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Grèves en Algérie - La classe ouvrière ne se laisse pas intimider

vendredi 29 avril 2011

Quelque 80 % des employés de la fonction publique en Algérie se sont mis en grève, ce mercredi, selon le Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap) auteur de l’appel, tandis que la grogne se poursuit dans d’autres secteurs de la société. Les fonctionnaires sont en grève contre la dégradation de leur situation socioprofessionnelle et pour réclamer l’harmonisation des indemnités et l’intégration des vacataires.

Les gardes communaux campent sur la Place des Martyrs en plein Alger depuis quatre jours. Ces suppléants des forces de sécurité, recrutés durant la guerre anti-islamiste (années 90 jusqu’en 2005), réclament une augmentation de salaire, l’intégration des radiés et l’incorporation de certains autres au sein de la gendarmerie et de la police.

Quant aux médecins en spécialisation, ils maintiennent leur grève illimitée jusqu’à l’obtention de leurs demandes, dont l’annulation du service civil qui les oblige à exercer durant un à quatre ans après leurs études dans des zones reculées.

Enfin, nombre d’étudiants continuent à ne pas aller en cours un peu partout dans le pays, un mouvement entamé en février en faveur d’une équivalence entre anciens et nouveaux diplômes délivrés par l’enseignement supérieur.

Postes, Santé, Education, Sonelgaz, travailleurs communaux, fonction publique, etc, etc... la grève est partout !!!

POSTES

Les travailleurs de ce secteur ne semblent pas lâcher prise. « Nous irons jusqu’au bout de notre action, jusqu’à ce que la direction satisfasse nos revendications officiellement et par écrit », ont souligné les grévistes. A rappeler que cet arrêt de travail est motivé par une batterie de revendications, adressées au ministère de tutelle, dont on citera entre autres, une revalorisation de salaires à hauteur de 80%, avec effet rétroactif à compter de l’année 2008.
Autre point à l’origine de cette grève, et, revendiqué depuis 2003, le paiement de la PRI, PRC, sans omettre de revendiquer une amélioration des conditions de travail. Sur ce point, certains grévistes soulèvent le cas de la pression dans laquelle ils exercent, notamment le personnel des guichets.
« Nous subissons toutes sortes d’agressions verbales, parfois même des agressions physique de la part des clients », ont souligné les grévistes. Pour l’heure, ils campent sur leurs positions.
Les employés d’Algérie Poste ne décolèrent pas et la tutelle tarde à sortir de son mutisme. Entre les uns et les autres, les usagers de cette structure de prestation de services, sont pénalisés par le retard dans l’encaissement de leurs salaires et retraites, notamment en l’absence d’un service minimum, pouvant apaiser la demande des clients qui menacent de sortir dans la rue.

SANTE

Sit-in des praticiens de la santé devant le palais du gouvernement
Vers une grève illimitée et des actions multiformes

Grève illimitée, protestations de rue, des actions radicales que promettent d’entreprendre les praticiens de la santé publique qui ont observé jeudi devant le Palais du gouvernement leur deuxième sit-in après celui tenu devant le ministère de la Santé le 21 avril.

Les praticiens de la santé publique qui reprennent, « résolus », la protesta après presque une année d’attente « sans résultats » sont déterminés à aller jusqu’au bout, quitte à paralyser les hôpitaux, pour faire aboutir leurs revendications socioprofessionnelles « justes et légitimes qui attendent prise en charge depuis deux (02) années, notamment l’amendement du décret exécutif n°09-393 du 24 11 2009, portant statut particulier ».

Le rassemblement de jeudi devant le palais du gouvernement, qui a drainé des centaines de médecins venus de plusieurs régions du pays, en est la preuve.

Sous très haute surveillance policière, ils ont crié à gorge déployée leur ras-le-bol, en scandant « la santé est malade », « nous exigeons l’amendement du statut », ou encore « statut non amendé, grève illimitée ».

Le dispositif sécuritaire mis en place, « qui a tenté de faire avorter notre action », dixit Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), les a « cantonnésà l’intérieur du jardin de l’horloge florale » qui fait face au palais du gouvernement.

« Mais cela n’entame en rien notre détermination », nous a-t-il déclaré avant de préciser qu’ils ont demandé à être reçu par le Premier ministre. « On est ici parce que c’est le secrétariat général du gouvernement qui chapeaute le travail fait en commissions mixtes avec la tutelle », dira Lyes Merabet qui précisera que le ministre de la Santé ne s’est pas manifesté depuis le premier rassemblement.

« Pire encore, il a déclaré qu’il a tout fait et que la balle est ailleurs », ajoutera Merabet considérant que l’attitude du ministre est un désengagement. « Nous avons effectué un travail ensemble et il s’est engagé concrètement à concrétiser les projets ratifiés ensemble après négociation », a-t-il expliqué. « Il ne peut pas dire aujourd’hui qu’il faut voir au niveau de la Fonction publique.

Nous n’avons rien à négocier avec cette institution. Il doit assumer ses engagements », tonne le président du SNPSP qui qualifie la situation de statu quo.

« Le comité ad hoc qui siège au niveau du SGG doit prendre en charge convenablement nos revendications, sinon ça risque de déborder sur une protestation tous azimuts », menace notre interlocuteur qui révèle qu’une réunion de l’intersyndicale de la santé publique tenue lundi a entériné le principe de la grève.

« On s’est mis d’accord sur deux choses, à savoir l’amendement du statut particulier tel qu’il a été proposé à travers les commissions mixtes et la nécessité de revenir à la protestation sous toutes ses formes si nos revendications ne sont pas prises en charge », précisera Merabet qui affirme que des dates précises pour ces actions multiformes vont être décidées « dans la concertation » par les exécutifs respectifs des deux syndicats composant l’intersyndicale (SNPSP et SNPSSP).

Les protestataires qui « demandaient pardon aux malades qui en souffriront » accusent Ould Abbas d’être responsable du pourrissement de la situation. Le conseil national du SNPSP qui se tiendra le 5 mai entérinera à coup sûr ces actions qui risquent de paralyser les hôpitaux.

SONELGAZ

Même si elle n’a pas été générale, la fronde à la Sonelgaz a été reprise hier notamment au niveau de l’entreprise SDO, comme c’est le cas de la direction de distribution d’Oran où le personnel a une nouvelle fois observé un débrayage, et ce suite à un appel lancé sur le réseau social Facebook avec en plus un appel à une grève illimitée.

Pour le personnel, cette action a été décidée en guise de réponse au communiqué du groupe rendu public il y a deux jours faisant état de l’installation de commissions paritaires de négociations sur la question des salaires, conformément aux recommandations de la rencontre bilatérale tenue le 21 du mois en cours, afin de concrétiser les décisions relatives à l’assainissement du climat social du 7 du même mois, à savoir 3 jours après la première action de protestation suivie en masse.

L’annonce de la date du 15 mai pour rendre publics les résultats auxquels aboutiront les différentes commissions paritaires est prise différemment au sein du personnel étant donné que si dans certaines filiales, comme c’est le cas de GRTG, on demeure optimiste, pour d’autres cette annonce est qualifiée de « poudre aux yeux », sinon comment expliquer qu’au moment où des négociations sont ouvertes, des intimidations ainsi que l’introduction d’agents devant les conseils de discipline refont surface.

Ceci étant, le personnel estime qu’au-delà des revendications salariales et l’amélioration des conditions de travail, l’abolition à jamais de la marginalisation des cadres ainsi que les pratiques néfastes est également importante. Il est fait appel dans le même texte au premier responsable du groupe pour retirer les plaintes déposées contre certains agents ainsi que l’annulation de toutes les mesures disciplinaires prises, selon les rédacteurs, à tort contre les mis en cause ainsi que la suspension des conseils de discipline qui ne feront que jeter l’huile sur le feu. A rappeler que si au cours de la seconde protestation, un service minimum élargi a été assuré, ce fut nullement le cas hier et plusieurs services comme les caisses ont été fermées avec toutefois la mobilisation des équipes d’intervention en cas de pannes.

TRAVAILLEURS COMMUNAUX

Les fonctionnaires et les travailleurs des communes entameront une grève illimitée à partir du 9 mai prochain. Une grève illimitée qui sera pnctuée de "rassemblements aux niveaux des sièges des wilayas d’Algérie chaque jeudi de la semaine jusqu’à satisfaction des revendications", indique dimanche un communiqué du Conseil National du Secteur des Communes (CNSC), affilié au SNAPAP.

Ainsi, le CNSC a décidé de durcir sa contestation. Ce syndicat qui défend les droits et les intérêts de pas moins de 400.000 travailleurs communaux dont des agents d’assainissement de la voie publique et ceux de la voirie ainsi que les contractuels et les vacataires de l’Etat Civil, entend, à travers cette grève illimitée, envoyer un message clair aux autorités : Les travailleurs communaux ne céderont pas aux pressions.

En effet, le CNSC a dénoncé dans son communiqué de nombreuses atteintes aux droits de grève qui ont caractérisé le débrayage de cinq jours déclenché au début du mois d’avril. Durant ce mouvement de protestation qui a paralysé près de 800 communes, les syndicalistes du CNSC ont été victimes de plusieurs dépassements et pressions, dénonce le communiqué du CNSC.

Ce dernier n’omet pas aussi de condamner "le refus de négociation et la fermeture des portes du dialogue" par le ministère de l’Intérieur et des Collectivités Locales. Le département d’Ould Kablia est accusé également de fermer les yeux sur "la suspension des membres de la Section Syndicale de la commune de Sidi M’hamed".

Et en guise de solidarité avec les membres de cette section syndicale, le CNSC a appelé à un rassemblement pour le Mercredi prochain. Les délégués des travailleurx communaux envisagent de tenir un sit-in à 11H00 "devant le siège de la commune de Sidi M’hamed pour exiger leur réhabilitation dans leurs droits et le respect des droits des travailleurs de choisir leur Syndicat", signale enfin le CNSC dans son communiqué.

FONCTION PUBLIQUE

Le secteur de la fonction publique était en grève mercredi à l’appel du Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (SNAPAP), alors qu’il était jusque-là resté en marge de la vague de contestation sociale que connaît l’Algérie depuis des semaines.

Le taux de participation est "considérable", a affirmé Belgacem Felfoul, président du SNAPAP, qui a fait état d’une mobilisation atteignant les "80%, notamment dans les administration locales". Le SNAPAP entendait "protester contre la dégradation des conditions de travail au sein de l’administration publique", a-t-il précisé.

Le syndicat demande la promulgation des statuts particuliers des différents corps de la fonction publique avec de nouvelles indemnités et un rappel depuis 2008, l’intégration des contractuels, évalués à 50.000, dont les contrats à durée déterminée (CDD) n’ont pas été renouvelés par l’administration et le respect du libre exercice syndical dans la fonction publique.

La grève des fonctionnaires est venue s’ajouter à celle des gardes communaux qui poursuivaient mercredi pour le quatrième jour consécutif leur rassemblement de protestation place des Martyrs à Alger.

Mardi, le ministre de l’Intérieur a menacé de "radiation définitive" les gardes communaux qui persisteraient dans leur action de revendication. Il a considéré que "le problème (était) définitivement réglé" après les mesures prises par son département "en concertation avec les délégués".

Quant aux médecins spécialistes, ils observent une grève illimitée depuis quinze jours. Mercredi, un groupe travaillant dans les différents centres hospitaliers d’Alger a tenté d’organiser un rassemblement devant le siège de la présidence mais il a été rapidement dispersé par les policiers en faction.

Les médecins spécialistes exigent un statut particulier ainsi que l’abolition du "service civil" qui les oblige à travailler pendant cinq ans dans des zones éloignées avant de pouvoir intégrer un centre hospitalier universitaire dans une grande ville.

Les étudiants des grandes écoles ont pour leur part déserté les amphithéâtres depuis le début février pour protester contre ce qu’ils considèrent comme une dévalorisation de certains de leurs diplômes.

Mercredi dernier, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a estimé que l’Algérie connaissait "une crise sociale et non politique" et accusé des partis de l’opposition de "transposer les tensions sociales sur le terrain politique".

Même le journal patronal Les Echos écrit :

"En Algérie, grèves et sit-in se multiplient, jusque devant la présidence de la République. Ce 1 er mai, le comité des chômeurs appelle à un rassemblement de « tous les secteurs en lutte », alors que les revendications sont, jusqu’ici, restées éparses.

ABab el-Oued, un très populaire quartier d’Alger, les vendeurs à la sauvette inondent de nouveau les trottoirs de leurs étals. Vêtements, chaussures et autres petits commerces fleurissent partout. « Il y a quelques mois, ce commerce informel était passible de plusieurs mois de prison, raconte un habitant. Mais depuis les émeutes de janvier, les autorités laissent faire pour permettre aux gens de survivre et éviter ainsi l’explosion sociale. »

Début janvier, alors que la révolution montait en puissance dans la Tunisie voisine, l’Algérie a en effet connu de violentes émeutes. La rente pétrolière a permis au pouvoir de calmer le jeu. Mais les affrontements ont laissé des traces -5 morts et 800 blessés -et la société est en ébullition.

« Tous les ingrédients de la révolte sont là », souligne un diplomate occidental. « La dynamique est lancée », renchérit le secrétaire général du Syndicat national autonome des personnels de la fonction publique (Snapap), Rachid Malaoui. Comme d’autres syndicats autonomes, celui de l’administration fait partie des nouvelles forces qui comptent en Algérie. Le pouvoir négocie avec ces organisations qui n’ont pourtant pas d’existence légale. En répondant favorablement aux revendications, les autorités tentent de gagner du temps et d’acheter la paix sociale. Greffiers, enseignants, médecins, gardes communaux... Chacun revendique sa part du gâteau. Les sit-in se multiplient. Devant les ministères, les bureaux du Premier ministre, et même la présidence de la République. Là où, il y a quelques mois encore, toute action sociale aurait été inimaginable.
La manne du pétrole

Le 20 mars, les enseignants contractuels ont été les premiers à revendiquer devant la présidence. Ils étaient 20.000 à réclamer le même salaire que leurs collègues intégrés dans le corps général des enseignants. « Nous sommes restés devant la présidence pendant dix jours avant d’obtenir gain de cause, raconte un membre du Conseil national des enseignants contractuels (CNEC), Aziz Rezaoui. On dormait par terre ou sur des matelas. » L’aide logistique des gens du quartier et le soutien du comité des chômeurs - une nouvelle organisation créée en février -les ont aidés à tenir.

D’autres s’en sont ensuite inspirés. Début avril, à quelques mètres de la présidence, l’avenue de Pékin a été occupée par les adjoints de l’Education nationale, aux cris de « Pouvoir, assassin ! ». « C’est le moment ou jamais de revendiquer, expliquaient Abderrahmane Hadji et Amel Tamalouste, d’autres manifestants, sans logement. Il faut faire du bruit pour avoir gain de cause. Ils ont réglé le problème des enseignants, il faut donc profiter de l’occasion. » Plus de 70 revendications catégorielles ont ainsi été recensées pour le seul mois de mars.

Mais l’argent du pétrole permettra-t-il au président Abdelaziz Bouteflika et au système en place de perdurer ? « Le pouvoir a la capacité de se maintenir à court terme, estime l’économiste Abdelhak Lamiri. Mais il faudra bien un jour qu’il mette en place des bases démocratiques. » Avec un pétrole à 120 dollars le baril, l’Algérie bénéficie de ressources supplémentaires par rapport à son budget prévisionnel. Or, elle disposait déjà fin 2010 de 155 milliards de dollars de réserves en devises. « Les autorités ont les moyens de maîtriser l’incendie social mais on ne construit pas une économie comme cela », regrette le patron d’une grande entreprise étrangère, qui juge le pays « très stable et très contrôlé ». « Ce serait une erreur de penser que Bouteflika puisse être renversé demain », juge-t-il. « Ce pouvoir panique et dit oui à toutes les revendications, remarque pourtant le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), Mustapha Bouchachi. Les infractions au code de la route ne sont plus punies et les jugements d’expulsion ne sont plus exécutés, dans le seul but d’apaiser la population. » « Il est impossible d’acheter la paix sociale, d’autant que le régime ne propose pas de réelle solution pour offrir du travail et une perspective aux jeunes », observe le porte-parole du Comité national pour la défense des droits des chômeurs, Samir Larabi. Les revendications ne sont pas seulement socio-économiques, elles sont aussi politiques, précise-t-il, en plaidant, comme d’autres, pour un « changement du système ». « L’Algérie ne vit pas une crise politique », insistait au contraire, au début d’avril, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia.

Le changement s’inspirera-t-il pour autant de la Tunisie ou de l’Egypte ? Nombreux sont ceux à souhaiter une évolution « pacifique », tant le souvenir de la « décennie noire » des années 1990 reste prégnant. « Dans chaque famille, on a en mémoire une arrestation à un faux barrage, un automobiliste abattu sous ses yeux, voire un frère, un cousin ou une nièce tué ou violé par le GIA ou les forces de sécurité », précise Gilles Kepel, professeur à Sciences po.

Installés à la terrasse d’un fast-food près de la grande poste d’Alger, deux étudiants débattent. « Un scénario d’insurrection populaire paraît assez improbable car l’Algérie est passée par cette étape-là en 1988 avec une révolte qui a été noyée dans un bain de sang », lance un membre du Mouvement des jeunes indépendants pour le changement (MJIC), Sofiane Baroudé. Etudiant lui aussi à Alger, Omar Kitani ne partage pas cet avis : « L’Algérie connaît un début de processus révolutionnaire différent de la Tunisie ou de l’Egypte. Mais il serait naïf de croire à un changement pacifique dans notre pays. Le système ne va pas céder comme ça ! Le régime finira par réagir par la répression et par des arrestations. Le mouvement suivra alors les exemples tunisien et égyptien. »

Sur les hauteurs d’Alger, Farid Lhadj Mohand, le responsable de la Coordination nationale des étudiants autonomes (CNAE), fondée pour supplanter les « organisations satellites non élues démocratiquement », mène tous les matins une assemblée générale. Le rond-point de l’université, derrière un immense portail métallique, est devenu la « tribune » des contestataires. Le changement se fera « dans la rue, à force de manifestations, de batailles gagnées et de mûrissement de la conscience politique », prédit-il.

« Ce sont les jeunes qui feront la révolution, insiste Hocine Malti, un consultant qui a participé à la création de Sonatrach, l’entreprise pétrolière et gazière nationale. Le peuple en a ras le bol de ce régime. Le ciment entre des émeutes éparses viendra des jeunes. Et, s’il y a un ciment commun, alors les choses iront très vite. »

C’est à un tel front commun que réfléchit le comité des chômeurs. Il a appelé le 1er Mai à un rassemblement de « tous les secteurs en lutte », une initiative unitaire qui doit servir de test. « On est dans la même tranchée, il faut donc s’unir », justifie Samir Larabi. « Mais les gens ont tellement vécu le pluralisme politique comme un échec qu’ils ne croient pas à des solutions collectives », déplore-t-il. « Les séquelles sont là, confirme Mustapha Bouchachi. Les Algériens sont réticents à descendre dans la rue, à lancer une révolution comme dans d’autres pays arabes. Ils veulent un changement mais ont peur de conséquences leur rappelant la guerre civile. » De fait, la société algérienne reste très atomisée. « Créer des interconnexions entre tous les foyers de révolte pour en finir avec ce régime et instaurer une véritable démocratie prendra beaucoup de temps », confie un jeune cadre d’entreprise et membre du MJIC, Abdou Bendjoudi.
Réformes en demi-teinte

Le pouvoir algérien tente, lui, de trouver la parade. Le président Bouteflika a annoncé le 15 avril une réforme de la Constitution ainsi qu’une révision de la loi électorale, de la loi sur les partis et du Code de l’information. Sans convaincre. « C’est du bricolage politique », affirme un opposant. « Le problème, ce n’est pas la Constitution, c’est son application ! », tonne un autre. Reste que « changer de système », comme le réclament étudiants, chômeurs, salariés, mais aussi des chefs d’entreprise, ne sera pas chose aisée. « La force du pouvoir est d’être diffus, commente un journaliste algérien. Il ne se résume pas à Bouteflika et des généraux. Il y a aussi de gros réseaux politiques, économiques ou historiques, qui seront très difficiles à faire tomber. Cela dit, la disparition du président pourrait amener certains cercles du pouvoir à accepter plus d’ouverture. » Un autre observateur pense que si l’armée n’apparaît pas susceptible de déclencher le changement, elle pourrait néanmoins l’accompagner. Une armée « dirigée par des septuagénaires qui ont fait la guerre de libération, et sont aujourd’hui en conflit générationnel avec de jeunes officiers ». « Ce qui peut se produire, poursuit-il, c’est un mouvement venant de l’intérieur du régime poussé par des réformistes tolérés par l’armée, et qui décapite l’ancienne génération. »

Beaucoup s’accordent toutefois à penser que ce changement prendra du temps. Et, dans ce pays mordu de football, on dit que l’Algérie « jouera la finale ». Mais après la chute de tous les autres pays arabes..."

Messages

  • Boulangers, Sonatrach de Hassi R’mel, Hyundai Motor Algérie, communaux, fonctionnaires de justice, employés de la Direction du logement et de l’équipement ainsi que ceux de la Direction de l’urbanisme et de la construction, manifestation d’étudiants, grève aussi en Ligue un et ligue deux, grève des postiers, mouvement de colère des retraités, grève de la fonction publique, grève des journalistes, grève des enseignants du secondaire et technique !!! Il ne manque qu’un programme de classe général à toute la classe ouvrière pour que celle-ci joue son véritable rôle : proposer un avenir à toute la société....

  • Les travailleurs de l’institut Pasteur d’Algérie (IPA) ont entamé, depuis hier, une grève illimitée. Cette action, à laquelle a appelé la section syndicale de l’établissement, après concertation avec le comité de participation, est venue suite aux deux derniers sit-in tenus successivement fin février et début mars derniers, et dont les revendications sont restées lettre morte. À en croire les déclarations des syndicalistes, la grève a été suivie, hier, à son premier jour, à “plus de 50%”. Les protestataires revendiquent, notamment, l’augmentation de leurs salaires, conformément à la grille des salaires adoptée par le gouvernement en 2008. Pour ce faire, ils réclament l’installation des différentes commissions paritaires, “bloquées”, selon eux, par l’actuelle administration dont la gestion est fortement décriée. Selon les syndicalistes, la direction s’oppose à l’augmentation des salaires sous prétexte que l’établissement est en déficit budgétaire. À signaler que la production de l’IPA est à l’arrêt depuis l’arrivée du nouveau staff dirigeant, à sa tête le directeur général de l’institut, officiellement installé le 2 janvier 2010.
    Ce dernier est accusé d’avoir procédé à une “purge discriminatoire” dans les rangs des travailleurs en désignant des responsables de “son entourage”. D’où la revendication des protestataires d’appliquer le principe d’équité entre tous les travailleurs et de mettre ainsi fin à la politique de deux poids, deux mesures. les syndicalistes ne cachent pas leur détermination à aller jusqu’au bout de leur requête en poursuivant leur action jusqu’à l’aboutissement de toutes les revendications des travailleurs.

  • Le conseil du Syndicat national du personnel navigant commercial algérien (SNPCA) a lancé hier un préavis de grève illimitée à compter du 15 juin. Leurs revendications concernent « l’amélioration des conditions socioprofessionnelles, le non-respect de l’accord collectif sur le régime de travail, signé par les deux partenaires et l’appel à la négociation salariale, après le rejet de l’accord de 2003 ». Contacté, le président de ce syndicat autonome, M. Hamamouche, explique que la décision pour une grève illimitée a été prise à l’issue de l’assemblée générale des travailleurs, lundi dernier, à l’hôtel de l’aéroport et qui a regroupé, « plus de 200 personnes ». Pour lui, le personnel navigant « ne peut plus continuer à travailler dans des conditions aussi humiliantes que celles qui prévalent au niveau des aéroports. Les quatre heures d’astreinte que nous sommes obligés de passer à l’aéroport sont un vrai calvaire ».

  • La grève illimitée se poursuit à Algérie Poste

    Déphasage entre les travailleurs et les syndicalistes

    Les travailleurs attendent le virement des rappels et des augmentations le 24 du mois courant.

    Les responsables déclarent à la télévision que tout va bien. Sur le terrain, c’est toute l’Algérie qui est en grève », tel est le constat fait par un citoyen venu s’enquérir de sa réclamation adressée il y a deux mois à la Grande-Poste. Hélas, les travailleurs d’Algérie Poste sont toujours en grève. Personne ne peut lui fournir une quelconque explication. Le citoyen se met en colère. Mais son mécontentement n’a pas changé l’atmosphère qui règne à l’intérieur de cet édifice. « Chacun à ses raisons. Si vous n’êtes pas content, profitez de la présence de la presse pour exposer vos problèmes », répond un gréviste à l’homme dépité. Cet universitaire critique violemment la gestion de la politique salariale, avertissant des conséquences fâcheuses des augmentations démesurées des salaires. « Des augmentations de 50 à 70% ! C’est l’avenir des futures générations qui est compromis », met-il en garde. Les postiers contestent cette analyse, estimant que la demande d’augmentation du salaire est un droit.

    « De toute façon, si vous n’aurez pas une augmentation en cette période, vous ne l’aurez jamais dans votre vie », assure ce citoyen qui sort tout de même sans pouvoir régler son problème. Ce genre de querelle n’est pas un cas isolé. Des échanges parfois violents entre les grévistes et les citoyens se multiplient tout au long de la journée. Si le retrait d’argent reste possible grâce aux distributeurs automatiques, les autres services sont totalement à l’arrêt. « Afin de minimiser l’impact de la grève et éviter la pagaille, des responsables, notamment des directeurs d’agence et des receveurs, ont remplacé les agents préposés aux guichets qui sont en grève », assure un gréviste, rencontré au niveau du bureau postal de la Grande-Poste.
    « Algérie Poste sans syndicat et sans fédération », lit-on sur une affiche collée sur la façade de la Grande-Poste. Les travailleurs, rencontrés sur place, manifestent tous leur rejet pour les représentants de leurs syndicats.

    « Algérie Poste sans syndicat et sans fédération »

    Certains sont allés jusqu’à les accuser de trahison. Même son de cloche au centre d’Algérie Poste de Meissonier. Les travailleurs se démarquent du syndicat affilié à l’UGTA. « Nous n’avons pas un syndicat autonome qui puisse défendre nos droits », regrette un employé de ce centre. Interrogé sur les raisons qui ont empêché la création de ce syndicat, cet agent qualifie la situation de « floue ». « Ceux qui profitent de la situation actuelle s’opposent au projet », explique son collègue. L’idée du syndicat autonome n’est pas soutenue par les travailleurs de la Grande-Poste. Pour clarifier cette situation, nous avons contacté vainement le secrétaire général de la fédération des travailleurs d’Algérie Poste.
    Un membre de la section syndicale de la Grande-Poste qui a refusé de révéler son nom, fait incursion, mettant fin à la discussion des travailleurs. « Personne ne peut parler au nom des travailleurs. Il n’y a que moi qui représente les travailleurs de la Grande-Poste », menace-t-il en vociférant. Questionné au sujet de la grève qui gèle le secteur depuis le 28 mai, ce « syndicaliste » refuse tout commentaire. Il n’est venu en réalité que pour discréditer les propos d’un gréviste du Centre national des chèques postaux (CNCP), rencontré à la Grande- Poste.

    Syndicaliste anonyme

    Etrangement, ce syndicaliste s’est attaqué aux déclarations auxquelles il n’a pas assisté. Est-il au courant du contenu des propos de ce travailleur du CNCP qui accuse les syndicalistes de trahison ? Si c’est le cas, comment le sait-il ? Ces questions demeurent sans réponse dans la mesure où le membre de la section qui s’est emporté, refuse de répondre à nos questions. « Ce travailleur des chèques postaux n’est pas notre collègue. Si vous voulez que je vous donne mon nom, accordez-moi une interview », exige-t-il. En l’absence des représentants des travailleurs, les agents de la poste de Meissonier estiment que c’est le ras-le-bol qui a poussé les travailleurs à cette action radicale. « C’est l’indifférence des responsables et les promesses non tenues qui nous ont emmené à une grève illimitée », précisent les grévistes. Ils exigent l’application de la convention collective de 2003 en ce qui concerne l’augmentation des salaires et les versements des rappels. Ils attendent le 24 juin avec impatience, date fixée par la tutelle pour la concrétisation de ces promesses. Concrètement, les travailleurs qui n’ont plus confiance aux communiqués, exigent le virement des rappels et des augmentations. Mais, le 24 juin, ce sera malheureusement un vendredi, premier jour du repos hebdomadaire.

  • Bastonnade, ponctions sur salaires, poursuites judiciaires, déclarations méprisantes, mais le mouvement de contestation des médecins résidents en grève illimitée, depuis déjà 3 mois, ne s’essouffle pas pour autant.

    Un sit-in national est d’ailleurs prévu demain à Oran pour afficher la détermination sans faille qui continue d’animer ces jeunes médecins. Après le refus catégorique d’abrogation du service civil formulé par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, il y a quelques jours, qui a d’ailleurs mené à une violente répression jeudi dernier, la tension continue de monter dans les différents hôpitaux du pays.

    Les chefs de service font circuler des notes ministérielles visant à pénaliser les grévistes pendant que les malades vont et viennent cherchant désespérément une prise en charge de qualité qu’ils ne trouvent pas. Une problématique que la grève accentue, mais qui remonte à plus loin dans le temps. « Cette situation est regrettable et c’est justement pour améliorer notre système de santé qu’on milite aujourd’hui », précise Dr Yelles, délégué de l’hôpital Mustapha. Et d’ajouter : « On continue chaque jour d’avoir des échos de médecins assistants en plein service civil qui souffrent de conditions de travail déplorables. »
    Le service civil est la principale revendication des médecins résidents dont ils ne parlent qu’en mettant en avant un échec cuisant dans ses objectifs d’assurer une couverture sanitaire complète à travers le pays. Mais ce n’est pas là le seul problème évoqué. Les modalités d’accomplissement de ce service civil montrent bien des failles.

    Un service civil, sans logement et sans salaire

    La polémique actuelle sur le service civil délie les langues. Plusieurs médecins spécialistes qui accomplissent leur service civil dans différentes régions du pays se plaignent depuis quelques jours de n’avoir pas été rémunérés depuis des mois. C’est le cas notamment de plusieurs spécialistes affectés en 2010 à la wilaya de Skikda pour effectuer leur service civil et qui n’ont toujours pas eu droit à un logement de fonction et qui travaillent sans être rémunérés depuis 8 mois.

  • La tension est montée d’un cran ce mardi 25 avril à Alger entre les forces de l’ordre et des médecins résidents algériens en grève depuis cinq mois. Ils participaient à une manifestation surprise contre le nouveau projet de loi de santé, à l’appel du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra).

    Mohamed Taileb, porte-parole du Camra, raconte la violence de la répression policière.

    « Cette marche a été fortement réprimée. Il y a eu des arrestations massives : plus de 250 médecins résidents ont été arrêtés, sans aucun motif avec une grande violence. Il y a eu même des blessés très graves durant cette manifestation. Ils ont été relâchés après plus de quatre à cinq heures de détention. Ils ont été emmenés avec force dans des fourgons, dans des bus, très loin de la capitale, isolés. D’ici le 29 avril, il y aura un arrêt total des gardes et ça pourrait même partir vers la démission collective », a-t-il expliqué.

    Le 12 février dernier, une manifestation avait déjà eu lieu dans le centre de la capitale algérienne. Malgré le dispositif policier important, ils avaient réussi à marcher jusqu’à l’Assemblée populaire nationale, où ils avaient été reçus par le président du Parlement. Ils dénonçaient l’inefficacité des négociations avec le ministère de la Santé.

  • Les médecins résidents d’Algérie ont finalement choisi de poursuivre leur mouvement de contestation, n’ayant aucune réponse d’ouverture du gouvernement. Selon Sofiane Benseba, porte-parole du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), une action régionale pacifique aura lieu mercredi 6 juin à Tizi Ouzou en Kabylie et deux autres actions locales sont programmées cette semaine à l’Ouest et l’Est du pays (Sidi Bel Abbès et Annaba). La décision de reprendre les marches a été prise dimanche 3 juin lors d’une réunion de tous les délégués du Camra. Leur objectif est de forcer le gouvernement à répondre et à trouver des solutions mais aussi afin de « réitérer encore notre détermination inébranlable à mener notre combat jusqu’à l’obtention de nos revendications, et arracher notre dignité tant bafouée », écrit le Camra dans un communiqué publié au lendemain de la décision.

    Les médecins résidents en grève depuis mi-novembre avaient décidé de reprendre l’activité de garde le 3 juin, sous condition de négociations. « La reprise des gardes [était] conditionnée par l’ouverture du dialogue avant le dimanche 3 juin », affirme à Jeune Afrique Hamza Boutaleb, porte-parole du Camra. Mais ces négociations n’ont pas eu lieu, selon lui. « Nous avons envie de trouver des solutions à cette crise mais la tutelle maintient le silence. Depuis le mois d’avril nous n’avons reçu aucune invitation de leur part, ni en informel ni en officiel », souligne le Dr Benseba.

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