA - 29 mar 2010

    Une première depuis l’indépendance : 500.000 employés communaux en grève à partir de mardi

    Plus de 500.000 employés communaux s’apprêtent à observer une grève générale de deux jours à partir de demain mardi 30 mars pour réclamer de meilleurs salaires et l’amélioration de leurs conditions de travail. Le ministère de l’Intérieur, qui redoute un large suivi de cette grève par les travailleurs des communes, a tenté en vain de convaincre les syndicalistes de renoncer à leur mouvement social, a appris TSA auprès d’une source proche de ce ministère.

    Les échos en provenance des communes du pays prédisent en effet une participation massive des communaux à cette grève, la première du genre depuis l’indépendance du pays. Les services d’état civil risquent d’être paralysés durant cette grève. Ces derniers jours, les citoyens de nombreuses communes, redoutant un durcissement du mouvement de grève, ont pris d’assaut les services d’état civil de leurs mairies pour retirer des documents administratifs. Les éboueurs ainsi que les travailleurs des différents services d’entreprises des communes devront observer la grève.
    Mohamed Yasser

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    City DZ, L’Expression - 29 mar 2010

    Grève des cheminots à Alger

    Des milliers de voyageurs sont restés sur le quai hier à Alger, en raison de la grève lancée par les cheminots. Ce débrayage surprise a causé une grande perturbation dans le réseau du transport ferroviaire notamment dans la banlieue d’Alger, mais qui s’est étendu également aux autres wilayas comme Oran, Chlef, Boumerdès, Bordj Bou Arréridj où certains trains ont été immobilisés.

    Ce sont les mécaniciens et les aide-mécaniciens qui ont observé ce débrayage suite à l’expiration de l’ultimatum que ces derniers avaient lancé il y a quelques mois, nous explique-t-on. Cela fait trois mois que la section syndicale des mécaniciens a déposé une plate-forme de revendications accompagnée d’un ultimatum d’un mois, prolongé deux fois consécutives.

    Comme pour tous les autres corps sociaux et les autre syndicats, les revendications des cheminots sont d’abord d’ordre salarial et professionnel. Ils demandent à la direction de la Sntf (Société nationale des transports ferroviaires), une amélioration de leur situation socioprofessionnelle et sécuritaire et l’augmentation des indemnités liées aux risques de travail et aux longs déplacements. Ainsi, après les médecins, les enseignants c’est au tour des travailleurs des communes et des cheminots de débrayer.

    La date d’hier coïncide avec l’expiration de cet ultimatum déposé auprès de la direction de la Sntf. « Un seul autorail a quitté hier la ville de Chlef vers Alger », a-t-on appris de la part des syndicalistes rencontrés hier. Cette liaison est assurée habituellement par quatre autorails. « Deux navettes aller-retour Alger-Blida et Alger-Thenia ainsi que deux trains rapides Alger-Oran ont été assurés durant les heurs de pointe », selon des mécaniciens grévistes rencontrés au dépôt d’Alger.

    Habituellement, les lignes Alger-Blida et Alger-Thenia connaissent plus de 80 départs par jour. « Dans les conditions normales, le nombre de départs tous trains confondus dépasserait 80 », indiquent nos interlocuteurs ajoutant que « le taux de suivi de la grève est estimé à 100% ». C’est dire que la grève a été largement suivie. Il nous a été impossible de confirmer ces chiffres auprès de la direction de la Sntf hier, qu’on a tenté de joindre durant l’après-midi.

    Il convient de signaler que ces quelques départs constituent le service minimum assuré par les chefs mécaniciens non concernés par la grève. Le débrayage est motivé par la non-satisfaction d’une plate-forme de revendication axée sur 10 points. La principale doléance est relative au salaire de base. La majoration de la prime de risque, celle du kilométrage, l’obtention d’une prime de restauration ainsi que les augmentations de salaire décidées par la dernière tripartite et la révision de la grille des salaires sont entre autres revendications des grévistes.

    « Plus le diplôme et le degré de la responsabilité sont importants plus le salaire est tiré vers le bas », c’est ainsi qu’est résumée la situation socioprofessionnelle des mécaniciens conducteurs et leurs assistants. De l’application de la nouvelle grille des salaires, il ressortait que « le salaire de base d’un agent manoeuvre de gare dépasse celui du directeur d’attraction du rang d’ingénieur », fait savoir un des contestataires. « Le salaire de base d’un conducteur locomotive principale et les mécaniciens de grandes lignes n’excède pas les 16.000 DA alors que celui d’un mécanicien de manoeuvre est de plus de 23.000 DA », fulminent les mécaniciens grévistes.

    A l’heure où nous mettons sous presse, les négociations entamées depuis la matinée entre la section syndicale et la direction des ressources humaines de la Sntf n’ont abouti à aucun résultat. Ce sont les citoyens qui ont fait les frais de ce débrayage non annoncé.

    Des milliers de personnes surtout des travailleurs, ont été contraints hier, d’emprunter d’autres moyens de transport pour regagner leurs foyers dans un désordre indescriptible. En effet, le manque de bus, de taxis ajouté aux embouteillages aux heures de pointe, ont fait vivre un calvaire aux citoyens.

  • Hassi Messaoud - Algérie : violences contre les femmes

    Ces dernières semaines, les femmes travaillant à Hassi Messaoud, dans le sud de l’Algérie, sont de nouveau victimes de violences de la part d’hommes constitués en bandes. Le visage masqué, munis d’armes blanches ou de bâtons, ils assaillent les femmes à leur domicile, volant leurs maigres biens et mettant les appartements à sac, avant de les humilier, de les brutaliser ou de les violer.

    Les victimes de ce déchaînement de violence assortie d’insultes et de menaces sont des femmes seules qui, pour subvenir aux besoins de leur famille, sont venues à Hassi Messaoud chercher un emploi auprès d’une des nombreuses entreprises étrangères qui y sont implantées. Si elles vivent ici, dans des logements misérables et sous une température de 60°, c’est bien parce que c’était leur dernier recours. Les salaires y sont plus élevés mais, surtout, le chômage important qui frappe l’ensemble du pays leur barre la route à tout emploi décemment rétribué dans le Nord. En outre, à cause du Code de la famille d’inspiration islamiste adopté en 1984, qui fait de la femme algérienne une éternelle mineure en matière de mariage, de divorce ou de succession, celle-ci peut se retrouver sans aucune ressource du jour au lendemain pour vivre et faire vivre ses enfants, lorsqu’elle a été abandonnée par son mari.

    Victimes d’agresseurs influencés par les islamistes, qui leur reprochent aussi de voler le travail des hommes, les femmes molestées ne reçoivent aucun appui des autorités. Certaines, qui sont allées porter plainte dans un commissariat, se sont entendu dire : « Que voulez-vous que l’on fasse ? Retournez chez vous. Ici, c’est dangereux pour les femmes comme vous » ! Quand ce n’est pas : « Savez-vous qui sont ces jeunes ? Qui vous dit que moi, le policier, je ne suis pas avec eux ? » De son côté, la justice met toute la mauvaise volonté possible pour rechercher et poursuivre les auteurs de ces violences, même lorsqu’ils sont connus.

    En 2001, après un prêche enflammé d’un imam appelant à châtier les « femmes perdues » de Hassi Messaoud, plusieurs centaines d’hommes avaient monté une expédition punitive contre les femmes d’un quartier. Plusieurs dizaines de femmes avaient alors été lapidées, torturées, violées, enterrées vivantes. À ce jour, les victimes de ces actes de barbarie n’ont toujours pas obtenu réparation, tandis que de nombreux agresseurs, souvent des notables, vivent tranquillement chez eux. Deux femmes qui, malgré les obstacles voire les menaces de mort, continuent à se battre pour que justice leur soit rendue, ont témoigné dans le livre Laissées pour mortes de ce que fut cette nuit d’horreur, de l’inertie des autorités censées les protéger, ainsi que plus généralement de la condition de la femme algérienne.

    Près de dix ans après ces faits, des brutes réactionnaires continuent à agresser des femmes sous le seul prétexte que ce sont des femmes et qu’elles travaillent pour vivre.

  • Algérie, le lynchage des femmes de Hassi Messaoud se poursuit

    par Nadia Kaci

    LEMONDE.FR | 22.04.10 | 19h59

    Des faits extrêmement graves ont eu lieu ces deux derniers mois dans la ville de Hassi Messaoud, base pétrolière du sud algérien où une chasse aux femmes s’est organisée. Ces dernières, venues des quatre coins du pays, travaillant dans des multinationales afin de subvenir aux besoins de leurs familles, se sont fait agresser régulièrement la nuit. Leurs maisons ont été saccagées et pillées par des hommes armés de gourdins, de haches, de couteaux, qui agissaient cagoulés, ou même à visage découvert. La plupart du temps, les femmes avaient beau hurler, aucun voisin ne leur venait en aide. Lorsqu’elles se rendaient au commissariat, elles devaient supplier des policiers méprisants pour que leurs plaintes soient enregistrées. Dans la nuit du dimanche 11 avril 2010, les agressions ont redoublé. Aucun auteur de ces crimes n’a été poursuivi en justice. Aujourd’hui, si un certain calme est revenu, les femmes subissent des pressions et intimidations en tout genre.

    Ces crimes ne sont que la continuité de la tragédie du 13 juillet 2001, dont il est important de rappeler les faits : plus d’une centaine de femmes furent violées et torturées à l’appel d’un imam, par quatre cents à cinq cents hommes – l’une d’elles fut enterrée vivante ! Sur cette foule ayant commis ce pogrom, seuls vingt-neuf hommes ont été accusés. Parmi eux, seuls trois hommes ont réellement purgé leur peine. Les autres ont été condamnés par contumace, ou encore innocentés ! L’imam, lui, a été arrêté quelques heures et relâché sur injonction d’Alger !

    Le Code de la famille voté en 1984 à l’Assemblée nationale algérienne est pour moi l’un des facteurs qui a rendu possible le lynchage des femmes de Hassi Messaoud. Il régit le statut personnel de la femme au sein du couple, faisant d’elle une mineure à vie, passant de la tutelle du père à celle du mari, devant obéissance à ce dernier, et pouvant être répudiée à n’importe quel moment, le mari ayant le droit de garder le logement conjugal pendant que la femme se retrouve dehors avec ses enfants. Et même si ce code a connu de légers amendements, en 2005, il reste profondément inégalitaire et criminel. En fragilisant les femmes et leurs enfants, c’est une société tout entière qu’il a fragilisée. De plus, en mettant les femmes à la disposition et sous le contrôle des hommes, ce code envoie un message fort à toute la société et aux hommes en particulier : "Si vous avez des problèmes, de mal-être, ne nous cassez pas la tête avec vos revendications, défoulez-vous sur les femmes !" Comme dit le proverbe algérien : "Tekber ou tansa wou ttaffrha fi’n’sa", "Tu grandiras, tu oublieras et tu le feras payer aux femmes."

    Le deuxième facteur important est le travail de grande envergure des intégristes qui, pendant des années, ont imprégné tout le tissu social de leurs discours profondément haineux et misogynes, en désignant les femmes comme la cause de tous les maux de la société. Ils ont détourné les textes religieux de façon à renforcer la suprématie des hommes. Pendant les années de terrorisme triomphant, à la menace des femmes qui ne se soumettaient pas, s’est ajouté l’enlèvement de plusieurs milliers d’entre elles dans les maquis par les groupes armés intégristes. Elles y furent violées, torturées, soumises à l’esclavage. Beaucoup d’entre elles ont été assassinées ou ont disparu dans la nature. Leurs bourreaux ont très peu été inquiétés, voire pas du tout. Aujourd’hui, on les appelle des repentis sans qu’ils se soient repentis de rien et ils se meuvent dans les villes en toute impunité.

    Partout en Algérie, des femmes humiliées n’arrivent pas à faire valoir leurs droits à la sécurité pourtant inscrits dans la Constitution.

    Voilà comment ces dernières années les violences à l’encontre des femmes a augmenté de façon alarmante.

    Si ces dernières nuits les femmes de Hassi Messaoud ont pu dormir tranquillement, je sais à quel point leur répit est fragile et temporaire : ceux qui leur en veulent d’avoir crié à l’aide savent attendre…

    Aussi, j’en appelle au gouvernement algérien pour faire respecter la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, qu’il a ratifiée en 1996.

    J’en appelle à la cinquantaine de multinationales qui emploient ces femmes pour les protéger au lieu de les fragiliser en les menaçant de licenciement, comme certaines l’ont été pour cause d’absence provoquée par leurs agressions.

    Et si, aujourd’hui, plusieurs associations algériennes se sont mobilisées, j’appelle le peuple algérien à exprimer son désaccord sur ce qui entache son intégrité.

    Hassi Messaoud n’est pas une affaire de femmes, c’est une affaire d’État. C’est aussi une affaire de droits humains. En somme, c’est notre affaire à tous !

    Nadia Kaci est comédienne, coauteure de Laissées pour mortes. Le lynchage des femmes de Hassi Messaoud, Max Milo éditions.

  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_des_f..._Hassi_Messaoud

    Un article qui décrit l’univers pourri d’Hassi Messaoud

    http://www.algerie-dz.com/article1632.html

    QUOTE
    L’autre face de Hassi Messaoud

    Celui qui connaît le quartier d’El Hamiz d’Alger, visitant Hassi Messaoud, ne se croirait pas à plus de 900 kilomètres de la capitale.
    dimanche 6 mars 2005.

    Pour déambuler dans les rues de Hassi Messaoud, il faut un « laissez-passer ». Un petit « Etat » dans l’Etat. A Ouargla, les chauffeurs de taxi refusent de prendre des visiteurs de Hassi s’ils n’ont pas de laissez-passer. Car, « c’est une perte de temps et donc d’argent » que de s’arrêter près d’une demi-heure devant le barrage sécuritaire installé à mi-chemin entre Ouargla et Hassi Messaoud. Militaires, gendarmes et policiers vérifient l’identité des visiteurs de cet « Etat ». Il faut donc que le transport public s’arrête, que les sans « laissez-passer » descendent pour « expliquer et justifier » les raisons de leur déplacement. Mais cette règle n’est pas appliquée à tout le monde.

    Etre femme, seule de surcroît, peut être un atout majeur pour entrer dans cette ville « sans raison définie ». Pour le visiteur, faire du « tourisme et du shopping » justifiait l’accès à Hassi Messaoud. Mais dès que les pieds foulent le sol de la ville, l’inconnue est « repérée ». C’est alors la « drague » d’une manière un peu « vulgaire ». « C’est normal, nous explique-t-on plus tard, dans cette ville, il y a les mentalités des 48 wilayas et ce mélange, quelque peu explosif, fait qu’il y a autant de comportements déconcertants. » L’autre explication réside sûrement dans le fait que Hassi est malheureusement connue par le fléau très répandu de la prostitution.

    Au niveau d’un grand et ancien hôtel de la région, une chambre est refusée à « la femme non accompagnée ». Il faut décliner son identité de journaliste pour avoir « droit » à un hébergement. « Il faut nous comprendre, c’est pour préserver la réputation de notre hôtel », expliquera plus tard le responsable de cette infrastructure. Des conseils sont même donnés à l’étrangère à la région : « Après 19 heures, il faut éviter de circuler seule et il faut également éviter d’aller dans certains quartiers. » Les vols et les agressions sont devenus « monnaie courante » à Hassi même. Cet avis, celui des anciens habitants de la ville, est loin d’être partagé par le premier responsable de la gendarmerie. Ce dernier affirme qu’« il n’y a pas d’agressions mais des vols depuis un moment ».

    La femme, le travail et l’autre « travail »
    Selon ce responsable, la présence de nombreuses personnes à la recherche d’un emploi sans succès finit par générer autant de vols. Pour le chef de brigade, « la première mission des gendarmes est la protection des 2 390 étrangers de 70 nationalités différentes présents à Hassi ». Parlant de la prostitution, le gendarme affirme que le phénomène n’est pas aussi répandu que le rapportent les médias : « Il est surtout causé par le comportement d’hommes sans scrupules qui promettent monts et merveilles à des femmes de différentes régions du pays mais, une fois à Hassi, ces dernières sont face à une autre réalité. » L’avis d’un ex-élu de la commune est tout autre sur cette question. Pour ce dernier, « il y a complicité des autorités. Sinon comment expliquer que ces dernières obtiennent l’autorisation d’accéder à Hassi et finissent par avoir un laissez-passer. Je n’irais pas jusqu’à dire que les éléments de sécurité qui assurent la vérification à l’entrée de la ville y participent mais je pense qu’il s’agit de tout un réseau qui permet à ces femmes d’avoir des contrats de travail comme femmes de ménage dans les entreprises pour exercer l’autre métier ». Des travailleurs d’entreprises soutiennent cette version également, affirmant que certaines, agents d’entretien, « assurent également un autre travail » le soir chez elles.

    La prostitution, un début... sans fin ?
    Selon les anciens occupants de la ville, le phénomène de la prostitution a vu le jour au début des années 1990. A l’époque, El Haïcha n’était qu’un petit quartier abritant quelques familles des Chaamba. C’est avec le lancement du grand projet Gazoduc Maghreb-Europe (GME), réalisé par Bechtel, une société américaine, que de nombreuses personnes, notamment des femmes, ont été recrutées par cette dernière afin d’assurer la restauration et l’entretien. Une fois le projet terminé, la main-d’œuvre féminine qui était déjà mal vue « pour avoir travaillé pour des Américains » a préféré suivre Bechtel qui s’installait à Hassi, surtout que le terrorisme prenait de l’ampleur.

    Hassi, la nostalgie d’une contrée paisible
    « La ville était paisible et la sécurité totale », affirment-ils. A l’exemple des enfants de ce pétrolier, aujourd’hui à la retraite, qui se souviennent des randonnées tardives ou encore des soirées musicales organisées par Sonatrach. « Nous avions des aires de jeux, une salle de projection et plein d’autres avantages », affirment ces derniers qui pensent qu’aujourd’hui « le nombre important des travailleurs de Sonatrach fait que cette entreprise ne peut plus assurer le même confort qu’avant à ses employés ».

    L’entreprise continue de prendre en charge les frais des logements de fonction de ses employés, à assurer la distribution du pain ou encore le transport. Mais c’est loin d’être la prise en charge des premières années de la Sonatrach. A l’époque, tous les travailleurs, même en famille, vivaient dans des bases de vie. « La vie dans les bases était bien meilleure que dans ces logements de fonction. On avait toutes les commodités du Nord et même beaucoup plus », se souvient Sara, 23 ans, qui est née à Hassi. Cette dernière, ainsi que sa copine Hassina, 32 ans, ont eu l’occasion de vivre dans les bases. Ces dernières et jusqu’à aujourd’hui sont très bien tenues. La base de vie « Irara » ou encore « 24 Février » ont chacune une capacité d’accueil de plus de 2 000 personnes. D’une superficie de plus de 7 km², à l’intérieur de ces bases, il est difficile de croire qu’elles sont situées dans le Sud, au milieu du désert : verdure à perte de vue, piscine, bureau de poste, centre pour l’Internet, pépinière, élevages (bovins, ovins, chevaux, chameaux...), garderie, aires de jeux, centre omnisports, restaurant ou encore bars. Des studios et des villas sont construits pour accueillir les travailleurs.

    Quitter la base pour vivre dans un logement de fonction à Hassi Messaoud n’a pas été du goût de nombreuses familles. Ces dernières se retrouvent dans leur majorité cloîtrée dans leurs appartements et leur seul loisir reste les visites de courtoisie des anciennes connaissances. « On se rend visite entre nous, les anciennes familles. C’est tout. Plus de sortie le soir, plus de projection ni de sport. Avec l’extension de la ville et la venue de nombreux inconnus, l’insécurité règne même en plein jour », affirme Hassina. Ces anciennes familles pensent que le passage de Hassi de zone industrielle en commune est une erreur. Pour preuve, elles citent les nombreux bidonvilles qui « encerclent » la ville. Il y a officiellement, comme l’a déclaré le secrétaire général de la commune, M. El Mekki, moins de trois cents familles qui vivent dans des bidonvilles. Sur le terrain, l’étendue de ces lieux de fortune laisse à penser qu’elles sont beaucoup plus nombreuses. Dans au moins six sites, des bidonville sont construits, à savoir B’zine Darhaoui, Bouamama, Ouled Zit, Irara et Haouth El Hamra.

    La richesse, le bidonville, la décharge...
    Un projet d’éradication a été établi par la commune mais, pour des raisons que même le secrétaire général « ignore », le projet n’a pas abouti. « Nous avons choisi le site de ‘‘Toumiate’’ pour construire des logements à ces gens-là avec toutes les structures d’accompagnement [école, centre de santé, commerces...] mais ce projet n’a pas abouti pour je ne sais quelles raisons. Ces familles se sont alors multipliées. A notre niveau, nous comptabilisons quelque 350 familles qui, réellement, vivent dans ces bidonvilles ; le reste, ce sont des tricheurs qui ne s’installent qu’à la veille d’une annonce d’éradication de ces lieux », a affirmé M. El Mekki. A B’zine Dahraoui, la vue de ces amas de cartons, zinc et autres sachets noirs transformés en abri laisse le visiteur sans voix. « Il ne faut pas s’approcher, ces gens-là sont rancuniers et ont des chiens méchants », affirme le guide, un ancien habitant de Hassi. A croire que c’est une séquence d’un film d’horreur. Selon ce dernier, à Messaoud, plus de 800 familles sont derrière un tas d’ordures car le site de B’zine Darhaoui est une décharge publique. D’après ce qui se raconte, la nuit tombée, les habitants de ce bidonville négocient avec les conducteurs des bennes à poubelles les endroits de leur déchargement afin d’éviter que le tas d’ordures soit à proximité de leur abri. Le jour levé, il est possible de voir les enfants au milieu des ordures à la recherche d’objets récupérables, de restes de nourriture ou encore des vêtements.

    Avec ces portraits de pauvreté démesurée, il est étonnant que les mendiants soient rares dans les rues de Hassi Messaoud. La pauvreté doit être cachée dans la plus riche commune du pays pour être mieux oubliée. Que font les autorités locales pour l’éradiquer ? Quel rôle a Sonatrach, cette structure qui a mis au monde Hassi ? Les anciens habitants et les plus aisés d’entre eux reconnaissent qu’autant la ville de Hassi est riche, autant la pauvreté d’une frange de ses habitants est criante. Tous mettent cet état de fait sur le dos des élus. « Notre commune est très mal gérée », soutiennent-ils. Ils parlent alors de « détournement, de magouilles et de népotisme ». Dans la ville, chacun a une histoire : sur le marché communal qui aurait coûté plus de 7 milliards et qui n’a jamais ouvert ses portes ou encore sur un rond-point qui a vu le jour après plus de 12 milliards de dépenses... Certains s’avancent même sur un sujet assez délicat : « Des pots-de-vin pour l’acquisition de marchés. » Mais pour parler de ces sujets, l’anonymat est de rigueur. Quel degré de vérité y a-t-il dans ces rumeurs colportées par la population de Hassi ? Seule une enquête minutieuse diligentée par les plus hautes autorités de l’Etat peut répondre à cette question.Jusque-là, la population de Hassi continuera de vivre au rythme des rumeurs et des maux qui délabrent la vie sociale.

    « Les deux mains gauches de l’Algérie »
    « La prostitution, la drogue, le vol, les agressions ou encore les détournements font partie aujourd’hui de notre quotidien », a affirmé un jeune ingénieur de cette ville. Ce dernier, qui a trouvé un emploi « grâce à Orascom », comme il a tenu à le souligner, estime qu’à Hassi « il y a trop de mentalités et de personnes qui s’installent, créant toutes sortes de débauches ». Il n’est pas le seul à le penser d’ailleurs. Pour les nouveaux citadins, il n’est plus question de s’installer avec la famille, comme le dira Mustapha, un chauffeur de taxi, venu de Corso (Boumerdès) en 1989. Une annonce de Sonatrach à l’époque cherchant des chauffeurs l’a décidé à quitter son employeur privé qui le faisait travailler au noir.

    Quinze ans après, Mustapha ne compte toujours pas ramener sa famille à Hassi. « Ici, il y a un mélange malsain de gens. Beaucoup de travailleurs n’ont pas pu vivre en famille et ont dû les renvoyer dans leur wilaya d’origine ». Amar, employé dans un hôtel, partage cet avis. Depuis 3 ans qu’il est à Hassi, Amar, d’origine kabyle, soutient que l’idée de s’installer avec sa famille n’a pas effleuré son esprit. « Pour moi, je suis comme emprisonné, je ne comprends pas ce mélange de mentalités et je n’arrive pas à m’adapter. Les gens ici ne cherchent qu’à gagner de l’argent et les plaisirs de la vie », affirme Amar. Le mot de la fin revient peut-être à cet employé dans une structure de la protection de l’environnement. L’avis de ce dernier est sans appel : « Hassi Messaoud est le mal de l’Algérie. Son pétrole a donné deux mains gauches au pays. »

    Par Hasna Yacoub, latribune-online.com

  • Sans salaire depuis 8 mois, les travailleurs du complexe ETER Algérie de porcelaine en grève illimitée

    Algérie Industrie Céramique ETERLe repreneur italien ETER ’’n’a pas tenu ses engagements’’.

    Environ 154 travailleurs du complexe ETER Algérie SPA de Guelma (ex-Céramique Guelma), leader dans la fabrication des produits réfractaires et porcelaine, sont sans salaire depuis plus de huit mois. La section syndicale tire la sonnette d’alarme. En signe de protestation, les travailleurs observent une grève illimitée depuis jeudi dernier.

    Les travailleurs du complexe ETER Algérie SPA de Guelma accusent le partenaire italien ETER, qui a repris l’unité en 2007, d’avoir failli à ses engagements, de même qu’ils interpellent les hautes autorités du pays pour sauver leurs emplois. "Nous avons déclenché jeudi 4 avril un mouvement de grève illimitée, suite à un préavis déposé le 27 mars dernier, et nous comptons à travers cette action interpeller le gouvernement et le ministère de l’Industrie sur notre situation qui va de mal en pis", a indiqué ce samedi à Maghreb Emergent, le président de la section syndicale du complexe, M. Mohamed Mekhalfa. "Nous entamons notre neuvième mois sans salaire", a déploré le syndicaliste qui fait part du marasme et de la colère des travailleurs face à une situation devenue intenable. Une grande partie de l’outil de production est actuellement à l’arrêt. "Le dossier est actuellement au niveau de la direction de l’industrie au Ministère de l’Industrie de la PME et la promotion de l’investissement, en attendant son examen par le Conseil des participations de l’Etat", souligne Mekhalfa.

    En 2006, le Conseil des participations de l’Etat (CPE) avait entériné la décision portant cession du complexe de porcelaine de Guelma à l’italien ETER. Celui-ci a repris officiellement l’usine en octobre 2007 après une longue tractation avec l’Entreprise céramique et vaisselle de l’Est (ECVT), propriétaire de l’usine de Guelma. Le repreneur italien avait bénéficié d’importantes facilitées dans le cadre de cette reprise. À l’occasion de la signature du protocole d’accord, les responsables italiens avaient annoncé la création de quatre divisions, à savoir vaisselle en porcelaine, produits réfractaires, chamotte et produits inertes, et enfin appareils sanitaires de grandes dimensions. Les clauses de l’accord conclu entre le gouvernement algérien et le partenaire italien, qui s’empare du coup de 90% des parts de la société (contre 10% pour Hippocampe du côté algérien), prévoyaient, également, la cession du matériel appartenant au complexe ainsi que la concession, sous forme de loyers, du terrain. Les italiens s’étaient, alors, engagés en premier lieu à assurer la technologie nécessaire pour la production, réaliser l’investissement nécessaire pour la création de nouveaux produits, préserver l’effectif de 290 travailleurs.

    "Nous voulons une solution radicale"

    Pour l’heure, aucune réaction ni de la part du partenaire italien ni encore des autorités à la détresse des travailleurs. "Seul le député Smain Kouadria (Parti des travailleurs wilaya de Guelma), continue de nous témoigner son soutien et fait porter notre voix au niveau de l’Assemblée populaire nationale, et nous le remercions pour ces louables efforts", tient à préciser notre interlocuteur. "Nous voulons une solution radicale : soit nous reprenons le travail, ou bien que l’Etat reprenne en main le complexe. Nous ne supportons plus pareille condition", déclare le syndicaliste. Selon lui, la situation n’est pas meilleure qu’en 2007. "Le partenaire italien s’était engagé à redresser la situation financière de l’entreprise et promis d’engager davantage d’investissements. Or, au jour d’aujourd’hui, force est de constater que les italiens n’ont pas tenu leurs engagements, mais, pire encore, notre condition se dégrade", regrette M. Mekhalfa. A en croire le syndicaliste, loin d’avoir redressé la barre, le partenaire italien se retrouve six ans après avec une dette accumulée d’un milliard de dinars. La première crise que le complexe de Guelma a traversée remonte au début des années 1990, lorsque les groupes terroristes écumant la région de Ain Berber (Annaba) avaient fait main basse sur ce principal gisement de matière première. La machine de production a été arrêtée net et des emplois avaient été supprimés. En 1998, la direction de l’usine avait mis en œuvre un plan social controversé, comprenant des dizaines de licenciements, dans une volonté de contenir le poids de la crise. En 2006, en plein processus de privatisation des entreprises publiques et compte tenu des difficultés que connaissait le complexe de céramique de Guelma, l’Etat a décidé de privatiser

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