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Syndicalisme en Mauritanie en 2002

lundi 22 février 2010

A propos de la grève des dockers en 2002

Depuis le samedi 19 octobre 2002 à 7 h 30 mn, un vaste mouvement de grève a débuté dans le secteur des Dockers ville de Nouakchott, suite à un préavis de déposé auprès de la Wilaya de Nouakchott le mercredi 16 / 10 /2002 par le Syndicat National de Dockers Ville affilié à la CGTM.

Cette action légitime s’inscrit dans un processus de recherche de solutions aux multiples problèmes et revendications auxquels les travailleurs de ce secteur sont confrontés depuis plusieurs années, et pour le règlement desquels toutes les voies de négociation ont été utilisées sans rencontrer de la part des employeurs une volonté de trouver une entente.

La plate- forme revendicative déposée comporte, pour l’essentiel, l’amélioration des conditions de vie et de travail qui se dégradent de jour en jour avec des risques professionnels énormes mais sans aucune prise en charge.

Elle insiste principalement sur une augmentation du prix au chargement et au déchargement des marchandises, qui doit passer de 1 UM à 2 UM / Kg.

Elle appèle également à l’ouverture immédiate des négociations entre les travailleurs et les employeurs sous l’arbitrage des pouvoirs publics afin d’examiner systématiquement et avec responsabilité les revendications des travailleurs.

Malgré cette volonté mainte fois réaffirmée, les travailleurs n’ont eu comme réponse jusqu’à ce jour que des intimidations de la part de certains employeurs, et des dizaines d’interpellations arbitraires suivies de libérations, par certaines forces de police.

La CGTM réaffirme son soutien indéfectible et sans faille à cette lutte courageuse et héroïque des dockers villes, et leur manifeste sa disponibilité totale et entière à les assister jusqu’à l’aboutissement de leurs revendications légitimes.

La CGTM en appelle à l’esprit de solidarité et d’unité d’action qui doivent prévaloir dans les rapports entre les organisations des travailleurs, surtout dans les moments cruciaux comme celui-là, pour peser de tout leur poids dans le partenariat et le dialogue social ; comme elle demande à l’opinion d’apporter son soutien et sa sympathie à la cause des dockers ville.

Enfin, la CGTM demande aux pouvoirs publics de provoquer très rapidement l’ouverture des négociations entre les parties en conflit pour la recherche de solutions adéquates nécessaires à la préservation d’un climat social serein.
Nouakchott, le 26 octobre 2002.

Le Comité exécutif

Nouakchott, le 26 octobre 2002

Communiqué de presse

La Confédération Libre des Travailleurs de Mauritanie (CLTM ) vient de trahir la lutte des Dockers ville de Nouakchott, en levant unilatéralement le mot d’ordre de grève sans prendre l’avis des intéressés.

En effet, la CLTM qui a rejoint tardivement le mouvement de grève, s’est illustrée par une surenchère en réclamant le paiement de 3 000 UM pour le chargement ou déchargement de la tonne, faisant fi de la revendication de 2 000 UM figurant dans le préavis de grève. Elle a voulu également pousser les travailleurs à l’aventure par l’occupation de la rue en vue de provoquer une confrontation avec les forces de l’ordre.

De réclamations maximalistes, elle a fini par aider le patronat à briser la grève des Dockers, en l’absence de toute négociation. C’est une vieille pratique dans le mouvement syndical, utilisée par des syndicats jaunes à la solde du patronat. Ce comportement n’a pas surpris, car la CLTM est habituée à ce genre de pratiques, et l’opinion sera largement informée des multiples forfaitures dont elle est comptable, depuis sa création, dans le mouvement syndical mauritanien.

C’est là un comportement d’un syndicat à la dévotion du patronat, c’est là également le comportement de dirigeants sans principes, qui manquent de vision claire et de perspective face au défit d’un patronat qui applique sans pitié des rapports d’exploitants à exploités, en violation systématique de tous les textes qui régissent les rapports de travail.

Nouakchott, le 06 novembre 2002

Le Comité Exécutif

Communique de presse : employés d’IBS

Le jeudi 30 Mai à minuit l’équipe des employés d’IBS (Société des biscuits) composée de :Ahmed Vall, Mohamed Yahya, Leqzine Ould Véiti, Moustapha Ould Salek et Ahmedou Ould Amar a terminé son travail à la chaîne de fabrication, une autre équipe prend la relève. Mai le Vendredi 31 Mai à partir de midi, des policiers viennent cueillir les camarades chacun chez lui sous prétexte de vol de quelques sachets de biscuits. Ils sont alors conduits au commissariat de police d’EL MINA où ils ont subi pendant une semaine durant .des séances d’interrogatoires et de tortures sauvages (électricité, jaguar etc) dignes des régimes d’exception. Des traces et égratignures sont encore visibles sur leur corps. Ils sont libérés le jeudi 6 Juin avec obligation de se présenter au commissariat le dimanche 8 Juin à huit heures.

A leur retour, ils ont été présentés au procureur de la République qui, après interrogatoire, les a libérés, sans doute parce que les accusations qui leur sont portées n’étaient pas fondées. Dans la voiture de police qui les ramenait chez eux, les policiers leur ont signifié qu’ils sont licenciés sans droit.

Lorsque la CGTM a été saisie de cette situation par les travailleurs concernés le mardi 11 juin 2002 à 10 heures, elle a constitué une délégation composée des camarades :Sy Moussa, secrétaire confédéral chargé de l’administration et de la communication, Samba Dicko, secrétaire confédéral chargé des affaires sociales, Mahjouba mint Saleck, secrétaire confédéral chargée des femmes et des jeunes, Sidi Mohamed, membre du bureau national du syndicat du commerce, qui s’est rendue aussitôt au siége de la société en compagnie de Ahmed Vall, Mohamed Yahya et Leqzine Ould Véiti.

Le directeur général de la société étant absent, la délégation a été reçue par Mr Ahmed Ould Dah chef de service de personnel faisant fonction de directeur général adjoint qui, d’emblée a refusé de discuter avec les camarades sous prétexte qu’il a un rendez-vous au Port de l’Amitié et qu’il ne sera pas disponible avant le lundi prochain. La délégation a tenté d’avoir au moins cinq à dix minutes pour expliquer le mobile de son déplacement, mais monsieur Ahmed Ould Dah a opposé une fin de non recevoir ferme et catégorique.

Face à cette situation, la CGTM, indignée par les sévices et les tortures infligées sans raison à nos camarades par la police du commissariat d’EL MINA demande que la lumière soit faite sur cette affaire et que les tortionnaires soient sévèrement sanctionnés. Faut-il croire en effet que les directeurs de société sont capables de faire exécuter à la police n’importe quoi ?

Elle déplore l’attitude de mépris et d’arrogance affichée par le responsable de cette société qui refuse la concertation avec le syndicat pour appliquer des méthodes qui, les moins qu’on puisse dire ne concordent plus avec les réalités de notre temps.

La CGTM saisira qui de droit pour que justice soit faite et que les droits des travailleurs soient préservés.

Nouakchott le 11 juin 2002

Le comité exécutif

Objet : Disparition d’un syndicaliste

Monsieur,

Comme vous le savez, le Syndicat professionnel des Dockers ville affilié à la CGTM observe une grève depuis le samedi 19 octobre 2002.

Le lundi 21 octobre, le camarade Laghdaf Ould Meimoune, Secrétaire Général de ce Syndicat professionnel, a téléphoné au siège de la CGTM à 11 heures, du Commissariat de police de Teyarett dit-il, pour informer qu’il a été arrêté par la police aux environs de 10 heures devant la polyclinique de Nouakchott, alors qu’il se rendait au siège de la CGTM.

Ses détenteurs lui ont demandé de renoncer à ses activités et aux « agissements » aux quels il se livre ; ce qu’il a tout naturellement refusé. Il promettra de rappeler le siège de la CGTM vers 13 heures.

Informé de la situation, nous nous sommes rendu au dit Commissariat de police et curieusement, le Commissaire nous signifie qu’il n’est au courant d’aucune arrestation dans son Commissariat.

Nous sommes alors allés aux Commissariats du Ksar et de Tevragh-Zeina, et la réaction était la même.

Durant toute la journée, en plus des contacts téléphoniques réguliers que nous avons eu avec le Wali de Nouakchott, et qui a tout fait pour avoir des informations au niveau des services de sécurité mais en vain, des contacts avec le Commissaire de la voie publique, eux aussi sans résultats, nous avons tenté jusqu’à 16 heures de vous joindre et vous informer de la situation, mais c’était impossible.

Face à cette situation on ne peut plus inquiétante et des risques potentiels qui pèsent sur la sécurité voire même sur la vie de notre camarade, nous exigeons de vous que des mesures urgentes soient prises afin :

 De retrouver notre camarade Laghdaf Ould Meimoune et le rendre aux siens ;

 De diligenter une enquête aux fins d’identifier les responsables de cette forfaiture et de rendre justice.

Veuillez agréer, M. le Ministre, l’expression de notre très haute considération.

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