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La colère des jeunes chômeurs des régions du Sud algérien

mardi 30 avril 2013

La colère des jeunes chômeurs des régions du Sud algérien

Ouargla, d’abord, Laghouat, El Oued, plusieurs villes du Sud algérien où se trouvent les gisements d’hydrocarbures, sont le théâtre d’imposantes manifestations de chômeurs.

Ce 14 mars, l’Algérie attendait avec anxiété la marche du «  million de chômeurs  », venant de plusieurs villes du Sud algérien, devant se dérouler le même jour à Ouargla, capitale de la région qui abrite la zone pétrolière de Hassi Messaoud, et ce à l’appel de la Coordination nationale de défense des droits des chômeurs (CNDDC). Sur instruction du nouveau premier ministre Abdelmalek Sellal, que d’aucuns qualifient d’«  homme de dialogue  », la manifestation tant redoutée n’a pas été interdite. Les forces de police, présentes autour de la place centrale de la ville, baptisée par les initiateurs de ce rassemblement «  place Tahrir  », sont restées discrètes.

Certes, il n’y a pas eu un «  million  » de manifestants. Mais la CNDDC a gagné son pari : elle a réussi à organiser la première manifestation d’envergure et sans incidents des chômeurs du Sud algérien, avec pour mots d’ordre du travail et des projets de développement pour des régions socio-économiquement délaissées alors qu’elles sont riches en ressources minières ! Et ce en dépit des pressions et d’une intense propagande de certains cercles politico-médiatiques accusant la CNDDC d’être manipulée par des «  forces étrangères  » en se fondant sur des informations, difficilement vérifiables, selon lesquelles, via la mouvance salafiste, certaines chancelleries des pays du Golfe auraient tenté d’instrumentaliser cette colère à des fins séparatistes, voire de sécession. Et le fait que la chaîne qatarie Al Djazira a cru y voir le début d’un «  printemps algérien  » a fini par accréditer cette thèse de la manipulation !

Une certitude, les jeunes du Sud ne sont pas tombés dans le piège de l’instrumentalisation, sans doute souhaitée par certains pays du Golfe. Pas dupe, la CNDDC a répondu à sa manière en exhibant ce 14 mars l’emblème national et en n’avançant que des revendications à caractère socio-économique. Ali Benhadj, l’ex-dirigeant du Front islamique du salut (FIS), qui a tenté de s’inviter, a été refoulé par les jeunes de Ouargla. Et, depuis ce 14 mars, il ne se passe pas une semaine sans que la CNDDC n’organise une action dans une ville du Sud algérien : la dernière en date a eu lieu le 13 avril à Ghardaïa (600 km au sud d’Alger).

Toujours est-il que l’alerte est sérieuse. Les autorités politiques sont mises en demeure de répondre aux aspirations exprimées par cette jeunesse en colère. Dans l’urgence, le premier ministre algérien a tenté d’éteindre l’incendie, ordonnant l’emploi en priorité des jeunes du Sud quand ils justifient de compétences équivalentes à celles de ceux originaires du nord du pays, et ce dans l’attente d’un programme de développement visant à atténuer un chômage touchant deux jeunes sur trois.

Une chose est sûre, ce qui se passe dans le Sud illustre l’échec de quatorze années de pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika et des gouvernements s’étant succédé depuis 1999, mais surtout l’abandon – elle avait le mérite d’exister – de la politique d’équilibre régional mise en place dans les années 1970 et remise en cause sur injonction du FMI quand ce dernier avait imposé à l’Algérie pour 1995-1998 un plan d’ajustement structurel, lequel s’était traduit – rappelons-le – par la fermeture de 1 010 entreprises publiques (dont des centaines dans le Sud algérien) et le licenciement de plus de 500 000 salariés. Qui plus est, dans ce climat explosif, les affaires de corruption de Sonatrach ne pouvaient qu’amplifier la colère sociale. «  Ils ont vendu le Sahara pour le dollar  », scandaient les chômeurs en écho lors des manifestations s’étant déroulées entre le 14 mars et le 14 avril à Laghouat, El Oued et plusieurs villes du Sud algérien ! - L’Humanité -

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